lundi 2 septembre 2013

Syrie : Hollande peut-il se passer du Parlement ? (Assawra)

La seule fois que le Parlement a été consulté ces dernières années, c’était en 1991, quand le gouvernement a engagé sa responsabilité devant l’Assemblée nationale sur l’envoi de troupes françaises dans le Golfe.
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le gouvernement est certes tenu par l’article 35 d’informer le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, "au plus tard trois jours après le début de l’intervention". Mais il ne doit impérativement consulter par vote les parlementaires que quand l’intervention dépasse quatre mois.
Sinon, les articles 49-1 (déclaration de politique générale) et 50-1, qui permet au gouvernement d’organiser un débat, voire un vote, au Parlement, peuvent être utilisés pour le faire voter pour ou contre une intervention française.

Guerre du Golfe (1990-1991)
La guerre du Golfe donne lieu à deux brèves sessions extraordinaires du Parlement. Le 27 août 1990, avec une déclaration du gouvernement suivie d’un débat sans vote, puis le 16 janvier 1991, quand Michel Rocard engage la responsabilité de son gouvernement par un vote, avec une déclaration de politique générale annonçant l’envoi de troupes françaises dans le Golfe, en vertu de l’article 49-1 de la Constitution.

Kosovo (1999)
À l’occasion de la participation des armées françaises au bombardement de l’Otan pendant le conflit du Kosovo, trois débats sans vote à l’Assemblée nationale ont été organisés : le 26 mars, soit deux jours après le début de l’intervention, le 27 avril et le 8 juin. Aucun n’a débouché sur un vote. Le 13 avril, une séance exceptionnelle de questions consacrées au Kosovo a aussi eu lieu.

Bosnie (1994)
Le conflit bosniaque a fait l’objet d’un débat sans vote à l’Assemblée nationale le 12 avril 1994.

Afghanistan (2001-2013)
En 2001, le Premier ministre Lionel Jospin exclut un vote du Parlement sur l’intervention en Afghanistan que réclament aussi bien les communistes et les Verts que de nombreux députés de l’opposition. "Nous ne faisons pas la guerre à l’Afghanistan", martèle-t-il.
En septembre 2009, la droite est au pouvoir et l’Assemblée nationale donne son feu vert au maintien des troupes françaises en Afghanistan par 343 voix (UMP, Nouveau Centre) contre 210 (PS, PCF et Verts).
En janvier de la même année, suite à la révision constitutionnelle de 2008, les parlementaires sont appelés à se prononcer sur la prolongation de cinq autres "opérations extérieures" de la France : Kosovo, Liban, Côte-d’Ivoire, Tchad et République centrafricaine.

Libye (2011)
En février, la France prend, avec la Grande-Bretagne, la tête de la mobilisation internationale contre le colonel Muammar Kadhafi et participe activement aux frappes aériennes. En mars, le Premier ministre François Fillon défend cette action devant le Parlement, dans une ambiance quasi consensuelle. Le 12 juillet, les parlementaires votent la prolongation de l’intervention.

Mali (2013)
Fin février 2013, un large consensus se dégage lors d’un premier débat au Parlement sur l’intervention française au Mali (l’opération Serval) qui a débuté le 11 janvier. Le 22 avril, la discussion est suivie d’un vote conformément à l’article 35 : députés et sénateurs se prononcent massivement pour la prolongation de l’intervention (zéro voix contre, abstention des élus du Front de gauche).

(01-09-2013 - Assawra avec les agences de presse)

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