Les États-Unis vont octroyer 38 milliards de dollars d'aide militaire à
Israël sur dix ans, une nouvelle assistance record malgré les fortes
tensions entre les alliés à propos de l'Iran et du processus de paix
avec les Palestiniens.
Ce protocole d'accord rendu public mardi "constitue le plus important
engagement d'assistance militaire bilatérale dans l'histoire des
Etats-Unis", a souligné le département d'État dans un bref communiqué
annonçant une cérémonie de signature formelle, mercredi, au ministère
américain des Affaires étrangères.
Washington n'a pas voulu confirmer le montant de l'assistance pour les
années 2019-2028, mais un responsable israélien a confirmé le chiffre de
38 milliards de dollars sur dix ans évoqué par la presse. L'accord
actuel expire en 2018 et octroie 30 milliards de dollars sur dix ans.
Le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu
réclamait une augmentation considérable de l'enveloppe, la presse
israélienne citant même cinq milliards de dollars chaque année pendant
dix ans, au lieu des quelque trois milliards actuellement.
M. Netanyahu avait dit en vouloir davantage compte tenu de l'entrée en
vigueur en janvier de l'accord international sur le nucléaire iranien
signé le 14 juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes
puissances.
Ce texte, qui doit garantir la nature pacifique du programme nucléaire
iranien, implique la levée de sanctions internationales contre la
République islamique et donc des dizaines de milliards de dollars
réinjectés dans l'économie iranienne, synonyme selon Netanyahu de
menace accrue pour Israël.
Si l'objectif principal affiché de l'accord sur le nucléaire est
d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, les États-Unis
espèrent aussi que Téhéran revienne progressivement dans le concert des
nations, notamment pour tenter de stabiliser les conflits au
Moyen-Orient.
Voulu par le président Barack Obama, ce règlement historique sur le
nucléaire iranien a été interprété comme une amorce de dégel entre
Washington et Téhéran, dont les relations diplomatiques sont rompues
depuis 1980. Un rapprochement au grand dam des alliés historiques de
l'Amérique, Israël et l'Arabie saoudite.
De fait, les discussions américano-israéliennes sur l'aide militaire se
sont tenues dans un climat de rare défiance qui caractérise les
relations entre l'administration Obama et le gouvernement Netanyahu
depuis des années.
Le coup de froid, qui avait commencé en 2012, a culminé en 2015 dans la
dernière ligne droite des négociations avec l'Iran. La Maison Blanche
avait considéré que l'intervention solennelle en mars 2015 devant le
Congrès américain du Premier ministre israélien, qui avait démonté
l'accord en discussions, était une ingérence sans précédent dans les
affaires des États-Unis.
Netanyahu, détracteur farouche d'un tel compromis avec l'ennemi
iranien d'Israël, avait dans un premier temps décidé de ne pas engager
de tractations avec Washington pour renouveler l'aide militaire tant que
la question de l'accord sur le nucléaire iranien ne serait pas
tranchée.
L'administration américaine démocrate, critiquée par les républicains au
Congrès, a toujours insisté sur le fait qu'au-delà des différends,
Israël n'avait jamais bénéficié d'un soutien plus solide que sous Barack
Obama. La Maison Blanche rappelant régulièrement qu'Israël est un allié
indéfectible de l'Amérique et son premier récipiendaire en termes
d'assistance militaire.
Une fois le texte avec l'Iran signé et appliqué, Netanyahu a voulu
montrer que la page était tournée. La presse israélienne l'avait
toutefois soupçonné d'attendre l'entrée en fonctions le 20 janvier 2017
du prochain président américain pour obtenir une aide militaire encore
plus généreuse.
L'un de ses prédécesseurs, Ehud Barak, avait même accusé Netanyahu de
"jouer" avec la sécurité d'Israël. "Au lieu de recevoir 4,5 milliards
de dollars comme on le pensait et comme cela aurait été possible il y a
un an (...), Israël va recevoir 3,8 milliards", avait-il déploré en
août.
Et les dissensions entre les deux alliés se sont poursuivies durant
leurs négociations: le ministère israélien de la Défense, dirigé par
l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, avait comparé en août l'accord
avec l'Iran avec celui l'accord de Munich de 1938, symbole historique de
la capitulation diplomatique des démocraties européennes face à
l'Allemagne nazie.
En outre, les États-Unis et Israël étalent dorénavant leurs profondes
divergences sur le conflit israélo-palestinien, pour laquelle la
dernière médiation du secrétaire d'État John Kerry a échoué au printemps
2014.
Washington dénonce systématiquement la poursuite de la colonisation
israélienne dans les Territoires palestiniens, comme un obstacle à toute
solution à deux États et à la relance du processus de paix.
(14-09-2016 )
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire