Tony Blair pensait souffler après ses déclarations du dimanche 15 juin,
où il niait toute responsabilité dans la prise de pouvoir progressive de
l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en Irak . "Il faut qu’on
se libère de l’idée que nous en sommes la cause. Nous ne le sommes pas."
Sans grande surprise, il a ainsi provoqué la colère de bon nombre de
spécialistes. Notamment celle de George Joffe, professeur d’études
internationales à l’université de Cambridge. C’est à ce titre qu’il
avait été convoqué au 10, Downing Street, lui et deux autres
spécialistes, en 2002.
Dans un article du Huffington Post de mercredi 18 juin, Joffe explique
que cette réunion n’avait eu lieu que pour les formes. Tony Blair n’a
pas suivi d’une oreille très attentive les dires des experts qu’il avait
conviés chez lui. Selon George Joffe, les termes de la réunion avaient
été établis d’avance : "Nous n’avions pas le droit de dire si nous
pensions que c’était une bonne ou mauvaise idée, il était clair qu’il
avait déjà pris sa décision : envahir l’Irak."
Joffe affirme avoir été clair sur les risques pour l’unité du pays si
Saddam Hussein était renversé. "Si on retire Hussein, on se retrouve
avec un trou dans la structure politique (...). Et des gens énervés
d’avoir été lésés qui finiront par réagir", avait-il expliqué à un Tony
Blair silencieux. L’éventualité d’une insurrection sunnite avait même
surgi dans la conversation. Ce à quoi, Blair, d’un air peu intéressé,
aurait répondu, en référence à Hussein : "Mais le type est un monstre,
non ?" Joffe conclut, consterné par l’attitude indolente du Premier
ministre anglais : "C’était comme parler à un mur."
Tony Blair ne peut donc plus plaider l’ignorance. Pour sa part, Joffe a
assuré qu’il existait "absolument" un lien entre la décision britannique
de 2003 et l’attaque d’EIIL contre le régime de Nouri al-Maliki en
2014.
(20-06-2014)
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