L'ONU espère profiter de la trêve pour distribuer vendredi de l'aide
humanitaire dans la ville syrienne d'Alep ravagée par la guerre alors
que l'impatience croît chez les 250 000 habitants des quartiers rebelles
assiégés, qui manquent de tout. Une vingtaine de camions remplis de
nourriture et de médicaments sont dans une « zone tampon » entre Turquie
et Syrie, « prêts à prendre la route immédiatement » pour rejoindre
Alep, deuxième ville du pays, selon un responsable de l'ONU, Jan
Egeland. Concrètement, les Nations unies attendent la démilitarisation
d'une route clé, celle dite du Castello, pour acheminer de l'aide dans
les quartiers rebelles dans l'est d'Alep, principal front du conflit,
comme le précise l'accord américano-russe sur la trêve. Mais, jeudi,
l'armée du régime se trouvait toujours sur cette route, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Le chef du Centre russe de coordination en Syrie, le général Vladimir
Savtchenko, a toutefois affirmé jeudi en fin de journée que l'armée
avait commencé à se retirer et que ce retrait allait permettre
l'acheminement de l'aide. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie,
Staffan de Mistura, a appelé le régime de Bashar el-Assad à donner sa «
permission finale » au passage des convois. « C'est particulièrement
regrettable, nous perdons du temps. La Russie est d'accord avec nous sur
ce point », a-t-il dit. Une quarantaine de camions remplis d'aide sont
destinés à rejoindre les secteurs rebelles d'Alep, selon l'ONU. « Dès
que nous aurons le feu vert, nous enverrons 20 camions, puis 20 autres
le jour suivant », a dit David Swanson, un porte-parole de l'agence
onusienne Ocha, à Gaziantep en Turquie. Le voyage devrait prendre entre
quatre et cinq heures en raison de l'état des routes dans cette zone de
combats.
Washington et Moscou, qui parrainent respectivement les rebelles modérés
et le régime, sont les maîtres d'œuvre de la trêve qui tient depuis
lundi et a permis une forte réduction des violences sur les fronts. Le
président américain Barack Obama réunira vendredi son équipe de sécurité
nationale, dont le secrétaire d'État, John Kerry, et le secrétaire à la
Défense, Ashton Carter, pour faire le point sur cet accord
américano-russe. Les responsables américains estiment que le
cessez-le-feu en gros est respecté, même si la cessation des hostilités
n'est pas « parfaite », selon les mots du porte-parole du département
d'État, Mark Toner.
« À quoi sert le prolongement de la trêve si nous restons assiégés ? » a
lancé Abou Ibrahim, dans le secteur rebelle qui n'a pas reçu d'aide
internationale depuis le 7 juillet. « Avant, nous mourions des
bombardements. Aujourd'hui, nous allons mourir de faim », se lamente
l'homme de 53 ans. « On ne veut pas juste l'arrêt des bombes. On veut
des légumes et du carburant », a déclaré à l'Agence France-Presse
Moustapha Morjane, du quartier rebelle de Zabdiyé à Alep. « Comment
cuisiner pour nos enfants si nous n'avons pas de carburant ? »
D'après l'OSDH, seul un enfant touché par un tireur embusqué a succombé à
ses blessures dans les quartiers gouvernementaux d'Alep. Il s'agit,
selon l'Observatoire, de la première victime dans les zones concernées
par la trêve depuis lundi. Deux frappes aériennes d'« avions inconnus »,
russes ou du régime de Damas, ont frappé Talbisseh, contrôlé par des
rebelles, dans la province de Homs (Centre), avance l'OSDH, estimant
qu'il s'agit des « premières frappes sur une zone où il n'y a pas de
djihadistes depuis le début de la trêve ». En revanche, à Mayadine (Est)
sous contrôle de Daesh, 23 civils ont péri dans des frappes aériennes,
affirme l'OSDH, les régions contrôlées par les groupes djihadistes Daesh et
Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) n'étant pas
concernées par la trêve.
Le secrétaire d'État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï
Lavrov se sont mis d'accord pour renouveler le cessez-le-feu jusqu'à
vendredi soir. Moscou a cependant accusé les États-Unis de ne pas
remplir leur part des engagements en ne faisant pas assez pression sur
les rebelles pour qu'ils prennent leurs distances avec les djihadistes,
principalement avec ceux du Front Fateh al-Cham. Les deux grandes
puissances tentent, à travers la cessation des hostilités, de favoriser
une reprise du processus de négociations pour mettre fin au conflit très
complexe qui a fait plus de 300 000 morts depuis mars 2011.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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