Un mois après la décision de Berlin d'envoyer des équipements militaires
en Irak, des instructeurs allemands sont à pied d'oeuvre pour initier
les peshmergas au maniement des armes sophistiquées indispensables pour
combattre les jihadistes du groupe Etat islamique.
Le soldat allemand est équipé d'un gilet pare-balles et d'un casque
anti-bruit. Le peshmerga porte un simple treillis. Tous deux font face
au mur de tir, une arme à l'épaule. Pas n'importe laquelle: un fusil
d'assaut HK G3, de fabrication allemande. L'un des 8 000 livrés par
l'Allemagne au Kurdistan en septembre.
C'est le premier jour d'entraînement pratique dans le camp militaire de
Benislawa, en banlieue d'Erbil, chef-lieu de la province autonome du
Kurdistan irakien.
La formation a débuté la veille par un cours théorique, cinq semaines
après que le gouvernement allemand a annoncé l'envoi d'armes aux
peshmergas dans le cadre de la mobilisation internationale contre
l'offensive du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak. Une
première depuis la Seconde Guerre mondiale pour Berlin, qui a toutefois
refusé de rejoindre la campagne de frappes aériennes.
Plusieurs milliers de fusils d'assaut, des millions de munitions et des
armes lourdes -- notamment mitrailleuses, missiles antichars, et
lance-roquettes -- sont arrivés depuis. Suivis, plus récemment, des
instructeurs militaires.
"Les peshmergas qui sont ici sont des soldats expérimentés, notre rôle
consiste simplement à les initier au maniement d'une nouvelle arme",
explique le major Florian R.
"Les peshmergas ont essentiellement l'expérience du combat avec des
Kalachnikov et ne connaissent pas les armes allemandes", souligne-t-il.
Ce
Berlinois quadragénaire est arrivé au Kurdistan fin août pour
superviser la coordination militaire entre Berlin et Erbil. Six soldats,
des instructeurs, l'ont rejoint il y a une semaine.
"C'est un bon fusil; il est moderne et pas trop lourd", se félicite le
jeune peshmerga Ardalan Aziz Hamad entre deux séances de tir au HK G3.
"Hier, on nous a expliqué les positions de tir. Aujourd'hui, c'est la
pratique".
Un autre peshmerga souligne l'importance de cette formation car "sans armes modernes, nous ne pouvons pas combattre l'EI".
En uniforme, drapeau allemand au biceps droit, les instructeurs de la
Bundeswehr présentent sur la poitrine une bande velcro vierge à
l'endroit où devraient se trouver leurs nom et grade. Leur
identification a été retirée, leurs noms ne sont pas révélés et leurs
visages doivent rester cachés.
"C'est une mesure de sécurité pour éviter qu'ils ne deviennent des
cibles de l'EI", explique le major Florian, seul habilité à être filmé
ou photographié, sans pour autant donner son patronyme.
"Nous resterons pour entraîner les peshmergas aussi longtemps que
nécessaire", affirme l'officier, qui porte, épinglée sur son treillis,
une broche figurant les deux drapeaux allemand et kurde.
Les peshmergas sont formés par groupes de 20 "durant dix jours", explique le colonel kurde Karwan Baban.
A Benislawa, les cours ne portent que sur les armes légères. Mais dans
un autre camp, à 70 km plus au nord, des peshmergas s'entraînent avec
les armes lourdes livrées par Berlin, indique-t-il.
Et 32 combattants kurdes ont été formés en Bavière (sud de l'Allemagne) à
l'utilisation des missiles antichars Milan de l'armée allemande.
"Rien
qu'une seule balle est déjà une aide pour le Kurdistan dans sa lutte
contre l'EI", souligne le colonel peshmerga Dler H. Aptar, en remerciant
l'Allemagne pour son "assistance rapide".
Plusieurs autres capitales, comme Paris, Londres ou Ottawa, ont livré
des armes aux peshmergas mais elles sont plus réticentes à confirmer la
présence d'instructeurs.
"Hier, il y avait ici des militaires qui parlaient français et nous ont
dit +bonjour+ en français", assure un Kurde, refusant d'être cité
nommément.
"Des instructeurs militaires sont venus de France, du Canada et de Turquie", confirme de son côté un gradé peshmerga.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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