Un martyr (Ahmad Arafat Sabirin), une centaine de Palestiniens
arrêtés dont des députés et anciens ministres de l’Autorité
Palestinienne et des responsables politiques d’organisations de la
résistance (Hamas et Jihad islamique), une province entière (al-Khalil)
placée sous régime militaire, des villages et bourgs encerclés,
bombardements sur Gaza, blindés, chars et hélicoptères et plus de 10.000
militaires sous la direction de leur chef en action dans la province,
fermeture de toutes les issues et les routes, c’est le bilan de l’action
de l’occupant sioniste depuis le jeudi soir, après l’annonce de la
disparition de trois colons réservistes de l’armée aux abords de la
colonie Gush Atzion.
L’hystérie des militaires n’a rien à envier à celle des colons
« civils », qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, qu’ils vivent
dans les territoires occupés en 1948 ou en 1967. Des appels aux
meurtres (« un Palestinien par jour jusqu’au retour des colons
disparus » lancent les hordes coloniales sur Facebook) ou aux
enlèvements d’enfants palestiniens, des agressions commises sur des
citoyens palestiniens un peu partout en Cisjordanie ou dans la ville
d’al-Quds, la multiplication des incursions dans la mosquée al-Aqsa sous
la direction des députés et des rabbins. Ainsi, l’entité coloniale se
dresse toute entière pour exprimer sa soif de tuer et de soumettre le
peuple palestinien, à cause de la disparition de trois colons en
Cisjordanie occupée.
L’hystérie meurtrière actuelle de l’occupant n’est pas sans rappeler
celle qui l’a frappé en décembre 1992 lorsqu’il a expulsé 427 dirigeants
et cadres de la résistance palestinienne (Hamas et Jihad islamique)
vers le Liban, ou celle qui s’est emparé de lui après la victoire du
mouvement Hamas aux élections législatives en 2006, lorsqu’il s’est
déchaîné contre ce mouvement en arrêtant ses députés et cadres.
Netanyahu a accusé d’abord le président Abbas qui d’après lui, serait
responsable de ces disparitions parce qu’il a formé un gouvernement
« d’union nationale » suite à la réconciliation opérée avec le Hamas. Et
depuis dimanche, l’accusation vise le mouvement Hamas, après avoir
accusé pendant ces deux derniers jours « un mouvement terroriste »,
espérant que la « communauté internationale » le considère comme une
victime du « terrorisme islamiste ».
L’hystérie meurtrière qui a frappé l’entité coloniale n’est pas tant
due à la disparition des colons qu’à l’incapacité de retrouver le
moindre fil conduisant à l’expliquer, alors qu’elle se considère la
super-puissance des renseignements sécuritaires dans le monde et la
planète. Le déchaînement hystérique est dû à la faille des services
sécuritaires de l’occupant qui, trois jours et quatre nuits après ces
disparitions, ne savent même pas s’ils sont morts ou vivants, s’ils sont
en Cisjordanie, dans la province d’al-Khalil, ou ailleurs, s’ils ont
été enlevés comme ils l’affirment ou non, alors qu’ils ont même profané
les cimetières dans leurs recherches, sans parler des centaines de
maisons fouillées et des milliers de Palestiniens terrorisés.
En face, les Palestiniens jubilent. Ils ne savent pas s’ils s’agit
d’une opération d’enlèvement des colons pour les échanger contre les
prisonniers, mais ils l’espèrent. Ils refusent d’aider l’occupant : ils
ont effacé les bandes enregistrées des caméras placées dans la ville
d’al-Khalil pour que l’occupant ne puisse pas s’en servir, les médias
palestiniens ont lancé des appels demandant à tous d’éviter de « trop
parler » ou d’échanger des renseignements, mêmes futiles, sur les
réseaux sociaux, qui sont d’ailleurs surveillés par les services
sécuritaires de l’occupant, comme ils ont demandé la prudence quant à
reprendre les versions présentées par les médias sionistes, ceux-ci
dépendant des appareils sécuritaires. Plusieurs déclarations émanant de
ces services soulignent d’ailleurs que les « exécutants » ont compris et
assimilé leurs méthodes de travail et qu’ils ont réussi à éviter les
multiples obstacles de l’occupant. Dans les camps palestiniens de
Ramallah et d’al-Khalil, les jeunes résistent et affrontent l’armée
d’occupation, refusant la soumission à l’ordre colonial et jusqu’ à
présent, aucune organisation militaire de la résistance n’a revendiqué
quoi que ce soit, bien que plusieurs déclarations aient salué tout acte
pouvant conduire à la libération des prisonniers.
Alors que l’occupant recherche ses « brebis », les Palestiniens
poursuivent leur mobilisation en soutien aux prisonniers, et notamment
des détenus administratifs qui entament aujourd’hui leur 54ème jour de
grève de la faim (Ayman Ibteich mène depuis 105 jours une grève de la
faim contre sa détention administrative). L’hystérie meurtrière de
l’occupant les a, encore une fois, convaincus que la lutte des
prisonniers pour l’abolition de la détention administrative et pour la
libération et la dignité, demeure prioritaire pour le mouvement
national, et que malgré les lois criminelles (refus d’échanger tout
prisonnier et alimentation forcée des grévistes de la faim) que
l’occupant a pris et risque de prendre, rien n’empêchera leur
libération : les prisonniers sont déterminés à poursuivre leur mouvement
et les organisations de la résistance sont prêtes à riposter.
Le mouvement de la grève s’étend, malgré les mesures punitives de
l’occupant et le silence complice et mortel des organisations
internationales. Alors qu’il s’est fait remarquer par son silence
entrecoupé de quelques vagues déclarations concernant les prisonniers
palestiniens, le CICR a promptement réagi à la disparition des colons,
reprenant les accusations de l’entité occupante contre le Hamas. C’est
ce qu’espère et souhaite l’occupant qui attend la boue de secours de la
« communauté internationale » qui ne semble pas l’avoir pris trop au
sérieux jusqu’à présent. Il veut faire oublier et taire la voix des
prisonniers grévistes, il veut faire oublier ses incursions quotidiennes
et ses violations des lieux saints, la destruction du village
d’al-Araqib pour la 70ème fois, les lois racistes qu’il promulgue, ses
crimes récents à Gaza et à Ramallah, et faire croire qu’il est victime, à
cause de la disparition de trois soldats de l’occupation.
Dans son hystérie, l’occupant menace de déporter des dizaines de
responsables du Hamas et réclame le soutien de la « communauté
internationale » pour toutes les mesures d’épuration ethnico-religieuse
qu’il entend entreprendre, en Cisjordanie et dans la ville d’al-Quds,
sous prétexte de lutte « commune » contre le « terrorisme ». Mais c’est
sans compter sur la résistance palestinienne qui a déclaré être prête à
défendre la population terrorisée d’al-Khalil, considérant que la
dernière vague d’arrestations ne fait que renforcer sa détermination à
poursuivre la lutte.
Fadwa Nassar
Lundi, 16 juin 2014
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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