Un accord de cessez-le-feu entrera en vigueur en Syrie le 27
février à minuit, heure de Damas (2 heures GMT). Le département d'État à
Washington a diffusé le communiqué établi après l'accord entre les
États-Unis et la Russie. Cette interruption des hostilités - qui ont
fait des dizaines de milliers de morts et des millions de réfugiés
depuis cinq ans - ne concernera toutefois pas Daesh, le groupe terroriste auto-proclamé État islamique (EI) et le Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda en Syrie. "La cessation des
hostilités s'appliquera aux parties prenantes au conflit syrien qui ont
indiqué qu'elles respecteront et appliqueront les termes" de l'accord,
précise en effet le communiqué. Ces parties ont jusqu'au 26 février 12
heures, heure locale (14 heures GMT), pour faire part, aux États-Unis ou
à la Russie, de leur adhésion à cet accord.
À Riyad, où des groupes clés de l'opposition syrienne étaient de nouveau
réunis lundi 22 février, un porte-parole du Haut Comité des
négociations (HCN) a indiqué que "les rebelles (étaient) en train
d'étudier l'accord (de cessez-le-feu)". "Nous en discutons avec l'envoyé
spécial américain pour la Syrie, Michael Ratney", a affirmé Riad Naasan
Agha. De son côté, le secrétaire général de l'ONU a salué l'annonce
américano-russe comme un "signe d'espoir pour la population syrienne".
Ban Ki-moon a aussi "exhorté les parties prenantes à (le) respecter",
ajoutant qu'il "reste beaucoup de travail à faire pour l'appliquer".
Une annonce faite quelques heures après des attentats meurtriers
Cette proposition de trêve intervient près de trois semaines après
l'échec de négociations de paix intersyriennes à Genève et au lendemain
d'une vague d'attentats revendiqués par Daesh, à Homs contre des Alaouites, et près de Damas contre des Chiites, deux communautés
"mécréantes" à ses yeux. Le double attentat-suicide perpétré à 400
mètres du mausolée de Sayeda Zeinab, honni par les djihadistes sunnites
et lieu sacré à défendre pour les chiites, a fait 134 morts, dont 97
civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Il
s'agit de l'attentat le plus meurtrier depuis le début en mars 2011 du
conflit en Syrie, qui a fait plus de 260 000 morts et poussé à la fuite
plus de la moitié de la population du pays. Il a été mené quelques
heures après une double attaque à la voiture piégée, également
revendiquée par Daesh, dans un quartier à majorité alaouite à Homs, qui a
fait 64 morts selon l'OSDH.
Daesh est en guerre contre les Alaouites, communauté issue du chiisme et à
laquelle appartient le dictateur syrien Bashar el-Assad, et contre le
Hezbollah libanais et l'Iran chiites, venus prêter main-forte au régime
syrien. Par cette double opération sanglante et en coupant, lundi avec
d'autres djihadistes une route vitale permettant au régime d'accéder à
la ville septentrionale d'Alep, Daesh a voulu montrer que ses récents
revers face à l'armée de Bashar - qui doit ses victoires aux Russes - et aux Kurdes n'avaient pas entamé sa capacité
d'action. D'après le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, les
djihadistes de Daesh, visés à la fois par les frappes de la coalition
internationale menée par les États-Unis et par les raids russes,
"veulent envoyer un message pour montrer qu'ils sont toujours puissants
malgré les frappes". Daesh a par ailleurs libéré les 42
derniers des 220 Chrétiens assyriens qu'il avait kidnappés en février
2015 lors d'une attaque dans l'est du pays, selon l'Observatoire
assyrien des droits de l'homme.
Les premières victimes du conflit sont les civils
Pour la Russie, alliée indéfectible du régime de Bashar, les attentats de
l'État terroriste n'ont d'autre objectif que de torpiller "les
tentatives pour trouver un règlement politique de long terme à la crise
(...) et les efforts pour mettre fin au bain de sang". Dans un
communiqué, les Affaires étrangères russes ont souligné la nécessité de
"solidement bloquer" les tentatives de Daesh, d'Al-Nosra et "d'autres
groupes terroristes" "d'aggraver encore la situation en Syrie" et dans
les pays voisins en provoquant des tensions confessionnelles.
Tous les efforts en vue d'un cessez-le-feu ont jusque-là échoué, les
multiples protagonistes sur le terrain voulant à tout prix éliminer l'un
l'autre, en plus des profondes divisions internationales et de la
montée en puissance de Daesh et d'Al-Nosra. Une trêve censée entrer en
vigueur vendredi dernier conformément à un accord international parrainé
par Moscou et Washington avait ainsi été complètement ignorée. Pour sa
part, la Commission d'enquête de l'ONU dans son dernier rapport, remis
lundi 22 février, a recommandé de faire de la justice un élément
essentiel du processus de paix pour ce pays en guerre. "Alors que la
guerre entre dans sa sixième année, les atrocités sont omniprésentes et
persistantes", peut-on lire dans le document. "Les premières victimes"
restent les civils, qui sont souvent la cible d'attaques délibérées par
l'ensemble des belligérants. Déclenché par une répression brutale de
manifestations pacifiques proréformes, le conflit en Syrie s'est
transformé en guerre complexe impliquant des puissances internationales
et régionales, qui a provoqué un désastre humanitaire.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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