Le président syrien Bashar el-Assad a assuré sur une télévision
américaine que son pays détruirait son énorme arsenal chimique, une
opération qui coûtera un milliard de dollars et prendra au moins un an.
Cet entretien, réalisé mardi à Damas et diffusé mercredi soir par la
chaîne FoxNews, a montré un président Assad visiblement sûr de lui, au
moment où le Conseil de sécurité de l’ONU débat d’une résolution qui
pourrait prévoir l’usage de la force si le régime syrien ne respectait
pas un plan de démantèlement de ses armes chimiques agréé le 14
septembre par Moscou et Washington.
Après deux ans et demi de conflit et plus de 110 000 morts, le chef de
l’État syrien a également assuré que son pays n’était "pas en guerre
civile", mais plutôt confronté à une "nouvelle sorte de guerre" menée
par des "dizaines de milliers de djihadistes" de plus de 80 nationalités
étrangères, dont "80 % à 90 %" seraient des combattants "d’al-Qaida".
D’après lui, depuis mars 2011, "des dizaines de milliers de Syriens" et
15 000 soldats gouvernementaux ont été tués, la plupart par "des
attaques terroristes, des assassinats et des attentats-suicides".
Dans cette deuxième interview ce mois-ci à une télévision américaine et
dans le cadre d’une offensive auprès de médias occidentaux, Bashar
el-Assad a répété que l’attaque aux armes chimiques du 21 août près de
Damas était le fait des rebelles, et non de ses forces armées. L’allié
russe défend la même position. Au contraire, les Occidentaux et
plusieurs pays arabes accusent le régime syrien d’avoir perpétré ce
massacre, qui avait failli déclencher il y a quelques jours des frappes
militaires américaines et françaises.
Mais les États-Unis - dont le président Barack Obama est très réticent
pour toute nouvelle aventure militaire au Moyen-Orient - et la Russie
ont trouvé un accord samedi à Genève pour démanteler l’arsenal chimique
syrien, le plus important de la région. "Je crois que c’est une
opération techniquement très compliquée. Cela requiert beaucoup
d’argent, autour d’un milliard" de dollars, a estimé Bashar el-Assad,
qui évalue encore à "une année, peut-être un peu plus", le temps
nécessaire pour "se débarrasser" de son stock d’armes chimiques.
Conformément à l’accord de Genève, Moscou a en outre annoncé après des
discussions avec Damas que la Syrie s’était engagée à fournir dans le
délai imparti d’une semaine une information complète sur son arsenal
chimique. Mais les deux alliés se sont activés mercredi pour empêcher
toute résolution à l’ONU susceptible d’ouvrir la voie à un usage de la
force contre la Syrie si elle ne se pliait pas à l’accord de Genève.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, France,
Russie, Chine, Royaume-Uni) ont encore eu de nouvelles consultations sur
ce projet de résolution. Selon des diplomates à l’ONU, les Occidentaux
cherchent à convaincre la Russie que leur projet de texte n’implique pas
la menace d’une action militaire immédiate. Washington et Paris
poussent pour une résolution "forte et contraignante". Si un compromis
est trouvé avec Moscou, cette résolution pourrait être soumise au vote
ce week-end. Mais Russes et Occidentaux étalent leurs divergences depuis
deux jours sur la Syrie.
Moscou, qui affirme que l’attaque chimique du 21 août est "une
provocation" des rebelles syriens, a accusé l’ONU d’avoir rendu lundi un
rapport aux "conclusions politisées, de parti pris et unilatérales" sur
ce massacre. Le porte-parole de l’ONU Martin Nesirky a fermement
défendu la crédibilité d’un rapport qui "confirme sans équivoque et de
manière objective l’utilisation d’armes chimiques en Syrie", mais sans
nommer les responsables.
Et même si la voie diplomatique est dorénavant privilégiée, Washington a
répété que ses moyens militaires en Méditerranée orientale resteraient
"les mêmes". "Il est évident que la menace claire de recours à la force
par les États-Unis a conduit au processus diplomatique. Nous devons
conserver l’option militaire comme auparavant", a affirmé le secrétaire à
la Défense Chuck Hagel. De son côté, le nouveau président iranien
Hassan Rohani, dont le pays soutient Damas, a affirmé sur la chaîne
américaine NBC : "Nous ne sommes pas le gouvernement syrien. [...] Nous
sommes l’un des pays de cette région qui demandent la paix et la
stabilité, et l’élimination de toutes les armes de destruction massive
dans toute la région." La situation sur le terrain ne cesse d’empirer,
selon l’ONU, pour qui près de sept millions de Syriens ont besoin d’une
aide humanitaire d’urgence.
À Homs, dont les quartiers rebelles sont assiégés par l’armée depuis 15
mois, des militants ont lancé un appel aux organisations humanitaires.
"La majorité des habitants présentent des symptômes de malnutrition. Il
n’y a pas d’eau potable", et les maladies se multiplient, a expliqué à
l’AFP Yazan, un activiste. Dans le nord du pays, des combattants
d’al-Qaida se sont emparés de la ville d’Azaz, près de la frontière
turque, après de violents combats contre des rebelles, ont déclaré des
militants à l’AFP. À Malulaa, la plus célèbre localité chrétienne de
Syrie, les combats entre l’armée et les rebelles continuaient, des
tireurs embusqués ouvrant le feu sur toute cible. "Il n’y a que le soir
où nous pouvons nous mouvoir sans craindre les tirs", a dit un soldat à
l’AFP.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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