Israël, pointé du doigt par Washington pour avoir fait échouer les
négociations de paix, s’estime "trahi" par la décision de la diplomatie
américaine de reconnaître le gouvernement palestinien soutenu par le
Hamas, nouvel épisode de la crise de confiance entre les deux alliés.
Plusieurs ministres israéliens se sont livrés mardi à un véritable tir
de barrage contre l’administration Obama, qui a annoncé son intention de
"travailler" avec le nouveau gouvernement d’union palestinien,
intronisé lundi, en dépit des mises en garde pressantes du Premier
ministre Benjamin Netanayhu.
"Je ne comprend pas le message américain", a déploré le ministre chargé
du Renseignement, Youval Steinitz, en accusant les Etats-Unis de
recourir à un double langage.
"Il n’est pas possible de présenter en privé ce gouvernement comme celui
du Hamas et le qualifier ensuite publiquement de gouvernement de
technocrates. C’est un gouvernement du Hamas, un gouvernement
terroriste", a martelé Steinitz, un proche de Netanyahu à la radio
militaire.
Le département d’Etat américain s’est engagé à collaborer avec la
nouvelle équipe palestinienne et à maintenir l’aide —déterminante— à
l’Autorité palestinienne, en soulignant que le cabinet de "consensus"
palestinien ne comptait "aucun membre affilié au Hamas", le mouvement
islamiste qui contrôle la bande de Gaza, bête noire d’Israël.
Cet exécutif de transition, sans mandat politique, est composé de
personnalités indépendantes et de technocrates qui a pour mission
prioritaire de préparer des élections présidentielle et législatives
d’ici la fin de l’année.
"La naïveté américaine a battu tous les records. Une collaboration avec
le Hamas, qui tue des femmes et des enfants, est inacceptable", s’est
indigné un autre proche de Netanyahu, le ministre des Communications
Gilad Erdan.
Selon le commentateur politique Chico Menaché, Netanyahu se sent
"trahi et trompé", d’autant que le Premier ministre avait assuré
dimanche à son cabinet de sécurité qu’il avait reçu l’engagement du
secrétaire d’Etat John Kerry de ne pas reconnaître dans l’immédiat le
gouvernement palestinien.
"Cela n’a pas été immédiat. Il n’a fallu que cinq heures pour que cette
reconnaissance ait lieu", a ironisé l’analyste politique.
Dans le quotidien Israël Hayom, porte-voix du Premier ministre, un
responsable israélien dénonce "le coup de poignard dans le dos" asséné
par les Etats-Unis.
Selon les éditorialistes, en parvenant à se réconcilier, les
Palestiniens ont engrangé un "succès significatif", enfonçant un nouveau
coin entre Israël et les Etats-Unis.
Les relations bilatérales —vitales pour Israël— se sont singulièrement
rafraîchies à la suite de l’échec de l’initiative de John Kerry,
attribué à la poursuite de la colonisation juive, et d’une série
d’attaques personnelles visant le secrétaire d’Etat de la part de
plusieurs dirigeants israéliens, dont le ministre de la Défense Moshé
Yaalon.
"Il faut désormais passer à l’offensive", a prôné le ministre de
l’Economie Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer
juif, qui préconise d’annexer le Goush Etzion, un bloc de colonies situé
près de Bethléem, en Cisjordanie.
Pourtant, relèvent les médias, le gouvernement israélien s’est pour
l’instant abstenu d’annoncer des mesures de rétorsion concrètes contre
l’Autorité palestinienne.
Même si le cabinet de sécurité israélien a décidé de ne pas négocier
avec le nouveau gouvernement palestinien, les contacts devraient se
poursuivre avec les dirigeants palestiniens, y compris avec le président
Mahmud Abbas, affirme la radio publique.
Au-delà, cette nouvelle crise avec Washington place Benjamin Netanyahu
dans une position difficile, le gouvernement israélien craignant que
l’Iran et les grandes puissances ne parviennent à un accord sur le
nucléaire iranien d’ici la date butoir du 20 juillet.
Malgré les dénégations de Téhéran, Israël et les puissances occidentales
soupçonnent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique. L’Etat
hébreu a affirmé à maintes reprises qu’il n’écartait pas une opération
militaire afin d’empêcher Téhéran de se doter d’une telle arme.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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