La Tunisie a annoncé dimanche la prolongation d'un mois de l'état
d'urgence réinstauré dans tout le pays en novembre, après un
attentat-suicide contre la garde présidentielle en plein Tunis.
"Après avoir consulté le chef du gouvernement et le président de
l'Assemblée des représentants du peuple sur les questions en lien avec
la sécurité nationale, surtout la situation aux frontières et dans la
région, le président de la république a décidé de prolonger l'état
d'urgence d'un mois à partir du 22 février 2016", a annoncé la
présidence dans un communiqué sur sa page officielle sur Facebook.
Le président Béji Caïd Essebsi avait proclamé l'état d'urgence dans tout
le pays et un couvre-feu dans le Grand Tunis le 24 novembre, dans la
foulée de l'attentat revendiqué par Daesh contre
un bus de la sécurité présidentielle, qui avait fait 12 morts.
Si le couvre-feu a été rapidement levé, l'état d'urgence a lui été prolongé en décembre de deux mois, jusqu'au 21 février.
La Tunisie a été frappée en 2015 par trois attentats majeurs revendiqués
par l'EI. Outre l'attentat contre les agents de la garde
présidentielle, 59 touristes et un policier ont été tués en mars dans
une attaque au musée du Bardo et dans un attentat en juin sur une plage
et dans un hôtel près de Sousse (est).
L'état d'urgence permet notamment aux autorités d'interdire les grèves
et les réunions "de nature à provoquer ou entretenir le désordre", de
fermer provisoirement "salles de spectacle et débits de boissons" ainsi
que de "prendre toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et
des publications de toute nature".
Début octobre, la Tunisie avait levé l'état d'urgence imposé quelques
jours après l'attentat de Sousse qui avait fait 38 morts, tous des
touristes étrangers, le 26 juin.
Les Tunisiens ont déjà vécu plus de trois ans sous état d'urgence, du 14
janvier 2011, quelques heures avant la fuite du dictateur Zine El
Abidine Ben Ali, à mars 2014.
La Tunisie fait face depuis sa révolution en 2011 à un essor de la
mouvance jihadiste et des milliers de Tunisiens se trouvent en Irak, en
Syrie et en Libye dans les rangs de groupes extrémistes. D'après les
autorités, les auteurs des attaques du Bardo et de Sousse ont été formés
au maniement des armes en Libye.
Vendredi, des avions de combat américains ont mené un raid contre un
camp d'entraînement de Daesh en Libye. Selon un responsable libyen, la
plupart des 49 personnes tuées étaient "arrivées il y a un mois de
Tunis, ou peut-être moins".
A Washington, un responsable militaire américain a affirmé que le raid
avait "probablement provoqué la mort du cadre opérationnel de Daesh
Noureddine Chouchane", Tunisien de 36 ans soupçonné d'être derrière les
attentats du Bardo et de Sousse.
Plusieurs ONG tunisiennes et internationales ont appelé les autorités à
garantir les droits de l'Homme malgré cette situation d'exception,
notamment après des centaines de descentes policières souvent musclées.
"On demande aujourd'hui aux Tunisiens de choisir entre la sécurité et
les droits et libertés, mais ils veulent les deux", avait plaidé Amnesty
International.
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