Les dirigeants palestiniens récusaient lundi l’idée d’un nouvel accord
intérimaire et du maintien d’une présence militaire israélienne sur leur
territoire, envisagés par l’administration américaine, exigeant une
souveraineté complète après la conclusion d’un accord de paix.
"Il n’y aura aucun accord sans les prisonniers, Jérusalem et les
questions de statut final", a affirmé le porte-parole du président
palestinien Mahmoud Abbas, Nabil Abu Rudeina, dans une déclaration
publiée par l’agence officielle WAFA.
Dans les propositions du secrétaire d’Etat américain John Kerry, "il est
question d’un accord-cadre, d’un accord général", a indiqué à l’AFP
Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de
l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
"Qui a dit que nous voulions un accord-cadre ? Nous voulons
l’indépendance complète et résoudre toutes les questions de statut
final, en vertu des accords et du droit international", a-t-il souligné,
rappelant que M. Kerry s’était engagé au lancement des négociations à
rechercher un accord global et non plus intérimaire.
Il a également dénoncé les idées présentées la semaine dernière par
M. Kerry sur les mesures de sécurité aux frontières d’un futur Etat
palestinien avec la Jordanie, déjà qualifiées jeudi par un responsable
palestinien de "très mauvaises idées que nous ne pouvons accepter".
"Ces idées vont mener les efforts de Kerry dans l’impasse et à l’échec
total", a renchéri M. Abed Rabbo, l’accusant de vouloir "par ses
propositions amadouer Israël en agréant à ses exigences d’expansion de
la colonisation, sous le prétexte de la sécurité d’Israël, en plaçant la
vallée du Jourdain sous contrôle israélien".
Le président américain Barack Obama a prévenu samedi que les
Palestiniens devraient accepter une "période de transition" après la
signature d’un accord de paix, précisant qu’"ils ne pourraient pas
obtenir tout ce qu’ils veulent dès le premier jour".
Les Etats-Unis ont trouvé les réponses aux préoccupations de sécurité
d’Israël sur la création d’un Etat palestinien, a-t-il assuré, tout en
reconnaissant que la décision revenait au Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu et à ses chefs militaires et de sécurité.
Netanyahu exige qu’un Etat palestinien soit démilitarisé et qu’Israël
puisse y garder des forces à long terme dans la vallée du Jourdain. Les
Palestiniens refusent toute présence militaire israélienne sur leur sol
après un accord de paix mais acceptent une force internationale, une
option rejetée par Israël.
Le commentateur politique du quotidien israélien Maariv souligne que la
formule américaine prévoit le maintien de l’armée israélienne sur le
Jourdain pendant un nombre indéterminé d’années, avec une réduction
progressive si la situation reste stable.
Mais il précise sur les questions fondamentales toujours en suspens,
comme Jérusalem, les réfugiés, les colonies et les frontières, "il n’y a
pas un gouvernement (en Israël) pour accepter les revendications
minimales des Palestiniens".
Le même journal rapporte que les services de M. Kerry ont informé les
négociateurs palestiniens du report d’un mois de la libération du
prochain contingent de prisonniers par Israël, perçu comme un moyen de
pression pour les amener à accepter les arrangements proposés dans la
vallée du Jourdain.
"Nous refusons catégoriquement tout report de la libération du troisième
groupe de prisonniers, prévue le 29 de ce mois", a dit le négociateur
palestinien Saëb Erakat, de Washington, où il doit rencontrer le
secrétaire d’Etat américain.
Mahmud Abbas s’est engagé à suspendre pendant les pourparlers de paix
toute démarche d’adhésion de la Palestine aux organisations
internationales, en échange de la libération en quatre phases des 104
Palestiniens emprisonnés avant les accords de paix d’Oslo de 1993, dont
la moitié ont été relâchés.
"Le président Mahmud Abbas refuse le chantage politique sur le report
de la libération du troisième groupe de prisonniers", a déclaré le
ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë.
L’éditorialiste du quotidien israélien Yediot Aharonot considère que les
propositions de sécurité américaines, en répondant aux objections
israéliennes, forcent en réalité M. Netanyahu à abattre ses cartes.
Ce plan "prive Netanyahu de l’argument qu’il a invoqué à chaque fois
qu’il lui a été demandé de discuter du tracé de la future frontière",
explique-t-il, prévenant qu’il risque de rouvrir le débat en Israël sur
les frontières, menaçant la cohésion de son gouvernement.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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