Douze civils, dont 9 enfants, ont été tués mercredi dans le
bombardement par l’armée d’un camp de déplacés en Syrie, un pays en
proie à un conflit meurtrier dans lequel des armes chimiques ont
probablement été utilisées de "manière systématique", selon
l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
A l’aube, un hélicoptère a visé un camp de déplacés situé à proximité du
village de Shajara, près de la frontière jordanienne, tuant 12 civils,
dont 9 enfants, la plus jeune victime étant une fillette de 4 ans, a
annoncé le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Sept personnes, dont trois femmes, ont été blessées. Il s’agit de civils
qui ont fui les violences dans la province méridionale de Deraa.
Ces bombardements surviennent dans un climat de violences croissantes
dans cette province où les rebelles ont réalisé des avancées ces
derniers mois, selon les militants anti-régime locaux.
La guerre qui sévit en Syrie a mis sur la route de l’exil trois millions
de réfugiés alors que six millions de personnes sont déplacées dans
leur propre pays, certaines vivant dans des camps de fortune le long des
frontières.
Dans ce conflit, toutes les armes ont été utilisées y compris chimiques.
Ainsi, selon un rappport préliminaire de l’Organisation pour
l’interdiction des armes chimiques (OIAC), les preuves rassemblées par
ses enquêteurs "accordent du crédit au point de vue selon lequel des
agents chimiques toxiques, probablement des agents irritants pour les
voies respiratoires, comme le chlore, ont été utilisés de manière
systématique au cours d’un certain nombre d’attaques" en Syrie.
Près de 8% de l’arsenal d’armes chimiques est toujours en Syrie, a
souligné l’OIAC, répétant que la Syrie allait manquer la date butoir du
30 juin pour la destruction de son stock d’agents chimiques.
La Syrie a officiellement intégré la convention sur l’interdiction des
armes chimiques en octobre 2013 dans le cadre d’un accord
russo-américain sur le démantèlement de son arsenal chimique, après des
accusations contre le régime d’avoir utilisé du gaz sarin lors d’une
attaque meurtrière près de Damas.
L’enquête sur l’utilisation de chlore avait été annoncée fin avril après
que la France et les États-Unis ont accusé le régime d’avoir utilisé un
produit chimique industriel dans des attaques contre les bastions
rebelles.
Le régime n’avait pas l’obligation de déclarer le gaz de chlore en tant
qu’arme chimique, car il est souvent utilisé par le secteur industriel.
Dans l’Est du pays près de la frontière irakienne, des combats violents
continuent d’opposer des rebelles et les jihadistes ultra-radicaux de
l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL), a indiqué mardi l’OSDH, qui
s’appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales et
militaires.
Les rebelles, modérés et islamistes, sont en guerre contre l’EIIL en
raison de sa volonté d’hégémonie et de son comportement extrêmement
brutal
L’EIIL contrôle la province de Raqa (nord) ainsi que des parties de
celles de Hassaka (nord-est) et Deir Ezzor (est). Depuis le 9 juin, il
mène une offensive massive en Irak voisin et a pris notamment le
contrôle de la deuxième ville du pays, Mossoul.
La guerre civile en cours en Syrie a atteint "un point critique,
menaçant toute la région", a indiqué mardi la Commission internationale
d’enquête indépendante sur la Syrie, en présentant sa dernière mise à
jour devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.
En dépit de l’annonce, il y a une semaine, d’une amnistie générale dont
devait bénéficier des dizaines de milliers de détenus, seuls 2.074,
selon des chiffres publiés par l’agence officielle Sana, sont sortis de
prison jusqu’à présent.
Le processus de libération se poursuivra graduellement, indique Sana.
Il y a, selon l’OSDH, 100 000 personnes emprisonnées par le gouvernement
syrien depuis le début de la révolte contre Bashar al Assad en mars
2011.
Parmi elles, figurent 18 000 personnes dont on ignore le sort.
Le conflit en Syrie a fait plus de 162.000 morts en trois ans. Il avait
commencé par une révolte pacifique contre le régime qui s’est
transformée face à la répression en une guerre meurtrière. Celle-ci
s’est compliquée avec des combats entre les différents groupes hostiles
au régime.
(18-06-2014 - Avec les agences de presse)
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