Mahmoud Abbas a-t-il été une taupe pour le compte du KGB ? C'est en tout
cas ce que soutiennent, documents à l'appui, Gideon Remez et Isabella
Ginor, deux chercheurs israéliens de l'institut Truman de l'université
hébraïque de Jérusalem. La thèse du passé double de l'actuel président
de l'Autorité palestinienne, alimentée depuis quelques mois, a été
rendue publique, mercredi 7 septembre, par la chaîne de télévision
locale, Channel 1.
Le couple de chercheurs spécialisés dans l'étude des relations entre
l'URSS et le Proche-Orient a mis la main sur les « documents Vassili
Mitrokhine », conservés secrètement par le contre-espionnage britannique
(MI5), et baptisés ainsi d'après le nom d'un ancien agent russe et
archivisite du KGB, mort en 2004, ayant fait défection aux
renseignements soviétiques en 1992. Parmi ces précieuses archives, dont
une partie a été publiée dans un livre, se trouve une liste de tous les
contacts du KGB dans les années 1980, longue de 120 pages, écrite par
Mitrokhine lui-même, qui n'avait pas encore été exploitée et sur
laquelle Gideon Remez et Isabella Ginor affirment être tombés
fortuitement. « Ce fut une surprise, nous cherchions autre chose dans
les archives Mitrokhine », ont-ils déclaré au journal Le Monde.
Dans ces notes, un nom interpelle Remez et Ginor : « Krotov ».
Signifiant « taupe » en Russe, ce qui s'apparente vraisemblablement à un
pseudonyme de couverture auquel est accolé le nom de Mahmoud Abbas
désigne un agent en poste à Damas au début des années 1980. Mais
impossible de dater son enrôlement présumé, estiment les chercheurs.
L'ancien ministre de Yasser Arafat, réfugié en Syrie à 13 ans, a
effectué sa scolarité dans la capitale syrienne avant de poursuivre des
études d'Histoire à Moscou, où il rédige une thèse pour le moins
controversée sur une prétendue « relation secrète entre les nazis et les
dirigeants du Mouvement sioniste ». Par la suite, Abbas devient membre
du comité exécutif de l'Organisation pour la libération de la Palestine
(OLP), la période où Remez et Ginor pensent qu'il a œuvré en tant
qu'agent du KGB. À ce moment, l'OLP entretenait des relations étroites
avec l'URSS, de l'aveu même d'une des figures du Fatah, Hussein
al-Sheikh. « Au début des années 19, l'OLP était tellement proche des
Soviétiques que ceux-ci n'avaient pas besoin d'espions dans nos rangs
pour savoir ce qui s'y passait », déclare-t-il à Libération. Avant de
nuancer : « En supposant que ce que l'on raconte sur lui soit vrai,
qu'est-ce que cela peut faire après tout ce temps ? »
Un autre point préoccupe le binôme de chercheurs : le représentant
spécial de Vladimir Poutine au Proche-Orient depuis 2012, Mikhaïl
Bogdanov, qui s'évertue actuellement à réunir Benjamin Netanyahou et
Mahmoud Abbas à Moscou afin de relancer le processus de paix, œuvrait
comme ambassadeur soviétique à Damas en 1983 et aurait été l'officier
traitant de « Krotov ». Les médias israéliens évoquent cela « comme une
singulière coïncidence », qui laisse incrédule Nabil Abou Roudeina. «
Les informations de la télévision israélienne font partie des absurdités
auxquelles nous sommes habitués de la part des Israéliens », a déclaré à
l'AFP le porte-parole de la présidence palestinienne.
(09-09-2016
- Emmanuel Ammar)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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