La communauté internationale a commencé à promettre dimanche au Caire
des millions de dollars pour reconstruire Gaza, mais, au diapason des
États-Unis, elle exige des Israéliens et des Palestiniens qu'ils
reprennent sérieusement les négociations de paix. Le Qatar a promis de
très loin la plus grosse contribution pour aider la bande de Gaza,
ravagée par cinquante jours de guerre cet été, avec 1 milliard de
dollars. Washington a pour sa part annoncé une aide immédiate de 212
millions sur un total de 400 millions de dollars en un an, et l'Union
européenne une somme globale de 450 millions d'euros pour 2015.
Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est montré très ferme lors
de cette conférence internationale des donateurs : la communauté
internationale est prête à financer, mais plus question de se contenter
de cessez-le-feu. Il faut reprendre les négociations de paix qu'il avait
impulsées en 2013 avant qu'elles n'échouent en avril, a-t-il insisté.
Le même ton a été adopté par l'ONU et les pays de l'Union européenne,
préoccupées par d'autres guerres dans la région, notamment contre les
djihadistes de l'État islamique. Ils sont aussi lassés comme le reste du
monde par près de sept décennies d'un conflit israélo-palestinien dont
le dernier avatar sanglant, en juillet et août, a tué près de 2 200
personnes dans la bande de Gaza et 73 Israéliens.
L'Autorité palestinienne réclame 4 milliards de dollars d'aide à la
communauté internationale pour reconstruire l'enclave qui a connu trois
guerres en six ans.
Tout en promettant une "aide immédiate" américaine, John Kerry a tapé le
premier du poing sur la table. "Un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix.
Nous devons nous rasseoir à la table (des négociations) et aider les
parties à faire des choix difficiles, de vrais choix", a-t-il lancé
fermement. "Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même
le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix, même le
cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël
et un État et leur dignité pour les Palestiniens", a ajouté John Kerry
dans un vibrant appel lancé devant une trentaine d'autres chefs de la
diplomatie et représentants d'une cinquantaine de pays et organisations
internationales.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lui aussi d'un ton ferme,
lui a emboîté le pas. "Gaza reste une poudrière" et ses habitants "ont
désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne",
a-t-il lancé. "Vous devez comprendre le niveau de frustration. (...)
Comme secrétaire général, je suis très en colère" de la situation,
a-t-il ajouté. Et de rappeler qu'"en 2009, la communauté internationale
s'était déjà réunie" en Égypte pour la reconstruction de Gaza. "Nous
sommes de nouveau ici" et "le cycle construction-destructions se
poursuit, il empire", a-t-il regretté. Ban Ki-moon a annoncé qu'il se
rendrait mardi à Gaza pour, a-t-il dit, "écouter directement" les
habitants de l'enclave.
Puis ce fut Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'Union
européenne, pour qui "cela doit être la dernière fois que l'on appelle
la communauté internationale à reconstruire Gaza". "On ne peut pas
retourner au statu quo tant qui s'est révélé intenable. (...) Il faut
une solution politique pour Gaza dans le cadre plus large de discussions
entre Palestiniens et Israéliens sur la solution à deux États (...), la
seule véritable solution à ce conflit."
Mais la perspective d'une relance des négociations a été
fraîchement accueillie par le ministre des Affaires étrangères d'Israël,
qui n'avait pas été invité au Caire. "Il faut voir dans quel cadre et
sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne portent que
sur les exigences palestiniennes, alors, c'est peine perdue", a tranché
Avigdor Lieberman, dont le pays maintient toutes ses exigences,
notamment le désarmement des combattants des islamistes du Hamas qui
dirigent de facto Gaza.
La communauté internationale attend d'Israël un assouplissement du
blocus imposé depuis huit ans sur la bande de Gaza. Elle espère aussi
une plus grande stabilité politique à Gaza avec la réconciliation
récente entre l'Autorité palestinienne, dominée par le parti
nationaliste Fatah de Mahmud Abbas, et le Hamas, considéré comme un
mouvement terroriste par Israël, les États-Unis et certains pays
européens.
Le gouvernement d'union palestinien s'est réuni à Gaza jeudi pour la
première fois depuis sa formation en juin, après des années de
déchirements entre Hamas et Fatah.
(12-10-2014)
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