Le journaliste palestinien Mohammed al-Qiq, qui était en grève de la
faim depuis 94 jours pour protester contre sa détention sans procès en
Israël, a accepté vendredi de s'alimenter au terme d'un accord avec
l'Etat hébreu, selon ses proches.
Il s'agit de l'épilogue d'un long bras de fer judiciaire qui a plongé le
journaliste dans un état de santé "critique", selon son épouse Fayha
Chalach.
"Un accord a été trouvé pour que son placement en détention
administrative prenne fin le 21 mai et qu'il ne soit pas renouvelé", a
annoncé le Club des prisonniers palestinien, qui défendait M. Qiq. "Il
arrête aujourd'hui sa grève de la faim", a indiqué le Club, mais
"restera dans l'hôpital d'Afoula", dans le nord d'Israël, "pour y subir
les soins nécessaires" jusqu'au 21 mai.
M. Qiq avait été arrêté en novembre à son domicile à Ramallah, en
Cisjordanie occupée. La sécurité intérieure israélienne a dit l'accuser
d'être un membre actif de l'organisation islamiste Hamas, considérée
comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Le reporter de 33 ans de la chaîne de télévision saoudienne al-Majd,
condamné en 2008 à 16 mois de prison pour appartenance à un organisme
affilié au Hamas, dit, lui, ne se livrer qu'au journalisme.
- 'Sa volonté l'a emporté' -
Dans son village natal de Doura, dans le sud de la Cisjordanie, son
épouse s'est félicitée, devant une foule de Palestiniens, que "la
volonté du journaliste Mohammed al-Qiq l'a emporté" face au régime de la
détention administrative israélienne.
Cette mesure extrajudiciaire permet à Israël de détenir des suspects
sans procès ni inculpation pour six mois renouvelables indéfiniment.
En vertu de cette disposition, M. Qiq et ses avocats n'avaient pas accès aux faits qui lui étaient reprochés.
Sous quelques heures, a expliqué l'épouse du journaliste, sa famille
devrait pouvoir le visiter à l'hôpital, où les premières injections de
minéraux doivent lui être administrées.
Officiellement, la justice israélienne avait gelé l'ordre de détention
administrative de M. Qiq mais ne l'autorisait pas à quitter l'hôpital
sans autorisation. De nombreuses discussions avaient eu lieu entre ses
défenseurs et la justice afin que le journaliste soit transféré dans un
hôpital palestinien car sa famille, originaire de Cisjordanie occupée,
n'était pas autorisée à le visiter à Afoula, dans le nord d'Israël. Il y
restera finalement en vertu de l'accord de vendredi.
La mobilisation autour de Mohammed al-Qiq était devenu un nouveau
casse-tête pour Israël qui avait déjà dû se pencher ces derniers mois
sur les cas de deux autres détenus administratifs palestiniens qui usait
de l'arme de la faim pour défendre leur cause.
Mohammed Allan, présenté par le mouvement Jihad islamique comme l'un des
siens, avait observé une grève de la faim d'environ 60 jours l'été
dernier, défiant les autorités, prises entre le souci de ne pas céder
aux pressions des prisonniers et le risque d'un accès de violences
palestiniennes s'il mourait.
L'affaire avait encore été compliquée par l'adoption d'une loi votée en
juillet 2015 précisément pour faire face à de telles situations et
permettant de nourrir de force un prisonnier. Seulement une telle
pratique se heurte aux vives résistances des médecins, pourtant
indispensables a priori pour la mettre en oeuvre.
Ayant frôlé la mort, Mohammed Allan avait finalement été libéré en novembre 2015.
Avant lui, Khader Adnane, lui aussi présenté comme un militant du Jihad
islamique, avait observé une grève de la faim d'une soixantaine de
jours, et fini par être libéré en juin 2015, également à l'issue d'un
accord.
Pour les deux hommes, la mobilisation de la rue et des mouvements
palestiniens avait été plus importante. En 94 jours, la grève de la faim
de M. Qiq a, elle, semblé s'essouffler, alors que l'Union européenne,
le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les organisations de
défense des droits de l'Homme s'alarmaient régulièrement de l'état de
santé du journaliste, auquel les médecins ont à deux reprises administré
des compléments alimentaires contre son gré.
Selon le Club des prisonniers palestinien, outre M. Qiq, 17 autres
journalistes ou étudiants en journalisme sont détenus par Israël, dont
l'un depuis plus de 20 ans.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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