vendredi 13 juin 2014

Irak : les volontaires affluent à Bagdad pour combattre les jihadistes

Hicham Issa a quitté sa maison de Bagdad à l’aube sans avertir son épouse pour rejoindre "l’armée populaire" formée de volontaires déterminés à défendre leur pays face à l’offensive des jihadistes qui s’approchent de la capitale irakienne.
Comme lui, des milliers de volontaires ont répondu à l’appel du gouvernement irakien, qui a affirmé qu’il fournirait des armes à tous les citoyens qui se porteraient volontaires pour combattre les insurgés.
Venus de différentes provinces du pays, ils sont rassemblés sur la base d’al-Muthanna, au coeur de Bagdad, attendant d’être affectés dans les différents centres d’entrainements crées spécialement par les autorités à Taji, au nord de la capitale.
Hicham n’a que 23 ans. Sa femme, qu’il a épousée il y a un mois et demi à peine, ne voulait pas le voir partir. Alors il a quitté la maison à l’aube, avec son beau père.
"Elle ne réalise pas le danger qui guette le pays. Si je reste à la maison et si d’autres font de même qui va défendre notre honneur ?", explique-t-il à l’AFP.
En quelques jours, les jihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont réussi à prendre Mossoul et sa province Ninive (nord), Tikrit et d’autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord), profitant de la débandade des forces de sécurité. Et ils avancent désormais sur Bagdad.
Hicham et son beau père, Hamad Kamel Hussein, estiment que les combats à venir sont "cruciaux, car nous ne devons pas abandonner notre pays aux extrémistes" de l’EIIL.
Agé de 45 ans et père de dix enfants, Hamad kamel Hussein était soldat dans l’ancienne armée de Saddam Hussein, le président irakien renversé en 2003 lors de l’invasion américaine, puis exécuté.
"J’ai entendu des appels au volontariat et je me suis précipité, en emmenant mon beau fils, car il est de notre devoir de défendre le pays contre les jihadistes", explique-t-il.
Le plus influent dignitaire chiite d’Irak a lui aussi exhorté vendredi les Irakiens à prendre les armes pour stopper l’offensive fulgurante des jihadistes sunnites.
"L’Irak fait face à un défi majeur et à un danger extraordinaire. Les terroristes ne veulent pas contrôler certaines provinces, mais ils ont annoncé qu’ils visaient toutes les provinces dont Bagdad, Kerbala et Najaf. A partir de là, la responsabilité de leur faire face et de lutter contre eux incombe à tous et ne concerne pas une seule confession ou une seule partie", a dit Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, dans un message lu par son représentant à Kerbala, au sud de Bagdad.
Répondant aux appels, des "milliers de volontaires de tous les âges" s’engagent, selon le général Fadhel Abdel Saheb, chargé du camp de recrutement d’al-Muthanna. Un afflux "sans précédent".
Parmi eux, "un certain nombre d’officiers se sont présentés pour les encadrer", s’est il félicité.
Les volontaires sont d’abord rassemblés sur cette ancienne base aérienne du centre de Bagdad, avant d’être conduits à Taji, vers les centres d’entraînement ouverts pour l’occasion.
Mohammed Mehdi Saleh, un officier de l’armée à la retraite prêt à reprendre le combat, affiche sa détermination à vouloir "servir le pays", et demande que les anciens soldats soient rappelés.
"L’amour du pays et mon désir de le servir m’ont poussé à ne pas manquer à l’appel (...) l’Irak est en danger et c’est bien le moment de le servir", dit-il avec enthousiasme.
Avant de se rembrunir et de lancer "c’est le pays des prophètes et des civilisations, comment laisser des bandits et des terroristes, le gouverner ?".
Depuis le début de l’offensive jihadiste, plus de 500 000 civils ont fui à Mossoul, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui prévoit "une crise humanitaire prolongée" en Irak. Vendredi encore environ 40 000 personnes ont fui les combats à Tikrit et à Samarra.

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