Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu va tenter aux
Etats-Unis de persuader le monde que la menace nucléaire iranienne n’a
pas diminué malgré "l’offensive de charme" du président iranien Hassan
Rohani.
De l’avis de la plupart des commentateurs israéliens, cette mission
s’annonce "très difficile" pour Netanyahu, qui doit rencontrer lundi
le président américain Barack Obama et prononcer mardi un discours
devant l’ONU.
Selon les médias, le Premier ministre se retrouve isolé face à un
président iranien qui a marqué des points sur les fronts médiatiques et
diplomatiques durant sa visite la semaine dernière à l’ONU et aux
Etats-Unis.
Sur la défensive, Netanyahu n’a cessé avant son départ de mettre en
garde contre les tentatives de l’Iran de "tromper" le monde, et prôné un
durcissement des sanctions internationales contre Téhéran.
"J’ai l’intention de dire la vérité face à l’offensive de belles paroles
et de sourire (de Rohani). On doit avancer des faits. Dire la vérité
aujourd’hui est vital pour la sécurité et la paix du monde et de l’Etat
d’Israël", a souligné le Premier ministre peu avant de prendre l’avion.
Il avait qualifié auparavant de "cynique" et "totalement hypocrite", le
discours prononcé par le président Rohani devant l’Assemblée générale
des Nations unies à New-York. Pour le Premier ministre, l’Iran
s’apprêterait à suivre l’exemple de la Corée du nord, qui avait assuré
ne pas vouloir se doter de l’arme atomique avant de reconnaître disposer
de cette arme.
L’Iran est soupçonné par les Occidentaux et Israël de mener un programme
nucléaire militaire sous couvert de son programme civil, ce qu’a de
nouveau démenti le président Rohani à l’ONU.
La ligne dure adoptée par Netanyahu a subi un nouveau et grave revers
vendredi lorsque les présidents iranien et américain se sont parlé au
téléphone, nouant ainsi un contact sans précédent à ce niveau depuis la
révolution islamique de 1979.
Netanyahu a ordonné à ses ministres de ne pas commenter publiquement
cet entretien, pour éviter qu’ils émettent des critiques contre Obama,
ont indiqué les médias.
Uzi Arad, ancien directeur du conseil de la sécurité nationale et proche
de Netanyahu, a regretté à la radio militaire "un adoucissement des
positions américaines face à l’Iran". "Les fissures apparues dans la
position du président Obama m’inquiètent, il faut l’amener à être
cohérent par rapport à ce qu’il disait dans le passé sur l’Iran", a
ajouté M. Arad.
Dans un de ses éditoriaux, le quotidien gratuit Israël Hayom, qui
soutient M. Netanyahu, a même été jusqu’à affirmer qu’un "vent munichois
souffle en Occident" en allusion à l’abandon par la France et la
Grande-Bretagne de la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie lors de la
conférence de Munich en 1938.
Cette inquiétude doublée d’amertume contraste avec l’assurance
manifestée l’an dernier par Netanyahu, qui avait présenté à la
tribune de l’ONU un graphique représentant une bombe atomique iranienne,
et tracé avec emphase une ligne rouge que Téhéran ne devait pas
dépasser pour ne pas s’exposer à une attaque militaire.
La stratégie offensive adoptée par le Premier ministre ne fait toutefois
pas unanimité. Le président Shimon Peres, tenu pourtant à un devoir de
réserve, n’a pas ménagé dimanche ses critiques.
"On peut être d’accord ou ne pas être d’accord (avec les Américains)
mais je n’aime pas ce ton méprisant. D’autres ont aussi à cerveau pour
réfléchir, pas seulement nous", a affirmé le président Peres, estimant
qu’il vaut mieux "tenter d’influencer" les Américains.
La chef de l’opposition travailliste Shelly Yacimovich a pour sa part
mis en garde contre une approche "paranoïaque" du dossier iranien, en
soulignant que le gouvernement devait tout faire pour éviter que les
intérêts "d’Israël et des Etats-Unis apparaissent comme
contradictoires".
Alon Pinkas, un ancien consul général d’Israël à New-York, a lui aussi
estimé que Netanyahu a fait une erreur en "jouant les prophètes de
malheur". "L’an dernier le problème dans le monde, c’était les Iraniens,
désormais c’est nous", selon M. Pinkas.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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