La coalition internationale a mené vendredi de nouvelles frappes contre
les principales positions du groupe Etat islamique (EI) dans la ville
kurde de Kobané en Syrie, alors que les Etats-Unis ont minimisé la
menace des jihadistes contre Bagdad, capitale de l'Irak voisin.
Plus d'un mois après le début de l'offensive de l'EI sur Kobané dont la
prise lui permettrait de renforcer son emprise sur la frontière
syro-turque, les combattants kurdes, aidés de frappes intensifiées et
mieux ciblées, opposent toujours une forte résistance aux jihadistes.
Le sort de cette ville, devenue le symbole de la lutte contre un groupe
sunnite ultraradical responsable d'atrocités en Irak et en Syrie, reste
totalement incertain malgré les combats acharnés qui ont fait près de
700 morts selon une ONG et poussé à la fuite des centaines de milliers
d'habitants de la région.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les avions de
la coalition dirigée par les Etats-Unis ont lancé six raids contre l'EI à
Kani Arabane, un quartier de l'est, après avoir visé le QG kurde
contrôlé par l'EI dans le nord.
"Il y a une coordination entre forces Kurdes et Américains, les Kurdes
leur donnent la localisation exacte des combats", selon le directeur de
l'OSDH Rami Abdel Rahmane dont l'organisation s'appuie sur un large
réseau d'informateurs et de militants sur le terrain.
Dans
le même temps, l'EI a lancé des attaques dans l'est et près du centre
de Kobané tandis que la principale milice kurde, les YPG (Unités de
protection du peuple), a mené des assauts dans le sud-ouest, a précisé
l'ONG.
Du côté turc de la frontière, le bruit des échanges de tirs -armes
automatiques et obus de mortier- étaient audibles le matin, en
provenance de la partie est de la ville située à moins d'un km du poste
de Mursitpinar.
L'EI,
dont la montée en puissance a été favorisée par la guerre civile qui
ravage la Syrie depuis mars 2011, combat sur d'autres fronts, notamment à
Deir Ezzor (est) et près d'Alep (nord) contre les forces du régime,
ainsi que contre les Kurdes à Hassaka (nord-est).
Alors que Kobané semblait il y a quelques jours en passe de tomber aux
mains de l'EI, qui en contrôle 50%, la résistance farouche des kurdes et
une intensification des frappes -100 raids depuis fin septembre- sont
parvenues à freiner l'avancée des jihadistes, selon l'OSDH.
L'instabilité de la situation a été soulignée par le Pentagone pour qui "Kobané pourrait encore tomber".
Pour aider les Kurdes, outre les frappes, des responsables américains
ont rencontré pour la première fois des membres du principal parti kurde
syrien hors de la région, probablement à Paris, a indiqué un
responsable.
Si les combats sont aussi intenses, c'est qu'aucun des deux camps ne
peut se permettre d'échouer à Kobané: sa chute porterait un coup dur à
la légitimité des YPG, sa prise permettrait à l'EI de se prévaloir
surtout d'un succès sur la coalition et les kurdes.
Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a reconnu que Kobané n'était
pas nécessairement un point stratégique. "Ce qui la rend importante,
c'est le fait que l'EI la veut. Plus il la veut, plus il déploie de
forces et de ressources, et plus il y a de cibles pour nous".
En
privé, des responsables américains reconnaissent que l'importante
couverture médiatique déployée autour de Kobané, notamment les images
des bombardements et des colonnes de fumée tournées depuis la frontière
turque en ont fait un symbole.
La Turquie a déployé des troupes, des chars et de l'artillerie à la
frontière -parfois à quelques centaines de mètres à peine des combats,
mais sans intervenir.
En Irak voisin, les Etats-Unis, après avoir reconnu être inquiets de la
progression des jihadistes qui contrôlent la majorité de la province
d'Al-Anbar (ouest) malgré les frappes, se sont montrés plus rassurants
quant au sort de Bagdad, en dépit des attentats de l'EI.
"Nous pensons à l'heure actuelle que Bagdad est à l'abri d'une menace
imminente", a dit le Pentagone. "Il n'y a pas de rassemblement massif
des forces de l'EI à l'extérieur, prêtes à y entrer".
Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI qui compte des dizaines de
milliers de combattants dont de nombreux étrangers y compris
occidentaux, est responsable de terribles exactions -viols, rapts,
exécutions, décapitations- dans le "Califat" proclamé sur les vastes
régions sous son contrôle en Irak et en Syrie.
Les
Etats-Unis ont exclu des troupes au sol pour combattre l'EI, et
cherchent dans le cadre de leur stratégie à renforcer l'armée et les
forces kurdes en Irak, et la rébellion et les Kurdes en Syrie.
(17-10-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire