"Maaloula, cité de la culture et de l’histoire, vous souhaite la
bienvenue", assure un panneau à l’entrée de la plus célèbre localité
chrétienne de Syrie.
Mais à l’intérieur, des tireurs embusqués
ouvrent le feu sur des cibles dans les rues désertes, où une équipe de
l’AFP a échappé aux balles des rebelles.
Dans cette ville fantôme, les militaires combattent un ennemi invisible.
"On ne le voit jamais mais on entend le claquement de ses balles tirées
avec des Gragunov", le fusil mitrailleur russe préféré des
francs-tireurs, raconte un soldat tapi derrière un mur, l’arme à la
main.
Une voiture est arrêtée sur le bord de la route, le pare-brise explosé.
Le chauffeur est vraisemblablement mort, ses affaires gisent sur la
chaussée.
Alors que le photographe de l’AFP venait de traverser la rue, le
journaliste qui le suivait a été la cible de tirs. Il a dû s’allonger
derrière un muret sur le terre-plein de la chaussée pour échapper au
franc-tireur.
Dès qu’il essayait de bouger, le tireur faisait immédiatement feu. Il a
fallu que des soldats tirent dans sa direction pour que le journaliste
puisse s’échapper vers une cour entre deux maisons.
Un véhicule blindé est ensuite venu pour faire feu et permettre à
l’équipe de partir. "C’est tous les jours ainsi, il n’y a que le soir où
nous pouvons nous mouvoir sans craindre les tirs", explique le soldat.
"Nous avons repris une grande partie de la ville mais les terroristes
nous empêchent de la contrôler totalement à cause de leurs
francs-tireurs", assure un colonel qui dirige les opérations sur le
terrain.
"Nous continuons à avancer doucement mais c’est très difficile car nous
nous pouvons pas la bombarder en raison des trésors historiques qu’elle
recèle", ajoute-t-il.
Les rebelles, dont des jihadistes liés à Al-Qaïda, ont pris le contrôle
de la cité le 9 septembre. Trois jours plus tard, l’armée syrienne est
entrée dans Maaloula pour les chasser.
Maaloula, dont la population atteint jusqu’à 5.000 personnes, est
majoritairement chrétienne l’été, quand des centaines de chrétiens de
Damas et de l’étranger viennent y séjourner. Mais l’hiver, les musulmans
sont les plus nombreux.
Cette localité située à 55 km au nord de Damas doit sa renommée à ses
refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme. La
majorité de ses habitants chrétiens sont grecs-catholiques et parlent
l’araméen, la langue du Christ. Le nom de la ville vient de Maala, qui
veut dire entrée dans cette langue.
La localité est célèbre au Proche-Orient pour la fête de l’Exaltation de
la Sainte-Croix le 14 septembre. Cette année, pour la première fois,
les collines n’ont pas été illuminées de grands feux et les habitants et
les visiteurs, chrétiens ou musulmans, ne se sont pas déplacés pour les
grands diners et cérémonies religieuses.
Si l’arche à l’entrée de la localité est très abimée en raison de
l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze contre un
barrage de l’armée, qui a fait huit morts, la localité ne porte pas les
stigmates de la guerre en raison du refus de l’armée d’utiliser
l’artillerie. Seul le dôme de l’Eglise Saint-Élie est perforé.
"Cette guerre risque d’être longue car ils se cachent dans la montagne
et dans un hôtel sur le sommet, mais je pense qu’à terme nous
l’emporterons", dit le colonel de l’armée syrienne.
(18-09-2013 - Assawra)
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