Poussés depuis plusieurs jours à la fuite par l'offensive du régime à
Alep, des milliers de Syriens, principalement des femmes et des enfants,
attendaient samedi sans abri et dans le froid de passer en Turquie qui
garde pour le moment sa frontière fermée.
Les Européens ont rappelé à la Turquie son devoir, au regard du droit
international, d'accueillir les réfugiés syriens, alors qu'aucune entrée
ou sortie du poste-frontière d'Oncupinar (appelé Bab al-Salama côté
syrien) n'était autorisée samedi matin, selon une journaliste de l'AFP
sur place.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a assuré que
la Turquie restait fidèle à sa "politique de la frontière ouverte" pour
les réfugiés, sans préciser quand les milliers de Syriens actuellement
bloqués seraient autorisés à entrer dans son pays.
"Nous maintenons toujours cette politique de la frontière ouverte pour
les gens qui fuient l'agression du régime (syrien) ainsi que les frappes
russes", a déclaré M. Cavusoglu en sortant d'une réunion avec ses
homologues européens à Amsterdam.
Sur le terrain, les troupes de Bashar al-Assad, appuyées par l'aviation
russe et les combattants du Hezbollah, consolidaient leurs
positions au nord de la ville d'Alep (nord), avec des raids aériens
intenses nocturnes sur la localité rebelle d'Anadane, à 10 km de la
métropole.
Damas a mis en garde samedi contre toute intervention terrestre
étrangère sur son sol après des informations faisant état d'éventuels
envois de troupes saoudiennes et turques dans le pays en guerre.
"Toute intervention terrestre sur le territoire syrien sans
l'autorisation du gouvernement est une agression face à laquelle il
faudra résister", a affirmé le chef de la diplomatie Walid Mouallem lors
d'une conférence de presse à Damas.
Après avoir coupé leur principale route d'approvisionnement, les
prorégime assiègent désormais les rebelles dans les quartiers Est sous
leur contrôle à Alep, où se trouvent encore quelque 350.000 civils selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), avec l'objectif
ultime de les reprendre.
Devant l'offensive des troupes du régime lancée lundi et les raids
intensifs russes -environ un millier-, des dizaines de milliers de
Syriens du nord de la province d'Alep ont pris la fuite en direction de
la frontière turque.
"La situation des déplacés est dramatique", a affirmé à l'AFP le
directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane, alors que plus de la moitié de
la population syrienne a été jetée hors de chez elle en près de cinq ans
de conflit.
"Les familles dorment depuis plusieurs jours dans les champs ou des
tentes, dans le froid alors qu'aucune ONG internationale n'est présente
pour les aider. Ils s'entraident entre eux", a-t-il dit.
Selon des vidéos postées par militants, les déplacés étaient massés dans
des champs autour de la ville d'Azaz, à 5 km du porte-frontière, alors
que la Croix-Rouge internationale a dit préparer avec le Croissant rouge
syrien "une réponse humanitaire dans le nord d'Alep, mais l'accès reste
difficile".
Depuis lundi, quelque 40.000 civils selon l'OSDH ont fui leurs foyers
dans six localités reprises aux rebelles au nord de la ville d'Alep.
"Les habitants ont aussi fui d'autres localités encore sous contrôle
rebelle face à la puissance de feu russe", selon M. Abdel Rahmane.
Selon les derniers chiffres de l'ONU, 20.000 personnes se bousculent
dans la ville syrienne de Bab al-Salama, face au poste-frontière turc
d'Oncupinar toujours fermé samedi.
Mais l'ONG islamique turque IHH a été autorisée à franchir la frontière
pour apporter de l'aide d'urgence, notamment de l'eau, de la nourriture
et des couvertures, aux Syriens à Bab al-Salama. Au moins huit camions
d'IHH ont effectué la rotation, selon une journaliste de l'AFP au
poste-frontière.
L'agence du gouvernement turc en charge des situations d'urgence a
préparé un plan d'accueil d'urgence, alors que la Turquie accueille déjà
plus de 2,5 millions de Syriens, a indiqué la presse russe.
Depuis vendredi, de nouvelles tentes ont été montées dans un camp déjà
installé près du poste-frontière. "Nos équipes sont prêtes à leur
fournir de l'eau et de la nourriture dès qu'ils seront chez nous", a dit
le président du Croissant-rouge turc.
Farouchement hostile à l'intervention russe et au régime de Bashar, les
Etats-Unis ont exhorté la Russie à mettre fin à ses frappes en Syrie et à
appliquer un cessez-le-feu.Mais la Russie a répondu qu'elle ne les
cesserait pas.
La province d'Alep est l'un des principaux fiefs des rebelles en Syrie.
Elle leur est d'une importante primordiale vu qu'elle est frontalière de
la Turquie, un pays hostile au régime d'où ils peuvent acheminer des
renforts en hommes, en matériel et en vivres.
Mais cette énorme province est partagée entre régime, rebelles syriens,
organisation jihadiste Etat islamique et forces kurdes et sa prise
totale par le pouvoir, qui a repris depuis lundi plusieurs localités
rebelles en direction de la ville éponyme, est une tâche ardue.
Alors que la communauté internationale plus que jamais divisée reste
incapable de trouver une solution au conflit dévastateur qui a fait plus
de 260.000 morts, les efforts diplomatiques se poursuivent.
Le 11 février, le Groupe international de soutien à la Syrie se réunit à
Munich où Moscou veut mettre "certaines nouvelles idées sur la table".
Le 25 février, l'ONU espère remettre sur les rails les pourparlers
indirects entre gouvernement et opposition à Genève.
Déclenché en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques
proréformes, le conflit en Syrie a dégénéré en une guerre ouverte
complexe qui a favorisé la montée en puissance de l'EI et l'implication
de grandes puissances sur un territoire morcelé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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