Un soldat israélien tente d'empêcher une femme palestinienne d'accéder à une scène d'attaque au couteau (Afp)
Trois assaillants palestiniens ont été tués, ce vendredi 16 septembre,
en commettant ce que les forces israéliennes qualifient d'attaques
anti-israéliennes. Celles-ci ont fait quatre blessés, soulignant la
persistance des violences malgré une récente accalmie.
Les tensions qui secouent les Territoires palestiniens, Jérusalem et
Israël depuis près d'un an continuent d'alarmer la communauté
internationale, qui s'émeut de l'absence de perspectives de paix, un
objectif dont « nous sommes malheureusement plus éloignés que jamais »,
selon le patron de l'ONU Ban Ki-moon. En pleine période de congé
musulman de l'Aïd al-Adha, les trois attentats ont confirmé que la
crispation était tout sauf dissipée.
Ce vendredi, Saeed Amro s'est jeté en criant « Dieu est le plus grand »
avec trois couteaux en mains sur une policière qui l'a tué près de la
Vieille Ville à Jérusalem-Est. Cette partie palestinienne de Jérusalem
est occupée depuis 1967 et aujourd'hui annexée par Israël. L'homme de 28
ans a d'abord été décrit comme un Palestinien, puis détenteur d'un
passeport jordanien, mais beaucoup de Palestiniens en sont titulaires.
Presque simultanément, un Palestinien a été tué après avoir commis une
attaque à la voiture bélier et fait trois blessés légers parmi un groupe
de civils attendant un bus près de la colonie israélienne de Kyriat
Arba en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis presque 50 ans.
Le conducteur a été identifié par les autorités palestiniennes comme
Firas Khadour. À bord, une Palestinienne, identifiée comme Raghad
Khadour, a été gravement blessée par balle à l'estomac, a indiqué
l'hôpital israélien où elle a été admise.
Enfin, un autre Palestinien a été tué par les forces israéliennes après
avoir blessé un soldat à l'arme blanche à Hébron, dans le sud de la
Cisjordanie occupée.
Alors que l'ancien président israélien Shimon Peres est toujours
hospitalisé en Israël dans un état très grave, Ban Ki-moon s'inquiétait
jeudi soir à New York de la postérité des accords d'Oslo, dont Shimon
Peres avait été l'un des grands artisans et qui devaient conduire à la
paix. Le secrétaire général de l'ONU a également jugé « scandaleux » des
propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui affirmait
récemment que les Palestiniens voudraient vider la Cisjordanie de tous
les juifs dans leur futur État, assimilant cela à un futur « nettoyage
ethnique ».
Ban Ki-moon a souligné que, depuis 1967, 500 000 colons s'étaient
installés dans les Territoires palestiniens alors que « la colonisation
est illégale au regard de la loi internationale ». La communauté
internationale « considère universellement l'expansion des colonies
comme un obstacle à la paix », ce qu'Israël conteste. Outre la
colonisation et l'occupation israélienne, Ban Ki-moon a aussi évoqué les
violences anti-israéliennes et les « méprisables » encouragements à la
haine de la part des partis palestiniens. Selon lui, la Bande de Gaza
est une « bombe à retardement » où le risque d'escalade est «
omniprésent ». « La solution à deux États (un israélien et un
palestinien) risque d'être remplacé par une réalité à un seul État
(israélien) en proie à une violence perpétuelle et à l'occupation »,
a-t-il averti.
Les lieux des trois attaques de vendredi – Hébron, les abords de Kyriat
Arba et la porte de Damas à Jérusalem-Est – ont été le théâtre d'une
multitude d'agressions au cours des derniers mois. Depuis octobre 2015,
une dizaine de Palestiniens ont été abattus porte de Damas, principale
entrée de la Vieille Ville du côté de Jérusalem-Est, en menant des
attaques anti-israéliennes. Plusieurs Israéliens y ont aussi été tués
dans des attaques.
La colonie de Kyriat Arba, elle, jouxte Hébron, où 500 colons israéliens
vivent retranchés sous haute protection de l'armée au milieu de 200 000
Palestiniens. Hébron et ses alentours sont l'un des centres de gravité
des violences qui ont coûté la vie à 227 Palestiniens, 34 Israéliens, 2
Américains, 1 Érythréen et 1 Soudanais depuis le 1er octobre 2015, selon
un décompte de l'Agence France-Presse.
La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés
d'attaques, pour beaucoup commises au couteau ou à la voiture bélier.
Pour les analystes, les attaques palestiniennes résultent des vexations
de l'occupation, de l'absence de toute perspective proche
d'indépendance, des frustrations économiques et des dissensions
interpalestiniennes. De son côté, Israël accuse les autorités
palestiniennes d'attiser la haine.
(16-09-2016)
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