Les grandes puissances réunies à New York ont progressé mercredi vers un
accord sur plusieurs points cruciaux d’une résolution des Nations unies
sur le désarmement chimique syrien, au moment où les experts de l’ONU
faisaient leur retour à Damas.
Sur le terrain, la rébellion qui combat le régime de Bashar al-Assad
depuis deux ans et demi s’est fracturée encore davantage, les principaux
groupes islamistes rompant avec l’opposition politique et annonçant une
nouvelle alliance avec un groupe lié à Al-Qaïda.
Les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de
sécurité (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine) ont trouvé un
accord sur "les principaux points" d’une résolution de l’ONU encadrant
le désarmement chimique syrien, a indiqué un diplomate.
"D’importants progrès ont été faits sur certains points mais il reste
des divergences et il faudra poursuivre les négociations", a nuancé un
autre. Un diplomate russe a déclaré à l’AFP "que les discussions
n’étaient pas terminées sur certains points essentiels", sans donner de
détails.
"Nous faisons des progrès mais nous ne sommes pas au bout de nos peines", a assuré à l’AFP un responsable du département d’Etat.
Occidentaux et Russes s’opposent depuis des jours sur les moyens de
contraindre la Syrie à appliquer le programme d’élimination de ses armes
chimiques annoncé le 14 septembre à Genève.
Mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le président
américain Barack Obama avait réclamé une résolution des Nations unies
"ferme", assortie de "conséquences" pour le régime du dictateur Assad s’il ne
tenait pas sa promesse de détruire ses armes chimiques.
Le texte désormais sur la table mentionne la possibilité de prendre
ultérieurement "des mesures sous chapitre 7", c’est-à-dire coercitives,
si la Syrie se dérobe à ses engagements de désarmement. Elle ne contient
cependant pas de menace immédiate, selon une source diplomatique.
A Damas, l’équipe d’experts dirigée par Aake Sellström est arrivée dans
un convoi de trois véhicules de l’ONU. Elle doit vérifier "13 ou 14"
allégations des deux camps sur un recours à l’arme chimique dans les
combats à travers le pays.
M. Sellström avait indiqué récemment que son équipe espérait pouvoir
présenter un rapport final sur les accusations "peut-être à la fin
octobre".
En août, ils avaient enquêté sur une attaque à l’arme chimique du 21
août près de Damas, qui avait fait près de 1.500 morts selon Washington.
Dans leur rapport le 16 septembre, ils avaient conclu à l’utilisation
de gaz sarin à une large échelle dans cette attaque, sans pointer du
doigt les responsables.
Mais pour Washington, Paris et Londres, ce rapport ne laissait "aucun
doute" quant à la "responsabilité extrêmement claire" du régime syrien.
, fidèle alliée de Damas, a en revanche dénoncé ce rapport et réclamé le
retour de la mission en Syrie pour enquêter sur d’autres attaques
présumées dont elle accuse les rebelles.
L’attaque du 21 août avait conduit Washington à menacer Damas de frappes
militaires, une action finalement repoussée sine die après l’engagement
du régime syrien à démanteler d’ici la mi-2014 son arsenal chimique aux
termes d’un accord conclu le 14 septembre entre la Russie et les
Etats-Unis.
Lors de la réunion au siège de l’ONU, le secrétaire général Ban Ki-moon
et les ministres ont par ailleurs souligné "l’importance de redoubler
d’efforts pour résoudre la crise humanitaire à la fois en Syrie et dans
les pays voisins", selon le porte-parole de l’ONU Martin Nesirky.
D’après l’ONU, plus de deux millions de Syriens ont fui dans les pays
limitrophes et environ six millions d’entre eux ont été déplacés à
l’intérieur du pays.
Le Liban en accueille le plus grand nombre, des responsables libanais
évoquant la présence sur leur territoire de plus de 1,2 million de
Syriens.
La première réunion du groupe international de soutien au Liban, qui
comprend notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité,
avait lieu mercredi en fin de journée à l’ONU.
"Aujourd’hui à New York, nous disons aux Libanais et aux Libanaises que
nous sommes à leur côté de façon concrète et dans la durée", a déclaré
le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.
"Nous voulons redonner (au Liban) stabilité et espoir", a-t-il ajouté.
La Grande-Bretagne a annoncé mercredi qu’elle allait verser 160 millions
de dollars d’aides supplémentaires pour les réfugiés syriens, portant
le total de l’aide britannique à plus de 800 millions de dollars.
L’annonce mardi par 13 importants groupes rebelles islamistes qu’ils
rompaient avec la Coalition nationale syrienne (CNS) en exil a porté un
nouveau coup à celle-ci.
Dans un communiqué, les signataires affirment que la Coalition "ne nous
représente pas et nous ne la reconnaissons pas", appelant "tous les
groupes civils et militaires à s’unir sous la bannière de la charia (loi
islamique)".
"Ceci est extrêmement dommageable" pour l’Armée syrienne libre (ASL),
jusqu’à présent principale coalition de groupes armés liée à
l’opposition en exil, car les 13 groupes "représentent une portion
significative de l’opposition armée et regroupent ses meilleurs
combattants", selon Charles Lister, un analyste au IHS Jane’s Terrorism
and Insurgency Centre.
Cette rupture avec la CNS et l’ASL désavantage également l’opposition
face au régime en cas de négociations de paix pour régler le conflit en
Syrie, qui a fait plus de 110.000 morts en plus de deux ans et demi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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