Nizar Kabbani, ou Qabbani (en arabe نـزار قـبـّانـي , translittéré Nizār Qabbānī), né le 21 mars 1923 à Damas, Syrie et mort le 30 avril 1998,
à Londres, Grande-Bretagne, était un poète syrien, dont la poésie casse
l’image traditionnelle de la femme arabe et invente un langage nouveau,
proche de la langue parlée et riche de nombreuses images empruntées au
monde de l’enfance. Nizar est considéré comme l'un des plus grands
poètes contemporains de langue arabe.
Dès l’âge de 16 ans, Nizar Kabbani commence à écrire des poèmes, largement consacrés à des thèmes amoureux.
En 1945, il obtient le diplôme de la faculté de droit de l’Université syrienne à Damas.
Il entre comme attaché au ministère Syrien des affaires étrangères et,
ayant opté pour la carrière diplomatique, occupe divers postes de chargé
d'affaires et de conseiller culturel dans les ambassades syriennes au
Caire, à Ankara, à Madrid, à Pékin et à Beyrouth jusqu’à sa démission en
1966.
Après la défaite arabe face à Israël en 1967, il crée à Londres la
maison d'édition « Nizar Khabbani » et devient un puissant et éloquent
porte-parole de la cause arabe.
Installé à Beyrouth au milieu des années soixante, il disait ressentir
« une immense tristesse en voyant tout le mal qu'on fait » à cette
ville. Dans une interview au quotidien libanais « L'Orient le Jour » en 1977, à l'occasion de la parution de « A Beyrouth la femme, avec mon amour », il indiquait: « Je vis à Beyrouth depuis dix ans. Elle est pour moi la mère, l'amie et l'aimée ».
Depuis ses débuts en littérature en 1944 avec son premier recueil de poèmes, intitulé : La brune m'a dit,
Nizar Kabbani a publié plus de trente recueils de poèmes, dont
L'enfance d'un sein (1948), Samba (1949), tu es à moi (1950), le journal
d'une femme indifférente (1968), des poèmes sauvages (1970), le livre
de l'amour (1970), 100 lettres d'amour (1970), des poèmes hors- la
loi(1972), je t'aime, je t'aime et la suite viendra (1978), A Beyrouth,
avec mon amour (1978), que chaque année tu sois ma bien aimée (1978), Je
jure qu'il n'y a de femmes que toi (1979) et plusieurs d'autres œuvres.
Il va créer autour de lui une très grande controverse due au fait qu'il
y relatait sans fausse pudeur son amour pour la femme.
Son œuvre, louée par des générations d'Arabes pour ses vers sensuels et
romantiques, ne s'est pas limitée aux recueils de poésie. Il a apporté
des contributions régulières au journal de langue arabe Al Hayat,
et ses textes ont été mis en musique et chantés par Mohamed Abdelwahab,
Najib Serraj ou Abdel Halim Hafez (Qariat el fingan, Rissala min
tahtilmaa), ils ont également été chantés par des chanteuses Libanaises,
Syriennes ou Égyptiennes comme Feyrouz, Oum Kalsoum et d’autres, ce qui
a contribué à populariser son travail. Il est le poète arabe
contemporain le plus populaire et le plus lu.
Il fut surnommé le poète de la femme et de la Oumma suite au tournant
que connaîtra sa poésie après les défaites arabes successives face aux
Israéliens. Il sera pratiquement le seul poète à ne pas chanter les
louanges des dirigeants arabes et à les tenir pour cause de ces
défaites.
Un recueil bilingue de poèmes de Nizar Kabbani, Femmes, a été publié en 1988 aux Éditions Arfuyen dans une traduction de Mohammed Oudaimah et avec une postface de Vénus Khoury-Ghata.
Des textes de Nizar Kabbani ont également été traduits en espagnol par
Pedro Monteret (Institut hispano-arabe, 1964) et en anglais par Abdallah
al-Uzari (in Con temporar.y, 4 rab Poetry, Penguin, 1986) et par Selma
Khadra Jayyusi (in Modem Arabie Poetry, Columbia University Press,
1987).
Le poète syrien Youssef Karkoutly a pu dire de Nizar Khabbani qu'il était « aussi nécessaire à nos vies que l'air ».
Nizar Kabbani a été marié deux fois. Il avait eu deux enfants de son
premier lit, avec Zahra Akbik (décédée en 2007) : Tawfiq décédé jeune,
et Hadba, décédée en 2009. Sa seconde épouse, Balqis al-Rawi, une
enseignante irakienne qu'il avait rencontrée lors d'un récital de poésie
à Bagdad, et qui lui donna également deux enfants, Omar et Zeïnab, a
trouvé la mort dans un attentat perpétré par des activistes pro-iraniens
contre l'ambassade d'Irak en 1981 à Beyrouth, où elle travaillait pour
la section culturelle du gouvernement irakien. Cette disparition a
beaucoup affecté le poète, qui reprit espoir grâce à ses enfants.
Après la mort de Balkis, Kabbani quitte Beyrouth. Il habite entre Genève
et Paris puis s'établit à Londres pour ses 15 dernières années. Là, il
continue à écrire des poèmes qui soulèvent quelques controverses et
notamment "Quand annonceront-ils la mort des Arabes?" et "Les coureurs" (Al mouharwilon المهرولون
). En 1997, Nizar Kabbani souffre de problèmes de santé. Et malgré une
amélioration vers la fin de 1997, il meurt à Londres le 30 avril 1998
d'une crise cardiaque à l'âge de 75 ans. Il formula le vœux d'être
inhumé à Damas, qu'il décrivait comme étant le ventre qui lui apprit la
poésie, la créativité et le gratifia de l'alphabet du Jasmin. Il fut
transporté à Damas quatre jours plus tard. En effet, le président syrien
Hafez el Assad envoie un avion spécial pour rapatrier sa dépouille
mortelle. L'inhumation aura lieu, selon les vœux du poète, dans le
caveau familial, dans le vieux Damas, à Bab Al-Saghir.
Il fut pleuré et regretté dans tous les pays arabes où l'on diffusa dans les médias ses œuvres littéraires.
La femme a été la source principale de l'inspiration poétique de Nizar
Kabbani à cause du suicide de sa sœur. Il publie son premier recueil de
poèmes, « La brune me l'avait dit» قالت لي السمراء , en 1944. Suivra « L'odeur du jasmin de Damas». Avec la publication, en 1952, de « La jeunesse d'un sein »,
qui rompait avec les traditions conservatrices de la littérature arabe,
il acquiert une réputation d'audace, qui fera de lui, au fil des ans,
l'un des poètes contemporains les plus importants de la littérature
arabe.
Après la défaite arabe lors de la guerre israélo-arabe de 1967, son
œuvre prend une coloration plus politique et engagée pour la cause
arabe. Il publie alors « En marge du journal de la défaite ».
Engagé politiquement, il écrit cette auto-critique de l'indétermination
du monde arabe et de ses nombreuses erreurs. Quand on lui reprochait la
dureté avec laquelle il critiquait les Arabes, il disait « âkher el daa'
al kay », le dernier remède, c'est la cautérisation par le feu. L'un de
ses derniers poèmes - « Les enfants de la pierre » - fait référence au soulèvement de l'Intifada dans les Territoires occupés.
Son écriture s'est souvent emparé des thèmes du désespoir politique, et
il a ainsi traité l'oppression des femmes comme une métaphore dans
laquelle il voyait le destin maudit des Arabes. Dans son poème « Dessin avec des mots »,
il écrit : « Quand un homme désire une femme, il souffle dans une
corne ; mais, quand une femme désire un homme, elle mange le coton de
son oreiller ».
Le romancier égyptien Gamal el-Ghitanti, éditeur de l'hebdomadaire Les nouvelles de la Littérature,
fit l'éloge de Nizar Kabbani en disant qu'il avait été « dans une
certaine mesure, un grand poète arabe, qui fit un grand effort pour
rendre sa poésie compréhensible par tout le peuple et pas seulement par
une élite ».
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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