vendredi 3 octobre 2014

Syrie: les jihadistes aux portes de Aïn al-Arab asphyxiée

Le Parlement turc a autorisé jeudi une intervention militaire contre les jihadistes en Irak et en Syrie, où la ville kurde de Aïn al-Arab, frontalière de la Turquie, était asphyxiée par le groupe Etat islamique (EI).
En Irak, deux attaques de l'EI contre des bases des forces de sécurité ont fait 17 morts parmi les policiers et les soldats dans la province d'Al-Anbar frontalière de la Syrie, à l'ouest de Bagdad, selon des sources de la sécurité qui ont fait état de la mort de 40 jihadistes.
En Syrie, "les jihadistes sont désormais à moins d'un kilomètre à l'est et au sud-est de Aïn al-Arab et la ville est totalement asphyxiée" à l'exception de l'accès au nord, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mais les combattants kurdes sont déterminés à mener des "batailles de rue" pour défendre Aïn al-Arab (Kobané en kurde), troisième ville kurde de Syrie située dans le nord, a-t-il ajouté.
"Nous sommes prêts au combat", a affirmé un responsable kurde local, Idriss Nahsen, alors que Kobané est défendue par les Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde dont les hommes sont moins bien équipés et bien moins nombreux que les jihadistes.
Selon l'OSDH, la ville "s'est vidée à 90% de ses habitants et les villages environnants sont quasiment déserts et contrôlés par l'EI". Il ne resterait que quelques milliers de civils à Aïn al-Arab, qui comptait 70 000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés d'autres zones syriennes.
La chute de Aïn al-Arab permettrait à l'EI de contrôler sans discontinuité une longue bande frontalière de la Turquie.
L'EI, qui contrôle déjà de vastes régions dans le nord et l'est de la Syrie ravagée par plus de trois ans de guerre civile, a lancé le 16 septembre son assaut pour s'emparer de la ville, prenant près de 70 villages et entraînant la fuite d'au moins 160 000 personnes en Turquie.
Face à la menace grandissante de l'EI à sa porte, le Parlement d'Ankara a approuvé à une très large majorité un projet de résolution du gouvernement islamo-conservateur autorisant l'armée à mener des opérations contre les jihadistes en Syrie et en Irak au sein de la coalition menée par les Etats-Unis et à laquelle prennent part à différents degrés une cinquantaine de pays.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a convoqué une réunion des principaux responsables civils et militaires juste après ce vote pour préciser les modalités de l'engagement turc auprès de la coalition.
Washington et Paris ont salué le feu vert du Parlement turc à une action militaire contre l'EI en Syrie et en Irak.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a jugé mercredi que les actuelles frappes aériennes de la coalition ne constituaient qu'une "solution temporaire", milite pour la création dans le nord de la Syrie d'une zone-tampon destinée à protéger les réfugiés syriens et le territoire turc.
De son côté, le chef historique des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, en prison en Turquie, a une nouvelle fois exhorté les Kurdes à combattre l'EI "afin que le processus et le voyage de la démocratie n'échouent pas en Turquie".
Quant aux rebelles "modérés" qui luttent contre le régime Assad en Syrie et sont censés combattre l'EI, John Allen, qui coordonne la coalition internationale, a prévenu que leur entraînement en cours "prendrait peut-être des années".
Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a affirmé, à l'issue d'un entretien avec son homologue français, qu'ils avaient discuté de la possibilité d'une intervention de la France en Syrie contre les jihadistes, mais Jean-Yves Le Drian n'a pas confirmé ce point de discussion.
Peu après le feu vert turc, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif "s'est inquiété de toute action qui aggraverait la situation" dans la région, au cours d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, selon l'agence officielle iranienne IRNA.
L'Iran, poids lourd chiite de la région, soutient le gouvernement fantôche du tyran Bashar al-Assad alors que la Turquie a appuyé les rebelles syriens, essentiellement sunnites.
Selon le commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom), la coalition a procédé mercredi et jeudi à quatre frappes en Syrie, dont une près de Aïn al-Arab, avec l'aide des Emirats arabes unis, et sept en Irak avec le Royaume-Uni.
Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé l'envoi de deux Tornado supplémentaires, portant à huit le nombre de chasseurs-bombardiers de la Royal Air Force (RAF) effectuant des missions en Irak.
Enfin, le patriarche des Chaldéens (catholiques) d'Irak a demandé que "l'on en finisse avec cette violence qui n'a pas d'avenir", jeudi soir dans les jardins de l'Archevêché de Lyon (centre-est de la France.

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