lundi 13 octobre 2014

Israël/Palestine : les États paieront, mais exigent des négociations de paix

La communauté internationale a commencé à promettre dimanche au Caire des millions de dollars pour reconstruire Gaza, mais, au diapason des États-Unis, elle exige des Israéliens et des Palestiniens qu'ils reprennent sérieusement les négociations de paix. Le Qatar a promis de très loin la plus grosse contribution pour aider la bande de Gaza, ravagée par cinquante jours de guerre cet été, avec 1 milliard de dollars. Washington a pour sa part annoncé une aide immédiate de 212 millions sur un total de 400 millions de dollars en un an, et l'Union européenne une somme globale de 450 millions d'euros pour 2015.
Le secrétaire d'État américain John Kerry s'est montré très ferme lors de cette conférence internationale des donateurs : la communauté internationale est prête à financer, mais plus question de se contenter de cessez-le-feu. Il faut reprendre les négociations de paix qu'il avait impulsées en 2013 avant qu'elles n'échouent en avril, a-t-il insisté. Le même ton a été adopté par l'ONU et les pays de l'Union européenne, préoccupées par d'autres guerres dans la région, notamment contre les djihadistes de l'État islamique. Ils sont aussi lassés comme le reste du monde par près de sept décennies d'un conflit israélo-palestinien dont le dernier avatar sanglant, en juillet et août, a tué près de 2 200 personnes dans la bande de Gaza et 73 Israéliens.
L'Autorité palestinienne réclame 4 milliards de dollars d'aide à la communauté internationale pour reconstruire l'enclave qui a connu trois guerres en six ans.
Tout en promettant une "aide immédiate" américaine, John Kerry a tapé le premier du poing sur la table. "Un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix. Nous devons nous rasseoir à la table (des négociations) et aider les parties à faire des choix difficiles, de vrais choix", a-t-il lancé fermement. "Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix, même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël et un État et leur dignité pour les Palestiniens", a ajouté John Kerry dans un vibrant appel lancé devant une trentaine d'autres chefs de la diplomatie et représentants d'une cinquantaine de pays et organisations internationales.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lui aussi d'un ton ferme, lui a emboîté le pas. "Gaza reste une poudrière" et ses habitants "ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne", a-t-il lancé. "Vous devez comprendre le niveau de frustration. (...) Comme secrétaire général, je suis très en colère" de la situation, a-t-il ajouté. Et de rappeler qu'"en 2009, la communauté internationale s'était déjà réunie" en Égypte pour la reconstruction de Gaza. "Nous sommes de nouveau ici" et "le cycle construction-destructions se poursuit, il empire", a-t-il regretté. Ban Ki-moon a annoncé qu'il se rendrait mardi à Gaza pour, a-t-il dit, "écouter directement" les habitants de l'enclave.
Puis ce fut Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, pour qui "cela doit être la dernière fois que l'on appelle la communauté internationale à reconstruire Gaza". "On ne peut pas retourner au statu quo tant qui s'est révélé intenable. (...) Il faut une solution politique pour Gaza dans le cadre plus large de discussions entre Palestiniens et Israéliens sur la solution à deux États (...), la seule véritable solution à ce conflit."
Mais la perspective d'une relance des négociations a été fraîchement accueillie par le ministre des Affaires étrangères d'Israël, qui n'avait pas été invité au Caire. "Il faut voir dans quel cadre et sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne portent que sur les exigences palestiniennes, alors, c'est peine perdue", a tranché Avigdor Lieberman, dont le pays maintient toutes ses exigences, notamment le désarmement des combattants des islamistes du Hamas qui dirigent de facto Gaza.
La communauté internationale attend d'Israël un assouplissement du blocus imposé depuis huit ans sur la bande de Gaza. Elle espère aussi une plus grande stabilité politique à Gaza avec la réconciliation récente entre l'Autorité palestinienne, dominée par le parti nationaliste Fatah de Mahmud Abbas, et le Hamas, considéré comme un mouvement terroriste par Israël, les États-Unis et certains pays européens.
Le gouvernement d'union palestinien s'est réuni à Gaza jeudi pour la première fois depuis sa formation en juin, après des années de déchirements entre Hamas et Fatah.

(12-10-2014)

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