Les jihadistes du groupe Etat islamique ont pris position pour la
première fois dans le centre de Kobané lundi, à la veille d'une réunion à
Washington des chefs militaires d'une vingtaine des pays de la
coalition anti-EI.
De violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes
ont par ailleurs eu lieu lundi dans les faubourgs nord de Kobané, à
moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie.
Washington, leader de la coalition anti-EI, fait pression sur Ankara
pour que la Turquie ouvre aux avions américains des bases aériennes
depuis lesquelles ils pourraient mener des raids en Syrie et en Irak.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les jihadistes
ont pu s'emparer lundi du centre culturel de Kobané et s'installer pour
la première fois dans le centre de cette localité qu'ils convoitent
depuis le lancement le 16 septembre de leur grande offensive sur cette
région kurde de la Syrie.
"Auparavant, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient mais
cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent
désormais la moitié de la localité", a indiqué Rami Abdel Rahmane,
directeur de l'OSDH.
Dans la troisième ville kurde de Syrie, la journée a par ailleurs été
marquée par trois explosions à la voiture piégée déclenchées par des
kamikazes de l'EI, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de fournir un
bilan des victimes.
Deux de ces explosions ont eu lieu au nord de Kobané dans une zone où un
journaliste de l'AFP présent à la frontière turque a pu constater que
les jihadistes avaient lancé une offensive.
Ce secteur du poste-frontière de Mursitpinar est emprunté
quotidiennement par des civils fuyant les combats et par des combattants
kurdes évacués pour être soignés dans les hôpitaux de Suruç en Turquie.
C'est devenu "un objectif stratégique" pour les jihadistes, a indiqué à
l'AFP Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en
Turquie, selon qui l'EI cerne "déjà la ville de trois côtés différents".
"S'ils réussissent à prendre le contrôle de cette zone, ils fermeront
tous les accès et pourront commencer leur massacre" à Kobané (Aïn
al-Arab en arabe).
Si l'EI a pu installer une position au centre de la ville, une semaine
après être entré à Kobané et trois jours après avoir délogé les
combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de leur QG,
ces derniers ont mené une contre-offensive dans le sud de Kobané et
repris deux positions des jihadistes, selon l'OSDH.
Près
de trois mois après le déclenchement de la campagne aérienne contre
l'EI en Irak et près de trois semaines après le début des raids visant
les jihadistes en Syrie, les chefs militaires de 21 pays de la coalition
vont faire le point mardi à Washington sur leur campagne.
Des déclarations contradictoires de Washington et Ankara sur un accord
concernant l'utilisation de bases aériennes turques par les avions
américains pour effectuer des raids contre l'EI ont semé une certaine
confusion.
Alors
qu'un responsable américain indiquait dimanche que les Etats-Unis
pourraient utiliser la grande base d'Incirlik (sud), où 1.500 Américains
sont stationnés, une source gouvernementale à Ankara a affirmé lundi
qu'un tel accord n'avait pas été signé.
Actuellement, les avions américains employés pour les bombardements
contre l'EI décollent des bases aériennes, plus éloignées, d'Al-Dhafra
aux Emirats arabes unis, d'Ali al-Salem au Koweït et d'Al-Udeid au
Qatar.
Cette confusion illustre les relations difficiles entre la Turquie et
les Etats-Unis, deux pays de l'Otan, sur le dossier syrien.
Ankara refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire
internationale au motif que les frappes aériennes dirigées contre les
jihadistes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien
Bashar al-Assad, la bête noire de ses dirigeants islamo-conservateurs.
Irak jihadistes Les autorités turques ont posé comme conditions
préalables à leur participation la création d'une zone-tampon et d'une
zone d'interdiction aérienne dans le nord de la Syrie, l'entraînement et
l'armement des rebelles de l'opposition syrienne modérée et la
réaffirmation de l'objectif de renverser l'actuel régime de Damas.
Les Kurdes ont dénoncé ces derniers jours la passivité turque face à la
situation à Kobané, et des émeutes pro-Kurdes ont fait une trentaine de
morts en Turquie.
En Irak, les Etats-Unis sont préoccupés par la situation dans la
province occidentale d'Al Anbar, à majorité sunnite, qui risque de
passer sous contrôle total de l'EI après une série de revers des forces
irakiennes.
A Bagdad, au moins 22 personnes ont trouvé la mort dans trois attentats à
la bombe qui ont eu lieu en moins d'une heure lundi dans des quartiers
chiites.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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