Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mesuré par lui-même mardi
l'ampleur de la destruction dans la bande de Gaza et a réclamé qu'une
enquête fasse toute la lumière sur la mort de civils tués par la guerre.
Le secrétaire général est arrivé avec la promesse d'une aide de 5,4
milliards de dollars de la communauté internationale et avec l'annonce
que des camions chargés de ciment et d'acier destinés à la
reconstruction entraient le jour même dans Gaza pour la première fois
depuis la guerre de juillet et août.
Mais, à l'école pour filles de Jabaliya, qui symbolise plus qu'aucun
autre endroit les souffrances de l'été selon lui, il a aussi mis à
profit sa première visite dans la bande de Gaza depuis la guerre pour
délivrer un message d'intransigeance qui risque d'irriter Israël.
L'école de l'ONU transformée en refuge pour les civils a été frappée par
des obus de char le 30 juillet. Une quinzaine de personnes y ont été
tuées. Environ vingt-cinq autres ont trouvé la mort dans des
circonstances apparemment similaires dans deux autres écoles de l'ONU
pendant le conflit.
"Bombarder des écoles des Nations unies est absolument inacceptable, ces
agissements doivent faire l'objet d'une enquête complète et
approfondie. J'appelle une nouvelle fois à ce que justice soit faite",
a-t-il dit. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a constitué en
août une commission d'enquête sur d'éventuels crimes de guerre dans la
bande de Gaza. Les propos de Ban Ki-moon risquent de ne pas apaiser les
tensions entre le gouvernement israélien et l'ONU, qui se sont étalées
au grand jour lundi lors de la rencontre à Jérusalem entre le Premier
ministre Benyamin Netanyahou et Ban Ki-moon.
Aussitôt après avoir traversé le point de passage entre Israël et la
bande de Gaza, le secrétaire général de l'ONU était allé se rendre
compte de l'étendue du désastre à Chejaiya, où des blocs entiers ont été
écrasés sous les bombes. "Toutes les sessions, rapports, briefings du
Conseil de sécurité au monde n'auraient pas pu me préparer à ce que j'ai
vu aujourd'hui", a-t-il dit, le coeur "très, très lourd". Le territoire
exigu sur lequel s'entassent environ 1,8 million de personnes - dont
1,2 million sont déjà des réfugiés des conflits antérieurs - sort de sa
troisième guerre en six ans avec Israël.
La dernière en date a fait plus de 2 100 morts palestiniens et 73 morts
israéliens. "Plus de 500 enfants ont été tués durant le conflit, bien
plus encore ont été blessés. Qu'ont-ils fait de mal ? Naître à Gaza
n'est pas un crime", a-t-il lancé dans l'école de Jabaliya, avec des
accents passionnés rares chez lui. L'éducation est l'un des besoins
humanitaires que la guerre a rendus criants et qui font de l'ONU un
acteur encore plus primordial dans le territoire. La guerre a aussi mis à
genoux une économie déjà privée d'air par les blocus israélien et
égyptien.
Ban Ki-moon a dit venir à Gaza "avec un message d'espoir" délivré
dimanche au Caire, où la communauté internationale a promis 5,4
milliards de dollars d'aide pour Gaza. Il a annoncé que les premiers
camions transportant du matériel de reconstruction en vertu d'un
mécanisme convenu en septembre entre l'ONU, Israël et l'Autorité
palestinienne arrivaient le jour même à Gaza. L'importation de ce
matériel est un enjeu majeur entre Israéliens et Palestiniens. Sans lui,
les Palestiniens ne peuvent reconstruire. Mais les Israéliens veulent
la garantie que ce matériel ne sera pas détourné pour produire des armes
ou creuser des tunnels, comme ceux dont s'est servi le Hamas pour
attaquer Israël.
Soixante camions chargés de 600 tonnes de ciment, ainsi que d'acier et
d'agrégat, sont entrés dans la bande de Gaza, a indiqué l'armée
israélienne. Des agents de l'ONU superviseront et inspecteront les
chantiers, selon l'armée. En ressortant de Gaza, Ban Ki-moon s'est rendu
de l'autre côté de la frontière dans la famille de Daniel Tregerman, le
seul enfant israélien tué à 4 ans par la guerre. Le patron de l'ONU,
qui a toujours affirmé la nécessité d'assurer la sécurité israélienne, a
redit que le Hamas devait cesser ses tirs. Il est aussi descendu dans
les vestiges d'un des tunnels du Hamas détruits par l'armée israélienne.
(14-10-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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