La trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza menaçait
vendredi de voler en éclats, quelques heures après son entrée en
vigueur, avec la mort de huit Palestiniens et la poursuite des
hostilités. Huit Palestiniens ont été tués dans la matinée près de Rafah
(Sud) par des tirs imputés par les secours palestiniens à l’armée
israélienne, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur à 8 heures, heure
locale et pour trois jours dans le territoire ravagé. De son côté, le
gouvernement israélien a accusé le mouvement islamiste palestinien et
ses alliés de "violation flagrante" du cessez-le-feu.
Pour la première fois, Israël et le Hamas avaient pourtant tous deux
accepté dans la nuit de jeudi à vendredi une trêve humanitaire de 72
heures. Des négociations sont censées s’engager vendredi au Caire pour
que cette trêve puisse durer plus longtemps que les précédentes,
unilatérales, dans un conflit dévastateur qui, en 25 jours, a coûté la
vie à plus de 1 450 Palestiniens, en grande majorité civils, ainsi qu’à
61 soldats et trois civils côté israélien.
Mais deux heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les
sirènes ont retenti en Israël pour mettre en garde contre un tir de
roquette non loin de Rafah, et l’artillerie israélienne a riposté,
rappelant la volatilité de la situation, selon un journaliste de l’AFP
sur place. Le cessez-le-feu n’empêchera pas l’armée israélienne de
poursuivre ses opérations derrière ses positions actuelles, avait
d’ailleurs prévenu le secrétaire d’État américain John Kerry en
annonçant la trêve. Le Hamas avait quant à lui assuré qu’il répliquerait
à toute attaque israélienne. "Il n’y a aucune garantie" que les
belligérants sauront trouver un accord durable, a reconnu M. Kerry.
Le cessez-le-feu a été précédé pendant deux heures de bombardements
intenses et de tirs de roquettes, ont constaté les journalistes de l’AFP
dans la ville de Gaza. Et l’armée israélienne a annoncé la mort de cinq
soldats tués jeudi soir par des tirs d’obus palestiniens du côté
israélien de la frontière.
Dans le secteur de Khan Younès (sud), 14 Palestiniens ont été tués
dans la nuit, selon les secours, tandis que le pilonnage de l’armée
israélienne s’intensifiait également au nord de l’enclave, dans le
secteur de Jabaliya, selon un journaliste de l’AFP.
La guerre déclenchée le 8 juillet par des frappes aériennes
israéliennes vise à faire cesser les tirs de roquettes du Hamas et de
ses alliés du Jihad islamique et les attaques menées en Israël par des
commandos infiltrés par des tunnels. Depuis le début des opérations
israéliennes, le Hamas a tiré au moins 2 968 roquettes sur Israël, selon
l’armée israélienne. Le 17 juillet, l’opération "Bordure protectrice"
est passée à sa phase terrestre, l’armée pénétrant dans l’enclave
palestinienne dont elle s’était unilatéralement retirée en 2005.
La population de Gaza, prise au piège des bombardements, est "au bord
de la rupture", a prévenu Pierre Krähenbühl, le patron de l’Agence
onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA), qui accueille
230 000 réfugiés dans des conditions de précarité extrêmes dans 85
centres à Gaza. Les Gazaouis, durement éprouvés, ont essayé de mettre à
profit le cessez-le-feu comme ils pouvaient, avec très peu d’illusion
sur sa pérennité.
Le cessez-le-feu est donc "très important pour donner aux civils
innocents un répit dont ils ont bien besoin face à la violence",
acheminer l’aide humanitaire, enterrer les morts et reconstituer des
stocks, a déclaré M. Kerry, en visite à New Delhi.
"Depuis le début de la guerre, les Israéliens tirent des missiles sur
notre quartier", a expliqué Abdelgadir, 43 ans, "Regardez nos
maisons, ! Il ne reste plus rien. Il n’y a plus rien ici, plus d’eau,
plus d’électricité, plus de paix. Malgré tout, nous allons rester ici."
Ce cessez-le-feu doit aussi permettre aux deux parties d’engager,
avec la médiation de l’Égypte, des négociations "de fond", qui
aborderont tous les litiges pour parvenir à un cessez-le-feu "durable",
selon le communiqué de Washington et de l’ONU qui a annoncé la trêve
dans la nuit.
Des délégations palestinienne et israélienne étaient attendues
vendredi matin au Caire. Mais les divergences sont profondes. Outre
l’arrêt des frappes israéliennes, le Hamas exige un retrait des troupes
israéliennes, ainsi qu’une levée du blocus qui étouffe l’enclave
palestinienne depuis 2006.
Si l’opération "Bordure protectrice" bénéficie du soutien massif de
la population israélienne, elle a provoqué l’inquiétude croissante de la
communauté internationale face au très lourd tribut payé par la
population de Gaza. Au moins 242 enfants figurent parmi les morts, selon
l’Unicef.
Cette guerre est au moins aussi meurtrière que "Plomb durci"
(2008-2009), qui était déjà censée mettre un terme aux tirs de roquettes
du Hamas. Les pertes de l’armée israélienne, elles, sont les plus
lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Et trois
civils ont été tués par des roquettes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire