Les jihadistes ont attaqué une ville située à moins de 100 km de
Bagdad, un assaut cependant repoussé, et conquis une grande partie d’une
cité stratégique du nord-ouest du pays proche de la Syrie, suscitant
l’inquiétude grandissante de l’étranger.
Aux Etats-Unis, le président Barack Obama procède à "un examen minutieux
de chaque option à sa disposition", parmi lesquelles des frappes
aériennes grâce à des avions de combat ou des drones, un renforcement de
l’aide au gouvernement irakien ou encore une coopération avec l’Iran,
selon le secrétaire d’Etat John Kerry.
M. Obama a en outre annoncé le déploiement de 275 militaires américains
pour protéger l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad et les citoyens
américains qui y travaillent, une force "équipée pour le combat".
Depuis le 10 juin, les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au
Levant (EIIL), un groupe extrémiste déjà très actif dans la Syrie
voisine, ont pris le contrôle de la deuxième ville d’Irak, Mossoul,
d’une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d’autres
secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala (est) et Kirkouk (nord).
Les insurgés, qui visent notamment Bagdad, se trouvent à une centaine de
km au nord de la capitale et à une soixantaine à l’ouest, où ils
contrôlent déjà depuis janvier, dans la province d’Al-Anbar frontalière
de la Syrie, la ville de Fallouja.
Après plusieurs jours de déroute totale des forces de sécurité, les
autorités ont affirmé dimanche avoir "repris l’initiative", assurant
avoir tué 279 insurgés et repris samedi deux villes au nord de la
capitale.
Cependant, dans la nuit de lundi à mardi, "un groupe d’insurgés a lancé
une attaque à l’arme automatique à Baqouba", une ville située à 60 km au
nord-est de Bagdad, "avant que les forces de sécurité ne repoussent
leur assaut", a indiqué le général Abdelamir Mohamed Reda à l’AFP.
Un colonel de l’armée a affirmé que les insurgés avaient pris brièvement
le contrôle de plusieurs quartiers avant d’en être chassés.
Plus au nord, à une centaine de km de la frontière avec la Syrie, les
jihadistes se sont emparés de la plus grande partie de Tal Afar (380 km
au nord-ouest de Bagdad), a indiqué Noureddine Qabalane, numéro deux du
Conseil provincial de Ninive.
Cette ville clé se trouve sur la route vers la frontière syrienne, alors
que l’EIIL aspire à créer un Etat islamique dans la zone frontalière et
occupe déjà plusieurs secteurs du côté syrien.
Cinquante civils ainsi que plusieurs dizaines d’insurgés et membres des
forces de sécurité ont été tués dans les combats, selon M. Qabalane.
Selon Mohamed al-Bayati, un autre responsable provincial, 500 à 700 combattants insurgés ont pris part à l’assaut.
Quelque 200.000 personnes —soit la moitié de la population de Tal Afar
et de ses environs— ont fui en raison de l’avancée des jihadistes, selon
un responsable municipal.
L’offensive jihadiste suscite l’inquiétude croissante de la communauté
internationale, notamment l’Iran chiite voisin et les Etats-Unis qui se
sont militairement retirés d’Irak fin 2011 après huit ans de présence.
Des représentants de ces deux pays, qui n’ont plus de relations
diplomatiques depuis 34 ans, ont eu lundi de "brèves" discussions sur
l’Irak en marge des négociations nucléaires à Vienne, selon une
porte-parole américaine.
Les Etats-Unis ont dit qu’ils envisageaient de discuter avec l’Iran de
la réponse à l’avancée jihadiste, tout en excluant toute coopération
militaire avec Téhéran.
L’envoyé spécial de l’ONU à Bagdad, Nickolay Mladenov, a jugé pour sa
part dans une interview à l’AFP que l’offensive était "une menace vitale
pour l’Irak" ainsi qu’"un grave danger pour la région".
Le Premier ministre de la région autonome du Kurdistan irakien,
Nechirvan Barzani, a jugé qu’il "était presque impossible" que l’Irak
redevienne "comme avant Mossoul".
"La solution n’est pas militaire. Il faut un processus politique. La
communauté sunnite se sent abandonnée", a-t-il dit à la BBC.
Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 et
qui brigue un troisième mandat après les législatives d’avril qui ont vu
son bloc arriver en tête, se voit reprocher par ses opposants d’avoir
mené une politique discriminatoire à l’égard de la minorité sunnite,
centralisé le pouvoir et agi de manière autocratique.
La situation en Irak suscite en outre l’inquiétude sur les marchés
pétroliers. De gros risques pèsent sur la production pétrolière de
l’Irak alors même que ce pays est censé fournir une part significative
de l’offre supplémentaire attendue sur le marché d’ici 2019, relève
notamment dans un rapport publié mardi par l’Agence internationale de
l’énergie.
(17-06-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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