Les forces gouvernementales syriennes profitent des raids aériens de la
coalition internationale contre l'Etat islamique (EI) dans l'est de la
Syrie pour intensifier leurs opérations dans l'ouest contre les groupes
insurgés pourtant soutenus par les Etats-Unis et leurs alliés.
Il y a juste une semaine, l'armée de l'air loyaliste a
bombardé des positions rebelles dans les provinces de Hama, Idlib, Homs
et Alep, et autour de la capitale Damas, selon l'Observatoire syrien des
droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition.
"Dans les deux jours qui ont suivi les frappes de la
coalition, les opérations de l'aviation gouvernementale syrienne ont
baissé d'environ 90%, puis elles ont repris avec de plus en plus de
vigueur. Maintenant, la ville d'Idlib est bombardée tous les jours", a
déclaré Rami Abdelrahman, directeur de l'OSDH, organisation basée à
Londres mais qui dispose de nombreux informateurs sur le terrain.
L'armée syrienne a également annoncé la semaine dernière
avoir repris la ville d'Adra al Omalia, entre Damas et Homs.
Les frappes de la coalition contre les islamistes dans
l'Est soulagent les forces de Bashar al Assad et leur permettent de
renforcer leurs liaisons avec leurs bastions de l'ouest du pays,
souligne Isabel Nassief, une analyste spécialiste de la Syrie. "En
particulier, les forces du régime frappent les poches de la rébellion
autour de Homs et de Hama."
Depuis le début des frappes, le gouvernement de Damas a
tenu à préciser qu'il était informé à l'avance des opérations de la
coalition et s'est réjoui de voir la communauté internationale se
mobiliser enfin contre des "terroristes" qu'il dénonce depuis trois ans
et demi.
Washington, qui depuis 2011 présente Bashar al Assad comme
le principal obstacle à la paix en Syrie, reconnaît le tenir informé de
ses opérations mais récuse toute "coopération" avec lui et demande
toujours le départ du maître de Damas.
"Il ne fait aucun doute que le régime syrien va profiter
de cette guerre contre l'Etat islamique", dit une source proche des
services de sécurité libanais. "Mais je ne pense pas que l'armée
syrienne soit en mesure de pénétrer dans les zones bombardées par les
Américains. Elle est simplement satisfaite de voir les djihadistes
affaiblis et incapables de lancer de nouvelles offensives."
Devant l'Assemblée générale de l'Onu, la semaine dernière,
le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, a appelé
la communauté internationale à serrer les rangs "face au terrorisme, ce
danger contre lequel aucun pays n'est immunisé".
Dimanche dernier, le président américain Barack Obama a
souligné qu'il voulait toujours le départ de Bashar al Assad mais que
l'Etat islamique représentait aujourd'hui un danger plus pressant.
"L'EI, le groupe Khorasan, ces gens-là peuvent tuer des Américains",
a-t-il dit.
Quant aux combattants de l'Armée syrienne libre (ASL),
présentés comme les opposants modérés à Assad et soutenus par
l'Occident, ils se retrouvent aujourd'hui confrontés à l'armée syrienne
et aux djihadistes et ne cachent pas leur déception.
"Le régime Assad profite de ce qui se passe et prend
l'initiative sur plusieurs fronts, notamment dans la région de Hama",
déclare Abou Oubaïda, du groupe Harakat Hazm, membre de l'ASL.
Parmi les pays membres de la coalition constituée autour
des Etats-Unis, le Qatar, ennemi juré de Bashar al Assad, a dénoncé le
risque de voir se renforcer à Damas "un régime qui oppresse le peuple
syrien".
Quant à la Turquie, pressée d'intervenir militairement
pour arrêter la progression des djihadistes de l'EI en direction de la
ville frontalière kurde de Kobani, elle a explicitement lié son
implication au départ du président syrien.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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