L’éxécution du prisonnier Islam Toubassi, jeune Palestinien de 22
ans, arrêté par les forces de l’occupation, soulève à nouveau la
pratique courante de l’occupation, depuis 1948, envers les prisonniers
palestiniens et arabes. Islam Toubassi a été arrêté à l’aube du mardi 18
septembre, dans le camp de Jénine, lors d’un nouveau raid mené contre
le camp de Jénine, par plus de 100 soldats de l’occupation. Islam
Toubassi fut réveillé par les soldats, selon le témoignage de son frère
Ibrahim, qui ont tiré sur lui, le blessant à la jambe. Il est arrêté et
emmené par les soldats de l’occupation. Quelques heures plus tard, son
corps est livré à la famille. Il a été froidement exécuté par
l’occupant, la blessure à la jambe n’ayant pu certainement pas entraîner
la mort.
Des dizaines de prisonniers ont été, depuis l’Intifada al-Aqsa,
exécutés par l’occupant sioniste, de cette manière, c’est-à-dire après
leur arrestation, au cours de leur transport dans les blindés de l’armée
d’occupation, ou dans les postes d’arrestation. En tout cas, avant leur
transfert en prison et avant leur « jugement ». Souvent blessés, ils
sont tout simplement achevés. L’occupant ne s’encombre pas des
Palestiniens : il les exécute. C’est la pratique des « droits de
l’homme » du colonisateur raciste, que le monde « libre » occidental
continue à soutenir, en refusant de le dénoncer, en poursuivant ses
alliances militaires, économiques et culturelles avec lui, et en lui
assurant une couverture politique et diplomatique. La communauté
internationale, ONU et pays impérialistes, CICR et associations des
droits de l’homme, sont aussi responsables que les criminels qui ont
achevé le martyr Islam Toubassi. Nous n’avons aucune illusion là-dessus,
même si un responsable de l’Autorité Palestinienne a appelé à porter
cette affaire devant les tribunaux internationaux, pour juger le nouveau
crime perpétré par l’Etat sioniste. Un simple appel pour se dédouaner,
pour empêcher la révolte.
Appeler à traduire l’Etat colonial en justice, pour ce nouveau crime,
relève du ridicule, quand on sait que l’exécution des prisonniers a
toujours été une pratique de cet Etat, depuis 1948. C’est ce que vient
de dévoiler, noir sur blanc, un nouveau livre paru sur les prisonniers
palestiniens, entre 1948 et 1953, à partir de témoignages de ces
Palestiniens encore vivants, qui vivent aujourd’hui dans les territoires
occupés en 1948, sur lesquels fut installée la colonie israélienne. La
lecture des témoignages qui se recoupent souvent, ne laisse aucun doute,
puisque la plupart des faits racontés sont corroborés par les archives
de l’Etat colonial, d’une part, et celles du CICR, de l’autre.
Des camps de concentration
Le livre publié récemment par l’Institut des Etudes Palestiniennes,
écrit par l’historien Mustafa Qubbaha et le journaliste écrivain Wadi’
Awawdeh, comble une étape importante de l’histoire des prisonniers
palestiniens et des prisons et camps de concentration sionistes, dans la
Palestine occupée, qu’ils viennent tout juste de proclamer « Etat
d’Israël ». Sitôt l’Etat proclamé, les rafles commencent, partout et
sans motifs. La plupart des hommes considérés comme pouvant porter des
armes furent emmenés, de force ou par la ruse, et incarcérés. De 1948 à
1953, entre 8000 et 120000 détenus palestiniens furent placés dans des
camps, quelques-uns provisoires, d’autres permanents, comme le camp
d’Ijlil, le plus vaste, où ont été détenus près de 4000 Palestiniens, en
majorité des civils. Dans ce camp situé au nord de Yafa, fut froidement
exécuté Salim Yafaoui, membre du comité national ayant organisé la
défense de la ville de Yafa, en 1948. Le résistant fut exécuté par un
gardien du camp, par une balle tirée dans le dos. Son corps fut exposé
pendant plusieurs jours, « pour servir de leçon », avant d’être remis au
CICR. Le second camp fut celui de Atlit, installé en juillet 1948.
Plusieurs détenus palestiniens furent exécutés, sans la moindre
justification, dont Hassan, du village de Zarkouna, dans la région de
Yafa. Il s’était proposé pour aller cueillir des fruits que les gardiens
souhaitaient avoir. A peine s’est-il déplacé qu’il fut froidement
assassiné, dans le dos, encore une fois.
Dans trois autres camps de concentration, les prisonniers étaient
forcés de travailler. C’était le cas pour les camps de Sarafand (camp
militaire britannique transformé en prison), camp Tel Levinsky et le
camp d’Um Khaled.
La forteresse historique de Akka fut transformée en prison par les
Britanniques, qui y exécutèrent les premiers prisonniers martyrs, Fouad
Hijazi, Ata Zeer et Mohammad Jamjoum, le 17 juin 1930, suite à la
première révolte d’al-Bouraq, contre la présence sioniste aux environs
de la mosquée al-Aqsa. Lorsque les sionistes s’emparent du pays, ils
maintiennent la prison dans la forteresse et exécutent 19 prisonniers,
au moins, selon leurs compagnons, après avoir été sommairement jugés par
un tribunal militaire.
Le témoignage de Jumaa Ghanem de Tiret al-Karmel, qui fut détenu dans
la prison de Akka, est sans équivoque : « Un tribunal d’exception fut
installé, dans le poste de police. Ils nous prenaient un à un, nous
entendions un peu plus tard trois coups de feu, nous ne savions pas ce
qui se passait. Mais cependant, personne ne revenait. Nous avions pensé
qu’ils voulaient juste nous terroriser. Mon tour est arrivé. Deux
soldats m’emmènent vers la place de la prison. J’y retrouvais tous ceux
qui ont été emmenés avant moi. Leurs corps inanimés étaient plongés dans
le sang. Je me suis retrouvé devant le juge, entouré de trois officiers
et de deux traducteurs… »
La barbarie de l’occupant sioniste ne date pas d’ajourd’hui, comme
peuvent le prouver tous les massacres commis entre 1947 et 1948, pour
semer la terreur et obliger les survivants à quitter leur pays. Mais
ceux qui sont restés, eux, ont dû subir l’humiliation et la terreur
quotidienne, ils ont dû assister à la destruction brutale de leur pays,
de leurs villes et de leurs villages. Ils furent pourchassés,
emprisonnés, encerclés, puis soumis à un régime militaire. Et c’est
aussi dans ces camps de concentration que l’occupant a installés, qu’ils
ont réalisé la véritable nature de ces envahisseurs venus d’ailleurs.
Fadwa Nassar
18 septembre 2013
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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