lundi 2 septembre 2013

Syrie : la Ligue arabe se prononce pour des "mesures de dissuasion"

La Ligue arabe a appelé la communauté internationale à prendre les mesures de "dissuasion" nécessaires contre le régime syrien soupçonné de recourir à l’arme chimique. Les Nations unies et la communauté internationale doivent "assumer leurs responsabilités" dans le conflit syrien, ont conclu les ministres arabes des Affaires étrangères à la fin d’une réunion tenue d’urgence dimanche soir au Caire. Selon eux, des "mesures de dissuasion" s’imposent contre "les auteurs de ce crime odieux" qui n’est autre à leurs yeux que le régime de Bashar el-Assad qu’ils accusent de l’attaque du 21 août qui a fait des centaines de morts selon l’opposition syrienne et Washington.
Les ministres n’ont toutefois pas évoqué ouvertement une frappe militaire, envisagée par les États-Unis et la France, signe de divisions au sein de l’institution panarabe où des pays comme l’Égypte, l’Algérie, l’Irak et le Liban qualifient une telle intervention d’"ingérence étrangère". Mais le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal, dont le pays veut la chute du régime Assad, y a apporté son soutien. "Toute opposition à une action internationale ne peut être qu’un encouragement pour le régime de Damas à poursuivre ses crimes". Devant les ministres arabes, le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba, a plaidé en faveur d’une intervention étrangère pour arrêter "la machine de guerre et de destruction" du régime du président Assad qui fait fi des menaces internationales.

**

Shimon Peres défend les choix d’Obama
Le président israélien Shimon Peres a défendu lundi la décision de son homologue américain Barack Obama de demander l’aval du Congrès pour une intervention militaire en Syrie, dans une interview diffusée à la radio militaire. "Il a le droit d’entrer en guerre avec l’appui du Congrès plutôt que sans (...). Je pense qu’il a des raisons de croire qu’il obtiendra le feu vert", a déclaré Shimon Peres dans une interview spéciale à l’occasion du Nouvel An juif, qui débute mercredi. "Je ne pense pas que peser des décisions revient à bégayer. Je pense qu’on a le droit de peser le pour et le contre (...), avant plutôt qu’après", a ajouté Shimon Peres. "Je lui (à Obama) fais confiance sur tout ce qui touche à Israël", a-t-il renchéri.
Barack Obama a annoncé samedi soir que, tout en approuvant le principe d’une intervention militaire en Syrie, il repoussait l’échéance d’une éventuelle frappe en la conditionnant à un vote du Congrès, en vacances jusqu’au 9 septembre. De nombreux analystes israéliens ont critiqué les "tergiversations" du président américain, à qui ils reprochent d’affaiblir la force de dissuasion américaine au Moyen-Orient, notamment face à l’Iran, accusé par Israël et les pays occidentaux de vouloir se doter de l’arme atomique.
Shimon Peres est le premier responsable israélien à s’exprimer de manière explicite sur la décision de Barack Obama. Dimanche, le Premier ministre Benyamin Netanyahou s’est contenté de déclarer qu’Israël restait "prêt à tous les scénarios". Le président Peres a une fonction essentiellement honorifique, mais il bénéficie d’une autorité morale en Israël et dans le monde en tant que doyen de la politique israélienne. Malgré le délai de la décision américaine sur le sujet, Israël, voisin de la Syrie, reste prêt à de possibles débordements sur son territoire en cas d’intervention militaire étrangère contre Damas.

**

Syrie : l’armée reste en état d’alerte
L’armée syrienne est toujours en état d’alerte même si la perspective d’une frappe américaine s’est éloignée, affirme lundi un haut responsable des services de sécurité. "L’agression américaine contre la Syrie, si elle se produit, est une forme de soutien au terrorisme. (...) L’armée est en état d’alerte et le restera jusqu’à ce que le terrorisme soit complètement éradiqué", a-t-il dit sous le couvert de l’anonymat.
Le régime syrien de Bashar el-Assad qualifie de "terrorisme" la rébellion qui tente depuis deux ans et demi de le renverser et qui est soutenue par des pays occidentaux et arabes. "Les mercenaires en Syrie n’ont pas atteint leurs objectifs et, comme eux, ceux qui se tiennent derrière eux vont échouer", a poursuivi le responsable. "Une intervention américaine directe serait une forme de la guerre permanente menée contre la Syrie en vue de soutenir le terrorisme", selon lui. "La Syrie se défendra par tous les moyens", a-t-il prévenu. "La Syrie et le peuple syrien continueront de résister et seront capables de vaincre le terrorisme."
Dimanche, Bachar el-Assad a prévenu de nouveau que son armée pouvait faire face à toute attaque, après le recul du président Barack Obama qui a repoussé la perspective d’une intervention en demandant au Congrès l’autorisation de mener une frappe contre le pouvoir syrien soupçonné de recourir aux armes chimiques.

**

Menace contre la tenue d’une « Conférence de paix »
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé lundi que des frappes américaines en Syrie pourraient "reporter pour longtemps, voire à jamais" la tenue d’une conférence de paix.
"Si l’action annoncée par le président américain (Barack Obama), au grand regret de nous tous, a lieu, (...) cela va reporter pour longtemps, voire à jamais, les perspectives de cette conférence", a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse avec son homologue sud-africaine Maite Nkoana-Mashabane, en visite à Moscou.
A la suite d’une attaque à l’arme chimique dans la banlieue de Damas le 21 août, attribuée par les Américains au régime du président Bashar al-Assad, Barack Obama a demandé au Congrès américain de voter en faveur de frappes aériennes en Syrie.
Russes, Américains et l’ONU s’efforcent depuis plusieurs mois de mettre sur pied une conférence de paix dite Genève 2, qui doit offrir une solution politique négociée entre Damas et la rébellion.
Cette conférence doit reprendre les lignes d’un accord international signé à Genève le 30 juin 2012, mais jamais appliqué, dessinant les contours d’une transition politique en Syrie.
Ce deuxième volet du "processus de Genève" devait initialement se tenir en juin, puis en juillet, mais souffre des désaccords majeurs sur son objectif et ses participants, ainsi que de la poursuite de la guerre qui a fait plus de 100 000 morts en deux ans et demi.

**

"La France ne va pas s’engager toute seule"
La France ne se lancera pas seule dans le conflit en Syrie si le Congrès des États-Unis vote contre une intervention, a déclaré la présidente de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, Patricia Adam (PS), citée lundi par le quotidien Ouest-France. "La France ne va pas s’engager toute seule. Le Livre blanc de la défense le dit clairement. Si le Congrès américain s’oppose à l’intervention, la France n’ira pas", a estimé Mme Adam, députée PS du Finistère.
"Si le Congrès dit oui à une frappe, la question se posera alors de savoir si nous soutenons l’intervention", a-t-elle ajouté, tout en soulignant que "l’on ne peut laisser faire" s’il y a eu utilisation d’armes chimiques en Syrie. Le président américain Barack Obama a décidé samedi de demander l’avis du Congrès avant d’engager une intervention en Syrie. Le Congrès ne se réunit pas avant le 9 septembre.

**

L’Iran "rejette l’usage de la force"
L’Iran est prêt à aider à trouver une solution "pacifique" au conflit en Syrie, a affirmé le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif en rejetant de nouveau toute intervention militaire étrangère dans ce pays. Mohammad Javad Zarif, dont le pays est un allié du régime syrien, a fait part de cette position iranienne lors d’une conversation téléphonique, dimanche soir, avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, a indiqué lundi la radiotélévision iranienne (Irib) sur son site internet. "Tout en rejetant l’usage de la force pour résoudre la crise en Syrie", Mohammad Javad Zarif a affirmé que l’Iran était "prêt à trouver une solution pacifique" en Syrie, ravagée par une guerre civile depuis plus de deux ans.
Téhéran a multiplié les mises en garde aux États-Unis et à leurs alliés contre les conséquences sur la région d’une frappe militaire contre le régime du président Bashar el-Assad, accusé d’avoir eu recours à des armes chimiques dans une attaque contre les rebelles le 21 août près de Damas. Cette attaque a fait des centaines de morts, dont un grand nombre d’enfants, selon Washington, l’opposition et une ONG syriennes. L’Iran, qui condamne tout usage de ces armes prohibées et prône une solution politique au conflit, affirme que l’attaque aurait pu être menée par les rebelles qui veulent la chute du régime Assad.
Auparavant, Mohammad Javad Zarif avait affirmé qu’une approbation éventuelle par le Congrès américain d’une frappe en Syrie serait une violation du droit international, estimant que "seul le Conseil de sécurité de l’ONU - dans des conditions particulières - peut donner une autorisation" à l’usage de la force. Le président américain Barack Obama a déclaré samedi qu’il avait pris la décision de principe de frappes contre le régime syrien mais demandé au Congrès de donner son feu vert à une telle opération. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) n’ont pas réussi à adopter une position commune sur une éventuelle frappe en Syrie, Moscou et Pékin rejetant cette option.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire