jeudi 12 décembre 2013

Syrie : nouveau revers pour l’armée syrienne libre (ASL) après la suspension d’aide anglo-américaine

L’Armée syrienne libre (ASL), en perte de vitesse face aux islamistes et jihadistes après avoir été la principale force armée rebelle soutenue par l’Occident, a subi un nouveau revers après la suspension par Washington et Londres de leurs aides non létales.
Cet affaiblissement de la rébellion intervient au moment où les préparatifs vont bon train pour réunir régime et opposition autour d’une même table en janvier lors d’une conférence de paix internationale censée trouver une issue à plus de deux ans et demi de conflit.
Des diplomates ont affirmé à l’AFP que la conférence, prévue initialement à Genève, se tiendra finalement à Montreux, sur le lac Léman.
L’annonce par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de la suspension de leur aide non létale à la rébellion est survenue après que des combattants islamistes se sont emparés d’un passage clé à la frontière turque, des sièges de l’ASL ainsi que de ses dépôts d’armes.
Les tensions sont montées entre le Front islamique, créé en novembre par la fusion de sept groupes islamistes, et l’ASL, la coalition rebelle chapeautée par l’opposition en exil, bien que les deux camps luttent pour la chute du régime de Bashar al-Assad.
Début décembre, le Front islamique avait annoncé quitter l’état-major de l’ASL, affirmant qu’il ne le représentait plus, accentuant encore plus le morcellement de la rébellion.
"Il est clair que l’état-major de l’ASL est de plus en plus faible et qu’il a perdu du pouvoir", affirme Aron Lund, un expert sur la rébellion syrienne basé en Suède, précisant que "l’ASL a perdu d’importants groupes et de combattants avec la création du Front islamique".
Selon lui, la perte du passage clé de Bab al-Hawa, à la frontière turque, signifie que le chef d’état-major de l’ASL, Sélim Idriss, "pourrait ne plus entrer en Syrie".
Des informations de presse avaient indiqué mercredi que le général Idriss avait fui le siège de l’ASL à Bab al-Hawa et se trouvait au Qatar, avant d’être démenties par les rebelles.
"L’état-major réfute les mensonges diffusés sur le départ du général Sélim Idriss vers un Etat du Golfe et assure qu’il est présent et poursuit ses activités", a indiqué jeudi un communiqué de l’ASL.
Depuis que la révolte contre le régime, au départ pacifique, s’est militarisée face à une féroce répression, déserteurs et civils ayant pris les armes se sont regroupés sous l’ombrelle de l’ASL avant que des groupes, notamment islamistes, ne commencent progressivement à agir de manière indépendante.
La donne s’est compliquée davantage avec la montée en puissance de groupes jihadistes qui, tout en combattant également le régime d’Assad, se sont engagés dans des luttes et règlements de compte avec les autres groupes rebelles. Le régime Assad affirme pour sa part combattre ce qu’il qualifie de "terroristes" dans cette guerre qui a fait plus de 126 000 morts depuis mars 2011.
Les quelques groupes rebelles qui continuent d’être chapeautés par l’ASL reconnaissent que cette armée n’a jamais eu le soutien qu’elle réclamait.
"Depuis le départ, les bataillons islamistes étaient les seuls à recevoir de l’aide", même quand ils étaient au sein de l’ASL, affirme Sélim Hijazi, chef de Liwa al-Cham, qui fait partie de l’état-major de l’ASL.
Depuis la création du Front islamique, "l’ASL a été complètement privée de soutien", ajoute-t-il via Skype.
Et la suspension de l’aide non-létale de Londres et de Washington vient porter surtout un coup moral à l’ASL, même si ces aides se limitaient à des rations militaires, gilets pare-balle, uniformes, tentes, jumelles, radios et équipements médicaux.
Khaled Saleh, porte-parole de la Coalition, a toutefois voulu minimisé son importance, jugeant que ce n’était "pas un problème grave".
Depuis la militarisation de la révolte en Syrie, les pays occidentaux refusent de fournir les armes aux rebelles, par crainte de les voir tomber entre les mains des groupes jihadistes.
A l’été, les Américains avaient annulé une frappe contre le régime accusé d’avoir mené une attaque chimique près de Damas ayant fait des centaines de morts, au grand dam des rebelles qui espéraient un changement dans l’équilibre de forces.
Depuis, les insurgés ont subi revers après revers, l’armée reprenant un grand nombre de leurs bastions notamment autour de la capitale.

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