C’est du jamais-vu depuis 2005. Les présidents français et iranien,
François Hollande et Hassan Rohani, se sont serré la main mardi, avant
de discuter au siège des Nations unies du programme nucléaire iranien,
de la Syrie et du Liban. Sans effusions, arborant l’un comme l’autre des
sourires de circonstance, les deux chefs d’État, flanqués des drapeaux
iranien, français et européen, ont échangé deux poignées de main
"techniques", le temps de laisser oeuvrer la dizaine de photographes et
de cameramen choisis par les deux délégations. François Hollande a
également adressé quelques mots de bienvenue au président iranien, qui
arborait sa tenue traditionnelle, turban blanc et cape noire.
Puis ils se sont engouffrés dans le bureau de la délégation française,
au siège des Nations unies. Avec le Royaume-Uni, la France est le seul
pays à avoir le privilège de posséder un tel bureau, dans le saint des
saints de l’organisation mondiale, sa célèbre tour surplombant les rives
de l’East River. Sous bonne garde, les deux dirigeants, leurs ministres
des Affaires étrangères, Laurent Fabius et Mohammad Javad Zarif, et
quelques proches ont pris place autour d’une table de verre
rectangulaire dans le bureau avec sa vue spectaculaire.
La rencontre à huis clos s’est prolongée pendant une quarantaine de
minutes. Puis François Hollande a pris congé de son hôte avec un mot
aimable, évoquant "un premier contact qui en appelle d’autres". Quant à
Hassan Rohani, il a souhaité très diplomatiquement "un meilleur avenir"
pour la relation entre les deux pays. Un proche du président Hollande a
parlé d’une "rencontre dans un climat poli et courtois", marquée par "un
dialogue franc et direct".
François Hollande en a outre souligné devant son interlocuteur "le
caractère historique" de la rencontre, a-t-on confié de même source. Sur
le fond, le président français a "noté les paroles d’ouverture" de son
homologue iranien sur la Syrie ou le programme nucléaire de Téhéran. Les
États-Unis et leurs alliés soupçonnent ce programme d’avoir des visées
militaires, ce que l’Iran dément. Mais François Hollande a souligné
aussi qu’il attendait que ces paroles soient "traduites maintenant dans
les faits", insistant sur la nécessité de "parvenir à un gouvernement de
transition en Syrie" et à "des résultats rapides" sur le contrôle
international du programme nucléaire de Téhéran. Quant à Hassan Rohani,
il a souhaité dans le huis clos de la rencontre que "la guerre prenne
fin" en Syrie, se montrant "ouvert" à l’organisation d’une nouvelle
conférence internationale de paix, d’ores et déjà baptisée Genève 2.
François Hollande restera comme le seul dirigeant occidental de premier
plan à avoir rencontré le nouveau dirigeant iranien lors de cette 68e
Assemblée générale des Nations unies. L’hypothèse d’un possible
entretien avec le président américain Barack Obama, évoquée un temps, a
finalement été écartée. Cette rencontre au sommet, organisée à la
demande de la partie iranienne qui a lancé une offensive de charme à New
York et occupé le devant de la scène lors de cette 68e Assemblée
générale des Nations unies, avait été soigneusement préparée par les
entourages des deux présidents, qui s’étaient mis d’accord la veille sur
son ordre du jour. Huit ans plus tôt, la précédente rencontre entre
deux chefs d’État français et iranien avait réuni Jacques Chirac et le
réformateur Mohammad Khatami à Paris, en marge d’une manifestation de
l’Unesco (organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la
culture).
François Hollande s’est aussi exprimé devant un parterre de chefs d’État
sur les principaux sujets internationaux. Parmi ses propositions
fortes, il souhaite notamment que soit institué un "code de bonne
conduite" auprès des États membres du Conseil de sécurité de l’organisme
- États-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie -, de telle sorte
qu’à chaque fois qu’a lieu un "crime de masse" les cinq pays abandonnent
leur droit de veto.
Comme auprès d’Hassan Rohani, le président français a réclamé des
"gestes concrets" de la part de l’Iran sur le dossier nucléaire,
appelant de ses voeux un dialogue "direct et franc". "Ce que la France
attend de l’Iran, ce sont des gestes concrets qui témoignent que ce pays
renonce à son programme nucléaire militaire, même s’il a le droit à un
programme civil", a-t-il déclaré.
Le président français devait dans
l’après-midi rencontrer le président iranien Hassan Rohani au siège des
Nations unies, une rencontre inédite à ce niveau depuis 2005, quand
Jacques Chirac s’était entretenu à Paris avec le réformateur Mohammad
Khatami. Le président français a voulu voir une "lueur" dans les
récentes déclarations, plus conciliantes, du nouveau président iranien.
"Elles marquent une évolution", a-t-il estimé. "Ses mots doivent
maintenant se traduire dans des actes. Dans le dossier nucléaire, les
discussions piétinent depuis dix ans", a-t-il rappelé.
François Hollande a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à adopter
une résolution prévoyant "des mesures coercitives" à l’encontre du
régime syrien de Bachar el-Assad. Le chef de l’État français entend que
la résolution en préparation puisse "prévoir des mesures coercitives,
c’est-à-dire sous chapitre 7, qui ouvriraient la voie à une éventuelle
action armée contre le régime en cas de manquement à ses obligations",
a-t-il déclaré.
(25-09-2013 - Assawra avec les agences de presse)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire