Aux abois il y a quelques semaines, le Hamas devrait tirer des
dividendes politiques et diplomatiques des coups qu’il porte à Israël à
Gaza, selon des analystes palestiniens et israéliens.
Le mouvement palestinien est apparu de plus en plus isolé et affaibli
depuis la destitution en juillet 2013 de son protecteur égyptien
Mohamed Morsi et l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi,
adversaire résolu de la confrérie des Frères musulmans dont est issu le
Hamas.
Ses tunnels de contrebande ont été fermés par les Egyptiens, coupant
une des rares sources d’oxygène d’un territoire asphyxié depuis 2006 par
un blocus israélien.
La grogne sociale commençait à monter parmi la population d’une
enclave que le Hamas contrôle seul depuis sept ans mais où il ne
parvient plus à payer ses quelque 40 000 fonctionnaires et où le chômage
touche 40% de la population.
Mais "la guerre a remis le Hamas dans le jeu politique, sur le plan
régional comme sur le plan international", affirme à l’AFP Adnane Abou
Amer, politologue à l’université Oumma de Gaza.
Quant à la population, elle lui sait gré de rendre les coups à
Israël, selon Moukhaïmer Abou Saada, professeur de science politique à
l’université Al-Azhar de Gaza : "Le peuple de Gaza a été détourné de la
mort lente que lui inflige le blocus au profit de la résistance contre
Israël".
Le Hamas a su orchestrer les coups d’éclat de ses combattants, comme
l’ont montré cette vidéo de propagande d’un de ses commandos sorti d’un
tunnel pour exécuter cinq soldats israéliens, ou la quasi paralysie du
trafic aérien international, saluée comme une "grande victoire", après
la chute d’une de ses roquettes près de l’aéroport de Tel-Aviv le 22
juillet.
Vingt-cinq jours de frappes massives n’ont pas anéanti la menace
militaire que fait peser sur Israël le Hamas, crédité par l’Institut
international d’études stratégiques (IISS) de 20 000 combattants.
L’armée israélienne estime en avoir tué quelques centaines mais n’a
annoncé la mort d’aucun chef important de la branche militaire du
mouvement islamiste.
"Le Hamas n’a pas été mis à genoux, ses combattants continuent de
lancer des missiles sur Israël" et "mènent une lutte acharnée pour
protéger ses tunnels", reconnaît le général de réserve israélien Yaacov
Amidror, dans une note du Centre Begin-Sadate pour les Etudes
stratégiques.
Si ses roquettes ont finalement peu fait de victimes (trois morts
pour environ 3000 tirées), elles ont maintenu une atmosphère de peur
dans les villes, notamment dans le sud d’Israël.
Elles ont mis à l’épreuve le système anti-missiles israélien Iron
Dome, efficace face à des tirs au-dessus d’agglomérations, et montré
qu’il était moins performant en cas de salves massives. Jeudi, sur les
102 roquettes lancées de la bande de Gaza, les batteries Iron Dome en
ont intercepté 17.
"Le fait qu’il ait réussi à blesser Israël a fait bondir la
popularité du Hamas", souligne Jamal al-Fadi, politologue de
l’université de Gaza.
Mais, prévient le professeur al-Fadi, le Hamas doit désormais "agir
avec pragmatisme et capitaliser politiquement sur ses succès militaires,
y compris en obtenant une ouverture du point de passage de Rafah" vers
l’Egypte.
Selon l’éditorialiste du quotidien israélien Yediot Aharonot, Nahum
Barnéa, même en cas de très hypothétique trêve durable, Israël devra
accepter deux concessions : une reconnaissance du gouvernement
palestinien d’union, composé de personnalités indépendantes mais soutenu
par le Hamas, fruit de la réconciliation entre l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP) et le mouvement islamiste ; et un
allègement partiel du blocus, comme l’exige le Hamas. "C’est le prix
qu’Israël devra payer à la fin de ses opérations."
Le quotidien livre un récit édifiant du conseil des ministres
israélien de jeudi, quand un compte-rendu des opérations par le ministre
de la Défense Moshé Yaalon a été accueilli par les commentaires
désabusés de certains de ses collègues : "Nous ne les avons pas battus".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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