vendredi 1 août 2014

Israël/Palestine : le cessez-le-feu déjà menacé

La trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza menaçait vendredi de voler en éclats, quelques heures après son entrée en vigueur, avec la mort de huit Palestiniens et la poursuite des hostilités. Huit Palestiniens ont été tués dans la matinée près de Rafah (Sud) par des tirs imputés par les secours palestiniens à l’armée israélienne, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur à 8 heures, heure locale et pour trois jours dans le territoire ravagé. De son côté, le gouvernement israélien a accusé le mouvement islamiste palestinien et ses alliés de "violation flagrante" du cessez-le-feu.
Pour la première fois, Israël et le Hamas avaient pourtant tous deux accepté dans la nuit de jeudi à vendredi une trêve humanitaire de 72 heures. Des négociations sont censées s’engager vendredi au Caire pour que cette trêve puisse durer plus longtemps que les précédentes, unilatérales, dans un conflit dévastateur qui, en 25 jours, a coûté la vie à plus de 1 450 Palestiniens, en grande majorité civils, ainsi qu’à 61 soldats et trois civils côté israélien.
Mais deux heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les sirènes ont retenti en Israël pour mettre en garde contre un tir de roquette non loin de Rafah, et l’artillerie israélienne a riposté, rappelant la volatilité de la situation, selon un journaliste de l’AFP sur place. Le cessez-le-feu n’empêchera pas l’armée israélienne de poursuivre ses opérations derrière ses positions actuelles, avait d’ailleurs prévenu le secrétaire d’État américain John Kerry en annonçant la trêve. Le Hamas avait quant à lui assuré qu’il répliquerait à toute attaque israélienne. "Il n’y a aucune garantie" que les belligérants sauront trouver un accord durable, a reconnu M. Kerry.
Le cessez-le-feu a été précédé pendant deux heures de bombardements intenses et de tirs de roquettes, ont constaté les journalistes de l’AFP dans la ville de Gaza. Et l’armée israélienne a annoncé la mort de cinq soldats tués jeudi soir par des tirs d’obus palestiniens du côté israélien de la frontière.
Dans le secteur de Khan Younès (sud), 14 Palestiniens ont été tués dans la nuit, selon les secours, tandis que le pilonnage de l’armée israélienne s’intensifiait également au nord de l’enclave, dans le secteur de Jabaliya, selon un journaliste de l’AFP.
La guerre déclenchée le 8 juillet par des frappes aériennes israéliennes vise à faire cesser les tirs de roquettes du Hamas et de ses alliés du Jihad islamique et les attaques menées en Israël par des commandos infiltrés par des tunnels. Depuis le début des opérations israéliennes, le Hamas a tiré au moins 2 968 roquettes sur Israël, selon l’armée israélienne. Le 17 juillet, l’opération "Bordure protectrice" est passée à sa phase terrestre, l’armée pénétrant dans l’enclave palestinienne dont elle s’était unilatéralement retirée en 2005.
La population de Gaza, prise au piège des bombardements, est "au bord de la rupture", a prévenu Pierre Krähenbühl, le patron de l’Agence onusienne pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA), qui accueille 230 000 réfugiés dans des conditions de précarité extrêmes dans 85 centres à Gaza. Les Gazaouis, durement éprouvés, ont essayé de mettre à profit le cessez-le-feu comme ils pouvaient, avec très peu d’illusion sur sa pérennité.
Le cessez-le-feu est donc "très important pour donner aux civils innocents un répit dont ils ont bien besoin face à la violence", acheminer l’aide humanitaire, enterrer les morts et reconstituer des stocks, a déclaré M. Kerry, en visite à New Delhi.
"Depuis le début de la guerre, les Israéliens tirent des missiles sur notre quartier", a expliqué Abdelgadir, 43 ans, "Regardez nos maisons, ! Il ne reste plus rien. Il n’y a plus rien ici, plus d’eau, plus d’électricité, plus de paix. Malgré tout, nous allons rester ici."
Ce cessez-le-feu doit aussi permettre aux deux parties d’engager, avec la médiation de l’Égypte, des négociations "de fond", qui aborderont tous les litiges pour parvenir à un cessez-le-feu "durable", selon le communiqué de Washington et de l’ONU qui a annoncé la trêve dans la nuit.
Des délégations palestinienne et israélienne étaient attendues vendredi matin au Caire. Mais les divergences sont profondes. Outre l’arrêt des frappes israéliennes, le Hamas exige un retrait des troupes israéliennes, ainsi qu’une levée du blocus qui étouffe l’enclave palestinienne depuis 2006.
Si l’opération "Bordure protectrice" bénéficie du soutien massif de la population israélienne, elle a provoqué l’inquiétude croissante de la communauté internationale face au très lourd tribut payé par la population de Gaza. Au moins 242 enfants figurent parmi les morts, selon l’Unicef.
Cette guerre est au moins aussi meurtrière que "Plomb durci" (2008-2009), qui était déjà censée mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas. Les pertes de l’armée israélienne, elles, sont les plus lourdes depuis la guerre contre le Hezbollah libanais en 2006. Et trois civils ont été tués par des roquettes.

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