La Turquie a décidé d'autoriser les Etats-Unis à utiliser ses bases
aériennes pour lutter contre l'organisation Etat islamique (EI), a
indiqué dimanche un responsable américain, alors que Washington poussait
ces derniers jours Ankara à s'impliquer davantage dans la lutte contre
le groupe islamiste en Syrie.
L'armée de l'air américaine utilise depuis longtemps la grande base
d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, mais jusqu'à présent les avions
américains employés pour les frappes contre l'EI décollent des bases
aériennes d'Al-Dhafra aux Emirats arabes unis, d'Ali al-Salem au Koweït
et d'Al-Udeid au Qatar.
"Les détails de l'utilisation (des bases turques pour la lutte contre
l'EI, ndlr) sont toujours en cours d'élaboration", a déclaré un
responsable américain de la Défense, parlant à l'AFP sous le couvert de
l'anonymat.
Washington exprimait dernièrement sa frustration devant les réticences
de la Turquie, allié des Etats-Unis au sein de l'Otan, à s'engager
militairement en Syrie.
- "Bataille cruciale" -
Sur le terrain, les jihadistes de l'EI ont envoyé dimanche des renforts
vers Kobané, où les forces kurdes leur opposent une résistance farouche
dans cette ville du nord de la Syrie devenue aux yeux du monde le
symbole de la lutte contre l'EI. Les combattants kurdes des Unités de
protection du peuple (YPG) ont progressé dimanche d'une cinquantaine de
mètres en direction de leur QG d'où ils ont été délogés vendredi, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'EI
a tiré 11 roquettes sur le centre de Kobané, frontalière de la Turquie,
a précisé cette ONG. La situation reste à l'avantage des jihadistes,
plus nombreux et mieux armés. Ils contrôlent environ 40% de la ville,
particulièrement le secteur est et des quartiers dans le sud et l'ouest.
La défense acharnée des forces kurdes a néanmoins contraint l'EI à faire
venir des renforts en provenance de Raqa et Alep, leurs bastions du
nord syrien, selon l'OSDH.
"Ils envoient même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience du
combat", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Il
s'agit bien d'une bataille cruciale pour eux. S'ils n'arrivent pas à
prendre Kobané, cela va porter un coup dur à leur image (...). Ils ont
mis tout leur poids dans cette bataille".
Les défenseurs de Kobané, eux, ne peuvent recevoir de renforts car la
Turquie bloque sa frontière, empêchant notamment des Kurdes de ce pays
de se porter au secours de leurs camarades assiégés.
Cette attitude d'Ankara a provoqué ces derniers jours des émeutes pro-kurdes en Turquie, qui ont fait au moins 34 morts.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a toutefois confirmé dimanche
que son pays allait renforcer les capacités militaires de l'opposition
modérée syrienne.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réitéré sa "profonde
inquiétude sur la situation dans et autour" de Kobané et a appelé
"toutes les parties à se lever pour empêcher un massacre de civils".
Feyza Abdi, élue locale de Kobané réfugiée en Turquie mais toujours en
contact avec des combattants, a appelé la communauté internationale à
envoyer "des armes et des munitions", dont "des missiles antichars, car
ce sont les blindés qui nous font le plus de mal".
Sans cette aide, Azad Bekir, un réfugié en contact avec son frère à
Kobané, se montre "pessimiste": les combattants kurdes "tiennent bon" et
"tuent beaucoup de +bandits+ (ndlr: jihadistes) mais ces derniers
reviennent toujours plus nombreux".
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite au Caire, a
qualifié de "tragédie" la situation mais a précisé que l'approche de la
coalition par rapport à Kobané "ne définit pas (sa) stratégie" globale
contre l'EI.
Kobané
sera vraisemblablement au centre mardi d'une réunion à Washington des
chefs militaires de 21 pays de la coalition, qui vont faire le point sur
leur stratégie anti-EI près de trois mois après le déclenchement de la
campagne aérienne en Irak et près de trois semaines après le début des
raids sur la Syrie.
Les jihadistes contrôlent de larges territoires dans ces deux pays, sur lesquels ils ont instauré un "califat".
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