Le secrétaire d’Etat John Kerry tentait vendredi de surmonter le rejet
du plan américain de sécurisation des frontières d’un futur Etat
palestinien, le président Mahmud Abbas refusant toute présence
militaire israélienne après un accord de paix.
Le chef de la diplomatie américaine a rencontré dans la matinée le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, sous un épais
manteau de neige.
Le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, qui devait participer
aux entretiens, en a été empêché par les conditions météorologiques,
selon son porte-parole.
"J’ai voulu revenir ici afin de tenter de poursuivre nos importantes
discussions", a expliqué M. Kerry, dont c’est le deuxième voyage dans la
région en une semaine, avant de repartir pour l’aéroport de Tel-Aviv,
en direction de l’Asie du Sud-Est.
"C’est constructif. Mais c’est toujours compliqué", a-t-il reconnu.
"Nous avons beaucoup de choses à discuter et nous allons continuer ce
processus", a-t-il promis avant l’entretien.
Lors d’une rencontre jeudi soir à Ramallah (Cisjordanie), Mahmud Abbas
lui a signifié son rejet d’une prolongation de la présence militaire
israélienne en Cisjordanie après un accord de paix, selon une source
palestinienne proche du dossier.
"Le président Abbas a rejeté les idées présentées par le secrétaire
d’Etat Kerry à cause de la présence de l’armée israélienne", selon cette
source.
M. Abbas a "remis une lettre (à M. Kerry) exposant les positions
palestiniennes et fixant les lignes rouges pour les Palestiniens", selon
la même source, précisant que M. Kerry s’était dit prêt à revenir dans
la région la semaine prochaine.
Le président palestinien a insisté sur la "nécessité de régler toutes
les questions" du conflit, exprimant son scepticisme face à
l’accord-cadre sans calendrier qu’envisagerait l’administration
américaine, a souligné cette source.
Selon les médias arabes et israéliens, les Etats-Unis ont proposé un
maintien de soldats israéliens aux frontières entre la Cisjordanie et la
Jordanie pendant 10 ou 15 ans après la signature d’un traité de paix et
prépareraient un "accord-cadre" traçant les grandes lignes d’un
règlement final.
Selon le quotidien panarabe Al-Quds al-Arabi, le plan américain prévoit
également des stations d’alerte israéliennes sur les hauteurs de
Cisjordanie, le droit pour Israël de refuser l’entrée de voyageurs par
la frontière palestino-jordanienne et des patrouilles conjointes
israélo-palestiniennes le long du Jourdain.
Le département d’Etat a réaffirmé tout au long de la semaine que le but
était de parvenir, dans le délai de neuf mois imparti à ces négociations
relancées fin juillet, à "un accord final" et non pas un nouveau
"règlement transitoire".
Netanyahu exige qu’un Etat palestinien soit démilitarisé et qu’Israël
puisse y garder sur le long terme des troupes dans la vallée du
Jourdain.
Les Palestiniens acceptent uniquement une force internationale, une
option rejetée par Israël qui insiste pour pouvoir "se défendre lui-même
par lui-même".
Dans une tribune publiée jeudi, l’ancien conseiller à la sécurité
nationale israélien, le général de réserve Giora Eiland, explique que
"du point de vue d’Israël, le risque de céder des territoires en
Judée-Samarie (Cisjordanie, NDLR) ne vient pas nécessairement de la
menace présentée par les Palestiniens mais par d’autres ennemis" dans la
région.
"Israël insiste pour avoir un contrôle contigu tout le long du Jourdain
et il semble que les Américains l’acceptent", écrit-il, considérant que
pour contrôler effectivement la frontière palestino-jordanienne, son
armée aura besoin d’une bande de 5 km de large dans la vallée, une
exigence exorbitante pour les dirigeants palestiniens.
Le président américain Barack Obama a prévenu le 7 décembre que les
Palestiniens devraient accepter une "période de transition" après la
signature d’un accord de paix.
Les Etats-Unis ont trouvé les réponses aux préoccupations de sécurité
d’Israël, a également assuré M. Obama, tout en s’en remettant à la
décision du gouvernement israélien sur cette question.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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