L’Armée syrienne libre (ASL), en perte de vitesse face aux islamistes et
jihadistes après avoir été la principale force armée rebelle soutenue
par l’Occident, a subi un nouveau revers après la suspension par
Washington et Londres de leurs aides non létales.
Cet affaiblissement de la rébellion intervient au moment où les
préparatifs vont bon train pour réunir régime et opposition autour d’une
même table en janvier lors d’une conférence de paix internationale
censée trouver une issue à plus de deux ans et demi de conflit.
Des diplomates ont affirmé à l’AFP que la conférence, prévue
initialement à Genève, se tiendra finalement à Montreux, sur le lac
Léman.
L’annonce par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de la suspension de
leur aide non létale à la rébellion est survenue après que des
combattants islamistes se sont emparés d’un passage clé à la frontière
turque, des sièges de l’ASL ainsi que de ses dépôts d’armes.
Les tensions sont montées entre le Front islamique, créé en novembre par
la fusion de sept groupes islamistes, et l’ASL, la coalition rebelle
chapeautée par l’opposition en exil, bien que les deux camps luttent
pour la chute du régime de Bashar al-Assad.
Début décembre, le Front islamique avait annoncé quitter l’état-major de
l’ASL, affirmant qu’il ne le représentait plus, accentuant encore plus
le morcellement de la rébellion.
"Il est clair que l’état-major de l’ASL est de plus en plus faible et
qu’il a perdu du pouvoir", affirme Aron Lund, un expert sur la rébellion
syrienne basé en Suède, précisant que "l’ASL a perdu d’importants
groupes et de combattants avec la création du Front islamique".
Selon lui, la perte du passage clé de Bab al-Hawa, à la frontière
turque, signifie que le chef d’état-major de l’ASL, Sélim Idriss,
"pourrait ne plus entrer en Syrie".
Des informations de presse avaient indiqué mercredi que le général
Idriss avait fui le siège de l’ASL à Bab al-Hawa et se trouvait au
Qatar, avant d’être démenties par les rebelles.
"L’état-major réfute les mensonges diffusés sur le départ du général
Sélim Idriss vers un Etat du Golfe et assure qu’il est présent et
poursuit ses activités", a indiqué jeudi un communiqué de l’ASL.
Depuis que la révolte contre le régime, au départ pacifique, s’est
militarisée face à une féroce répression, déserteurs et civils ayant
pris les armes se sont regroupés sous l’ombrelle de l’ASL avant que des
groupes, notamment islamistes, ne commencent progressivement à agir de
manière indépendante.
La donne s’est compliquée davantage avec la montée en puissance de
groupes jihadistes qui, tout en combattant également le régime d’Assad,
se sont engagés dans des luttes et règlements de compte avec les autres
groupes rebelles. Le régime Assad affirme pour sa part combattre ce
qu’il qualifie de "terroristes" dans cette guerre qui a fait plus de
126 000 morts depuis mars 2011.
Les quelques groupes rebelles qui continuent d’être chapeautés par l’ASL
reconnaissent que cette armée n’a jamais eu le soutien qu’elle
réclamait.
"Depuis le départ, les bataillons islamistes étaient les seuls à
recevoir de l’aide", même quand ils étaient au sein de l’ASL, affirme
Sélim Hijazi, chef de Liwa al-Cham, qui fait partie de l’état-major de
l’ASL.
Depuis la création du Front islamique, "l’ASL a été complètement privée de soutien", ajoute-t-il via Skype.
Et la suspension de l’aide non-létale de Londres et de Washington vient
porter surtout un coup moral à l’ASL, même si ces aides se limitaient à
des rations militaires, gilets pare-balle, uniformes, tentes, jumelles,
radios et équipements médicaux.
Khaled Saleh, porte-parole de la Coalition, a toutefois voulu minimisé
son importance, jugeant que ce n’était "pas un problème grave".
Depuis la militarisation de la révolte en Syrie, les pays occidentaux
refusent de fournir les armes aux rebelles, par crainte de les voir
tomber entre les mains des groupes jihadistes.
A l’été, les Américains avaient annulé une frappe contre le régime
accusé d’avoir mené une attaque chimique près de Damas ayant fait des
centaines de morts, au grand dam des rebelles qui espéraient un
changement dans l’équilibre de forces.
Depuis, les insurgés ont subi revers après revers, l’armée reprenant un
grand nombre de leurs bastions notamment autour de la capitale.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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