Le dictateur syrien Bashar al-Assad s'est dit
déterminé à reprendre le contrôle de toute la Syrie, mais a averti que
les combats contre les rebelles qui cherchent depuis près de cinq ans à
le renverser pourraient être "longs".
Dans une interview exclusive à l'AFP réalisée jeudi dans son bureau à
Damas, Bashar, au pouvoir depuis 2000, a affirmé vouloir mener des
négociations avec l'opposition tout en poursuivant la guerre contre la
rébellion armée.
La guerre en Syrie a fait plus de 260.000 morts en près de cinq ans et poussé des millions de personnes à l'exil.
"Il n'est pas logique de dire qu?il y a une partie de notre territoire à laquelle nous renoncerons", a-t-il dit.
La reconquête de tout le territoire syrien, aujourd'hui divisé entre des
portions contrôlées par le régime, des rebelles et des jihadistes, "est
un but que nous chercherons à atteindre sans hésitation (...) que nous
soyons capables de le faire ou non", a poursuivi le président âgé de 50
ans.
"Depuis le début de la crise, nous croyons totalement aux négociations
et à l'action politique. Cependant, négocier ne signifie pas qu'on
arrête de combattre le terrorisme. Les deux volets sont indispensables
en Syrie (...) Le premier volet est indépendant du second", a souligné Bashar .
Le régime syrien désigne par "terroriste" tout ses opposants armés qu'ils appartiennent à une tendance modérée ou jihadiste.
Il s'agit de la première interview de Bashar à un média depuis l'échec
le mois dernier des pourparlers de Genève et le lancement par son armée
au début du mois d'une vaste offensive militaire dans la région d'Alep
(nord) appuyée par les bombardements de l'aviation russe.
Cette offensive a poussé des dizaines de milliers de Syriens à fuir les combats et à tenter de se réfugier en Turquie.
Selon le Boucher de Damas, la "bataille principale" d'Alep dans le nord de la Syrie
a pour but de "couper la route" entre cette province et la Turquie, et
non pas de prendre la deuxième ville du pays, qui est divisée entre
secteurs tenus par les rebelles et quartiers contrôlés par le régime.
L'importance de couper cette route tient au fait qu'elle constitue "la
voie principale de ravitaillement des terroristes", a-t-il dit, en
référence aux rebelles soutenus par la Turquie, l'Arabie Saoudite et le
Qatar.
Bashar n'a d'ailleurs pas écarté le risque d'une intervention
militaire turque et saoudienne en Syrie mais a affirmé que ses forces y
feraient face.
"C'est une possibilité que je ne peux pas exclure pour la simple raison
que (le président turc Recep Tayyip) Erdogan est quelqu'un d'intolérant,
de radical, un pro-Frères musulmans et qui vit le rêve ottoman (...) Il
en est de même pour l'Arabie Saoudite. De toute manière, une telle
action ne sera pas facile pour eux et nous allons très certainement y
faire face", a-t-il indiqué.
Evoquant la crise des migrants, le président syrien a affirmé que
l'Europe devait créer les conditions pour aider au retour des réfugiés
dans leur pays.
"Je vais appeler les gouvernements européens qui ont contribué
directement à l'exode (des réfugiés syriens) en fournissant une
couverture aux terroristes et en imposant un embargo à la Syrie à aider
au retour des Syriens chez eux", a-t-il dit.
Il a par ailleurs catégoriquement rejeté les accusations de l'ONU
rendant son régime responsable de crimes de guerre, affirmant que la
plupart des rapports des institutions des Nations unies étaient
"politisés" et infondés.
Les enquêteurs de l'ONU sur la Syrie ont accusé lundi Damas d'"extermination" de détenus dans les prisons.
"Les institutions onusiennes (...) sont essentiellement dominées par les
puissances occidentales et la plupart de leurs rapports sont politisés"
et "n'avancent pas de preuves", a-t-il soutenu.
"C'est pourquoi je ne crains ni ces menaces ni ces allégations", a-t-il
répondu lorsque les journalistes de l'AFP lui ont demandé s'il ne
craignait pas de devoir rendre des comptes un jour devant un tribunal
international.
Par ailleurs, Bashar a appelé la France à "changer de politique" en
Syrie afin de "combattre le terrorisme", estimant que ce n'était pas à
son pays de faire "un geste envers" Paris pour améliorer les relations
entre les deux pays.
Interrogé sur le départ de Laurent Fabius du poste de chef de la
diplomatie française, Bashar a déclaré que "le changement de
personnalités (n'était) pas vraiment d'une grande importance" et que
c'était "plutôt le changement de politique" qui (comptait).
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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