Israël et le Hamas se sont entendus pour un cessez-le-feu de 72
heures dans la Bande de Gaza, théâtre d’une offensive militaire
israélienne depuis le 8 juillet, a annoncé tôt vendredi le secrétaire
d’État américain John Kerry en déplacement à New Delhi. Selon John
Kerry, les deux parties cesseraient les hostilités à 8 heures locales (5
heures GMT) vendredi et des discussions commenceraient entre Israéliens
et Palestiniens au Caire. Un porte-parole du Hamas a confirmé
l’information.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a prévenu un peu
auparavant l’annonce de John Kerry que l’armée "finirait le travail"
dans la bande de Gaza, malgré les critiques de l’ONU sur les lourdes
pertes civiles palestiniennes et l’appel à un "cessez-le-feu humanitaire
immédiat et sans condition" et à des "pauses humanitaires" pour
secourir la population à Gaza. "Nous sommes déterminés à achever" la
destruction des tunnels utilisés par le Hamas pour porter des attaques
au coeur de l’État hébreu, "avec ou sans cessez-le-feu", a notamment
averti Benyamin Netanyahou après l’annonce de la mobilisation de 16 000
réservistes supplémentaires et de la livraison de munitions américaines.
"Nous n’accepterons donc aucune proposition qui ne permettrait pas à
l’armée israélienne de finir ce travail", a-t-il prévenu à l’ouverture
du conseil des ministres, quelques heures avant l’annonce de John Kerry.
Une mission qui est "une question de jours", a estimé le général
responsable du secteur de Gaza, Sami Turgeman. Avant tout cessez-le-feu,
le Hamas qui contrôle l’enclave palestinienne avait exigé un retrait
des troupes israéliennes du territoire, un arrêt des frappes et une
levée du blocus imposé par Israël depuis 2006. Après le secrétaire
général de l’ONU Ban Ki-moon, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de
l’homme Navi Pillay avait condamné les attaques touchant des maisons,
des écoles, des hôpitaux et des centres de réfugiés, qui "semblent être
un acte de défi délibéré vis-à-vis des obligations résultant du droit
international".
L’armée israélienne, qui accuse le Hamas de se servir des Gazaouis
comme "boucliers humains", a encore intensifié son offensive, entrant
plus profondément dans l’enclave palestinienne d’où les roquettes
continuent à être tirées sur Israël. Jeudi encore, une dizaine de
Palestiniens, dont deux femmes, ont péri dans les bombardements. Au
total, plus de 1 370 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des
civils, et quelque 7 700 blessés, ont indiqué les secours locaux. Plus
de 245 enfants figurent parmi les morts, selon l’Unicef.
La veille, dans cette étroite enclave où les 1,8 million d’habitants
ne sont nulle part à l’abri, près de 120 Palestiniens ont perdu la vie,
l’une des journées les plus meurtrières de cette guerre. Seize
Palestiniens ont été tués quand deux obus ont frappé de plein fouet une
école de l’ONU à Jabaliya (nord) où s’étaient abrités environ 3 000
Gazaouis. La chute d’au moins un obus sur un marché de Chajaya, une
banlieue de la ville de Gaza, a fauché, selon les secours locaux, 17
Palestiniens et blessé 150 autres pendant une "fenêtre humanitaire" qui
avait pourtant été décidée par Israël. Avec des scènes insoutenables de
corps mutilés, de morts, de sang.
L’agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a
clairement accusé l’armée israélienne d’être responsable du drame de son
école, déplorant la mort d’enfants "tués alors qu’ils dormaient à côté
de leurs parents sur le sol d’une salle de classe". L’armée israélienne a
émis l’hypothèse de tirs du Hamas. La Maison-Blanche a estimé jeudi
qu’il existait peu de doutes que le bombardement d’une école de l’ONU
dans la bande Gaza était le fait de l’armée israélienne, appelant une
nouvelle fois l’État hébreu à "faire plus" pour protéger les civils.
L’allié américain soupçonne également un tir israélien. "Si nous
sommes attachés à une enquête complète et rapide sur cet incident
tragique, il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de doutes sur l’origine
de l’artillerie en cause", a déclaré le porte-parole de la
Maison-Blanche Josh Earnest, jugeant "totalement inacceptable et
totalement indéfendable" de bombarder un bâtiment de l’ONU "qui
accueille des civils innocents qui fuient la violence". "Le secrétaire
général de l’ONU a indiqué que toutes les preuves tendaient à montrer
que l’artillerie israélienne était en cause. Nous n’avons aucun élément
contredisant [...] ce que dit l’ONU sur cet incident", a poursuivi le
porte-parole de l’exécutif américain. "C’est la raison pour laquelle
nous continuons de demander aux responsables militaires israéliens
d’être à la hauteur des exigences qu’ils se sont fixées pour la
protection des civils innocents."
Dans l’enclave de 360 km2, soumise à de violents bombardements depuis
le début (le 8 juillet) d’une offensive aérienne israélienne suivie
neuf jours plus tard d’une opération terrestre, la situation humanitaire
est dramatique. Le chef de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, pour qui "220
000 réfugiés dans 85 centres à Gaza, ce n’est pas tenable", a évoqué ses
"craintes d’apparition de maladies". Près d’un Gazaoui sur huit a dû
venir s’abriter dans un de ces centres, où les pénuries en eau et en
vivres se font durement ressentir. Le bilan humain de l’offensive
Bordure protectrice s’approche à grands pas de celui de l’opération
Plomb durci (2008-2009), le plus meurtrier pour les Palestiniens des
quatre principaux conflits entre Israël et le Hamas avec 1 442 morts.
Avec 56 morts, l’armée israélienne déplore son bilan le plus lourd
depuis la guerre contre le Hezbollah au Liban en 2006. Trois soldats ont
péri mercredi, selon l’armée, dans une ancienne clinique de l’UNRWA où
débouchait un tunnel qui avait été piégé. L’armée a indiqué avoir
détruit 32 de ces boyaux souvent reliés entre eux, les Israéliens
évoquant un "Gaza sous Gaza" d’où le Hamas dirige et mène la bataille.
Malgré l’intensification des opérations israéliennes, des roquettes
continuent d’être tirées sur Israël. Depuis le 8 juillet, plus de 2 800
ont été comptabilisées par l’armée, tuant trois civils, dont un ouvrier
agricole thaïlandais. Jusqu’à présent vaines, les démarches
diplomatiques ont repris. Une délégation israélienne est revenue du
Caire après une rencontre avec des responsables égyptiens, habituels
intermédiaires, et une délégation conjointe des principaux mouvements
palestiniens, dont le Hamas, pourrait suivre jeudi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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