Le Monde arabe se trouve, aujourd’hui, à l’orée
de deux chemins. Le premier étant celui des soulèvements et des révolutions
populaires qui ont fait tomber, en Egypte et en Tunisie, les têtes des régimes
soutenus par l’impérialisme et qui tentent d’œuvrer à des réformes et des
changements dans beaucoup de pays, y compris certains pays du Golfe, tels le
Kuweit et le Bahreïn, par exemple, même si certans tentent de donner au
mouvement bahreïni des caractéristiques chiites pro iraniennes, oubliant par là la coalition dans laquelle
les communistes et autres démocrates sont bien présents tant par leur militants
que par leur programme. Quant au second, il est suivi par les forces de la
contre-révolution qui, sous l’égide de l’impérialisme, étasunien notamment, tentent
par tous les moyens de reprendre en main les positions perdues et de consolider
celles, branlantes, des émirats, des monarchies ou des républiques bananières
que l’ex colonialisme britannique (et aussi français) avait mis en place sous
deux signes : une inféodation complète sur le plan politique et une économie
rentière basée sur les revenus du pétrole et du gaz dont la majeure partie est
utilisée pour acheter des armes sophistiquées (qu’il leur est interdit
d’utiliser sans l’avis des Etats-Unis), mais aussi pour financer les groupes
terroristes (depuis le wahhabisme jusqu’à DAECH » en passant par Al Qaeda)
et une autre, répartie entre les familles au pouvoir. Par contre, rien n’est
prévu pour le développement et très peu pour les acquis sociaux (appelés dons
du roi ou de l’émir ou du président à vie).
Dans ce contexte, nous pouvons prévoir que la
région arabe toute entière sera le théâtre de conflits meurtriers, et cela pour
une décade au moins. Et, puisque le Liban, de par sa position stratégique (ventre mou de la
Syrie et s’opposant aux ingérences d’Israël) mais aussi économique (découverte
du gaz et du pétrole, en plus de son importance financière et bancaire) est le pays qui rassemble en lui toutes les
contradictions du Monde arabe, surtout sur le plan confessionnel, nous pouvons
prévoir qu’il sera le plus affecté par les événements qui se déroulent à ses
frontières, mais aussi en Irak, et que la guerre civile.
Quant aux problèmes qui seront mis en avant
durant cette période, nous pouvons citer les suivants :
● D’abord, le terrorisme revêtant un aspect de
lutte religieuses et qui, en réalité, est le produit direct de la crise du
capitalisme et de son appui à toutes formes d’agression et de dictatures au
Moyen Orient, à commencer par Israël et les régimes qui sont tombés en Egypte et en Tunisie , et
sans oublier ni la Turquie ou l’Arabie saoudite ou les autres monarchies et
républiques islamiques. D’ailleurs, l’impérialisme a souvent utilisé le
terrorisme comme alibi afin d’investir la région, et c’est là que réside le but
de la nouvelle intervention impérialiste sous le couvert de la lutte contre le
terrorisme que l’impérialisme a aidé à créer, depuis l’Afghanistan où son rôle
fut de déstabiliser la présence soviétique et le gouvernement afghan, et
jusqu’en Irak et en Syrie, où son rôle est de créer des foyers de tension confessionnelle
(sunnite – chiite) qui détourneraient l’attention de ce qui se passe en
Palestine occupée, d’une part, tout en détournant l’attention, d’autre part, du
danger constitué par Israël et ses politiques en Palestine, au Liban, en Syrie
et jusqu’en Irak et au Sud du Soudan.
● Ensuite, cette nouvelle intervention
viserait à changer les frontières établies à la fin de la seconde guerre
mondiale et à la suite de la partition de la Palestine, surtout avec les
découvertes nouvelles de grands gisements de gaz et de pétrole dans le bassin
oriental de la Méditerranée, dans les
eaux territoriales libanaises et celles de Gaza, en particulier, et que les sociétés
pétrolières des Etats-Unis tentent d’accaparer en s’aidant de l’alliance qui
les lient à Israël, d’une part, et à la Turquie, de l’autre. Dans ce contexte,
se placent les tentatives israéliennes soutenues par les Etats-Unis, visant à
liquider la cause palestinienne à partir des guerres continues, du blocus et
des déplacements de populations, surtout au Naqab.
● A cela s’ajoutent les foyers de tension en
Irak et en Syrie. Et, nous pensons que ces deux crises seront longues et
meurtrières, non seulement à cause des groupes
terroristes islamiques, non seulement à cause des mouvements de déplacements
forcés de populations, mais pour reformer la structure de ces pays-clés en les
divisant en trois mini Etats, l’un et l’autre. Cette division se précise de pus
en plus en Irak, tandis que Washington, aidé de l’Arabie saoudite, du Qatar et
de la Turquie, prépare les nouvelles frontières en Syrie et croit pouvoir
émietter ce pays en jouant les deux cartes de « l’armée libre » et
des terroristes.
● Cela nous amène à parler du nouveau projet
dit du « Moyen Orient », basé sur la création de nouveaux mini Etats sur
la seule base de l’appartenance religieuse, ou, plutôt, confessionnelle. Ce
nouveau Moyen Orient, dans lequel le Monde arabe sera noyé et où on ne parlera
que de religions comme bases. Ce qui mettra Israël, « Etat des Juifs dans
le Monde », au centre d’un monde arabe éclaté et, donc, inexistant. Il n’y
a qu’à lire les propos de deux ministres des affaires étrangères des
Etats-Unis, Zbigniew Brezinski et Henri Kissinger pour avoir une idée nette de
ce qui se prépare pour cette région du monde, importante sur le plan
économique, dans un monde capitaliste en crise, et sur le plan géostratégique,
dans un monde où le monopole du leadership de Washington cède la place au bipolarisme qui revient avec le BRICS. Sans oublier les pays
regroupés autour de l’Accord de Shanghai et des nouveaux accords en Eurasie.
Cependant,
l’atout principal demeure le mouvement de libération qui s’est créé à la suite
de janvier 2010 dans tout le Monde arabe et où la présence de la gauche devient
de plus en plus tangible, tant par les fronts de lutte que nous avons vu naitre
en Tunisie, en Egypte, au Soudan, en Jordanie, au Kuweit…etc.,
que par la création du « Forum de la gauche arabe ».
Voila pourquoi,
le PCL considère que le Monde arabe se trouve actuellement, et malgré la partie
visible de l’iceberg qui donne l’impression qu’il y a une guerre globale contre
le terrorisme au Moyen Orient, au commencement d’une révolution nationale
démocratique, vu la relation étroite entre les problèmes de libération, de
progrès et de développement qui y sont posés. Libération et changement. Voilà,
d’ailleurs, pourquoi nous avions commencé notre intervention en parlant des soulèvements
et de l’impact qu’ils continuent à avoir, même si le plus pressé auquel on doit
parer, aujourd’hui, est le front anti terroriste qui doit mettre fin à toutes
formes de terreur, surtout au Liban très influencé par la situation syrienne,
pour ne pas dire que cette situation fait partie intégrante de notre pays,
surtout à cause de la guerre que les terroristes mènent sur nos frontières et
des cellules terroristes cachées parmi les populations civiles syriennes qui
ont fui leur pays et dont le nombre dépasse un million et demi. D’ailleurs, le
terrorisme profite du fait que le système politique libanais est basé sur les
quotas religieux et confessionnels et que les institutions sont presque toutes
paralysées de par le fait que les deux factions de la bourgeoisie (celle liée à
l’Arabie saoudite et celle liée à la Syrie et a l’Iran) sont impliquées dans la
guerre en Syrie et attendent la suite des événements avant de procéder à
renouveler les instances dirigeantes qui les représentent. D’où, nous vivons
sans président de la République, sans parlement élu et avec un gouvernement
divisé en deux parties égales entre les deux factions de la bourgeoisie et, par
suite, incapable de prendre une décision sans l’aval de tous ses membres.
Dans une telle conjoncture, et partant de
notre définition de la période dans laquelle nous vivons, à savoir une période
de révolution nationale démocratique, liant la libération à la lutte politique
et sociale, le PCL trouve que la lutte pour faire aboutir cette révolution doit
prendre ne considération la mise en route d’un programme politico-socio-
économique qui répondrait aux aspirations du peuple de libanais et aiderait la
lutte des peuples arabes et, par extension, les peuples du Moyen Orient, parce
que nous considérons que le changement dans notre pays doit tenir compte des
facteurs tant internes qu’externes et que la généralisation de l’offensive
terroriste, tant impérialiste directe que menée par des groupes islamistes voulant
instaurer le califat, doit pousser encore plus les forces de démocratie et de
changement à coordonner leurs efforts, afin de finir avec les projets
impérialistes et autres et de reprendre en main la gestion de l’avenir de nos
peuples et de leur permettre de profiter des richesses que recèle notre terre.
Richesses volées par les oligarchies mises en place et, surtout, par
l’impérialisme auquel elles sont inféodées.Marie Nassif-Debs,
(90ème anniversaire du PCL, Paris, 15 octobre 2014)
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