Des armes chimiques ont été utilisées selon l’ONU à cinq reprises en
Syrie, où les Etats-Unis s’inquiétaient des récents revers subis par les
combattants rebelles face aux jihadistes.
Alors que les combats se poursuivent sans répit, une vague de froid
aggrave la situation des populations assiégées, des millions de déplacés
et des quelque trois millions de Syriens réfugiés dans les pays
voisins, dans des conditions souvent précaires.
Dans les quartiers rebelles de Hara (sud), assiégés par l’armée qui
empêche l’arrivée de fioul et de nourriture, "la tempête a rendu les
choses encore plus difficiles", déplore un militant, Abou Anas,
interrogé par l’AFP via internet. "Le pire étant pour les enfants et les
personnes âgées qui supportent moins bien le froid".
La neige a aussi empêché l’ouverture d’un pont aérien annoncé par l’ONU
pour envoyer 40 tonnes d’aide aux régions kurdes de Syrie à partir du
Kurdistan irakien.
Dans leur rapport final transmis jeudi au secrétaire général des Nations
unies, les inspecteurs ayant enquêté en Syrie citent des "preuves" ou
des "informations crédibles" sur des recours à des armes chimiques dans
la Ghouta, à Jobar et Achrafié Sahnaya (près de Damas), ainsi qu’à Khan
al-Assal (près d’Alep, nord) et à Saraqeb (nord-ouest).
Il ne revenait cependant pas aux inspecteurs de déterminer les responsables de ces attaques.
La mission "a recueilli des preuves flagrantes et convaincantes de
l’utilisation d’armes chimiques contre des civils, dont des enfants, à
une échelle relativement large à la Ghouta, dans la région de Damas, le
21 août", explique le rapport, confirmant les premières conclusions des
inspecteurs en septembre.
Après cette attaque ayant fait selon eux près de 1.500 morts, les
Etats-Unis ont menacé le régime de frappes punitives, avant d’y renoncer
à la suite d’un accord sur la destruction de l’arsenal chimique syrien,
au grand dam des rebelles qui espéraient un changement dans l’équilibre
de forces.
Depuis, les rebelles ont subi revers après revers et les forces fidèles à
Bashar al-Assad ont repris un grand nombre de leurs bastions.
Leur situation s’est en outre aggravée en raison de dissensions au sein
de la rébellion et de la montée en puissance de groupes jihadistes qui,
tout en combattant le régime, se sont engagés dans des luttes avec les
autres groupes rebelles.
Dernier exemple en date : des combattants islamistes se sont emparés en
début de semaine d’un passage clé à la frontière turque, ainsi que des
positions de l’ASL et de ses dépôts d’armes.
Ces revers des combattants de "l’opposition modérée" posent un "gros
problème", a convenu le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel.
Londres et Washington vont en conséquence suspendre leurs livraisons
d’aide non létale dans le nord de la Syrie le temps d’évaluer qui
contrôle les dépôts d’armes.
Dans ce contexte, un ancien directeur de la CIA, Michael Hayden, a
estimé qu’une victoire de M. Assad en Syrie pourrait être "le meilleur
de trois très, très horribles scénarios", dont aucun ne prévoit la
victoire de la rébellion.
L’issue actuellement la plus probable reste la "dissolution" du pays entre factions rivales, a-t-il ajouté.
Sur le terrain, les autorités de Damas ont décidé de libérer "pour des
raisons humanitaires" plus de 360 détenus de la prison d’Alep (nord),
assiégée depuis huit mois par les rebelles, selon l’agence officielle
Sana. Et l’armée syrienne a lancé une offensive pour chasser les
rebelles de la ville d’Adra, située sur une des routes principales
menant à Damas et théâtre de combats depuis trois jours, selon Sana.
Aucune issue ne semble en vue pour ce conflit qui a fait depuis mars
2011 plus de 126.000 morts selon une ONG syrienne, ainsi que des
millions de déplacés et réfugiés dont le sort inquiète de plus en plus
les ONG.
Le Programme alimentaire mondial (PAM), qui prévoit de nourrir en
décembre quatre millions de personnes en Syrie, a souligné que "les
besoins humanitaires et l’insécurité alimentaire ne (cessaient) de
croître".
Amnesty International a pour sa part accusé les pays européens d’ériger
une "forteresse" pour se protéger des réfugiés syriens, qu’ils ne sont
prêts à accueillir qu’en "nombre pitoyablement bas". "Les dirigeants
européens devraient baisser la tête de honte", a martelé l’organisation.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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