Haras dans le Val-d'Oise, immeubles à Paris, bureaux à Lyon: la justice a
saisi plusieurs biens de Rifaat al-Assad, oncle de l'actuel président
de Syrie, soupçonné d'avoir bâti sa fortune en France grâce à des
détournements de fonds publics, a appris l'AFP vendredi de source proche
du dossier.
Frère de l'ancien président syrien Hafez al-Assad, qui l'avait écarté du
pouvoir dans les années 1980, Rifaat al-Assad, 78 ans, a été mis en
examen le 9 juin pour recel de détournement de fonds publics et
blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée. L'enquête
avait été ouverte après une plainte de l'association Sherpa, partie
civile dans plusieurs dossiers de "biens mal acquis".
Les enquêteurs ont évalué à environ 90 millions d'euros le patrimoine
détenu en France par cet ancien vice-président de Syrie et sa famille,
au travers de sociétés, dont certaines installées au Luxembourg.
Le 8 juillet, le juge Renaud van Ruymbeke a ordonné la saisie d'une
longue liste de biens: le haras Saint-Jacques à Taverny (Val-d'Oise),
évalué à 7 millions d'euros, deux hôtels particuliers, avenue de
Lamballe et avenue Foch à Paris, plusieurs autres biens immobiliers
situés dans le XVe et XVIe arrondissements et un ensemble de bureaux à
Lyon, estimés à 12,3 millions d'euros, a indiqué la source proche du
dossier à l'AFP.
Aux yeux du juge, les saisies sont nécessaires pour éviter que les biens
ne soient vendus, privant la possibilité de les confisquer en cas de
condamnation, a expliqué la source.
L'avocat de Rifaat al-Assad, Me Benjamin Grundler, n'a pas souhaité
faire de déclaration, précisant toutefois qu'il avait contesté
l'ensemble des saisies devant la chambre de l'instruction.
"Ce dossier est assez exceptionnel. La preuve est faite que la justice
peut, des années après, établir la preuve d'un détournement d'argent
public syrien massif et, partant, du financement illicite des
acquisitions", s'est félicité le président de Sherpa, l'avocat William
Bourdon.
Entendu une première fois en 2015, Rifaat al-Assad avait répondu que les
fonds venaient du prince héritier et futur roi Abdallah d'Arabie Saoudite dans les années 80. Mais aux yeux du juge, il n'a fourni qu'un
justificatif pour un don de dix millions de dollars en 1984, loin du
niveau du patrimoine actuel.
L'enquête s'appuie sur le témoignage d'un ancien ministre des Affaires
étrangères, Abdel Halim Khaddam, lui aussi résidant en France. D'après
lui, Hafez al-Assad avait fait verser à son frère quelque 300 millions
de dollars en 1984 pour s'en débarrasser, dont 200 venaient des frais de
la présidence et 100 d'un prêt libyen.
De "fausses accusations" aux yeux des avocats de Rifaat al-Assad, qui
"émanent exclusivement des opposants politiques historiques" de leur
client, avaient-ils rétorqué lors de l'annonce de sa mise en examen.
"L'origine du patrimoine immobilier" de Rifaat al-Assad est
"parfaitement légale et transparente", avaient-ils insisté.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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