jeudi 12 juin 2014

Irak : les forces kurdes contrôlent Kirkouk

Les forces kurdes irakiennes ont pris jeudi le contrôle de la ville pétrolière de Kirkouk afin de la protéger d’un possible assaut des insurgés, qui se sont emparés cette semaine de larges portions de territoire en Irak. C’est la première fois que les forces kurdes contrôlent totalement cette ville multiethnique située à 240 kilomètres au nord de Bagdad, où normalement la sécurité est assurée par une force de police conjointe formée d’éléments arabes, kurdes et turkmènes.
"Nos forces ont achevé leur déploiement autour de la ville de Kirkouk et nous contrôlons désormais toute la ville", a dit le colonel Fateh Raouf, commandant de la 1re brigade des Peshmergas (forces de sécurité kurdes). Il a assuré que les forces kurdes "ne permettraient pas l’entrée à Kirkouk d’un seul membre de l’EIIL", en allusion aux djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant qui ont lancé une offensive fulgurante mardi, s’emparant de Mossoul, deuxième ville d’Irak, de sa province, Ninive, ainsi que de secteurs des provinces de Salaheddine et de Kirkouk.
Plus tard dans la journée, le colonel Raouf a déclaré que le ministre kurde chargé des Peshmergas, Jaafar Mustafa, avait échappé à un attentat alors qu’il venait d’une visite d’inspection de ses troupes au sud-ouest de la ville de Kirkouk. Un membre des Peshmergas est mort dans l’explosion de la bombe visant le convoi du ministre.
Le gouverneur de la province de Kirkouk, Najmeddine Omar Karim, a de son côté expliqué que "les forces des Peshmergas avaient comblé le vide laissé par le retrait de l’armée irakienne de ses positions", aux abords sud et ouest de la ville. Il a fait état de "contacts permanents avec Bagdad". "Nous envisageons de récupérer les zones prises par les combattants de l’EIIL", a-t-il ajouté sans plus de précisions et sans indiquer si les forces kurdes avaient eu le feu vert de Bagdad pour prendre le contrôle de Kirkouk.
Kirkouk est le chef-lieu d’une province éponyme, mosaïque ethnique et confessionnelle où cohabitent Kurdes, Arabes et Turcomans, sunnites et chiites, et qui est souvent le théâtre de violences. Le Kurdistan autonome irakien veut incorporer la ville à sa région, dans le nord du pays, ce que refuse le gouvernement fédéral. La ville était peuplée pour l’essentiel de Kurdes jusqu’aux années 1950, avant les campagnes d’arabisation menées par Bagdad, lors desquelles des milliers d’Arabes ont été encouragés à s’installer à Kirkouk.

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