La priorité de toute intervention terrestre qui
serait lancée en Syrie doit être la lutte contre le groupe terroriste Daesh dit Etat
islamique (EI), a déclaré jeudi le ministre saoudien des Affaires
étrangères, tout en réaffirmant que le président Bashar al-Assad n'avait
"pas d'avenir".
Dans un entretien avec l'AFP, Adel al-Jubeir a par ailleurs écarté une
réduction par son pays de la production de pétrole qui tourmente
beaucoup les marchés ces dernières semaines.
A propos de la Syrie, il a rappelé que l'Arabie Saoudite avait "exprimé
sa disposition à envoyer des forces spéciales dans le cadre de la
coalition (internationale) dans le but d'éliminer Daesh (acronyme arabe
de l'organisation terroriste dite EI). C'est là la mission et là la responsabilité".
A plusieurs reprises ce mois-ci, l'Arabie Saoudite s'est déclarée disposée à
participer à une intervention terrestre si la coalition anti-Daesh,
commandée par Washington, en décidait ainsi.
M. Jubeir, 54 ans, a souligné qu'il ne pouvait "pas spéculer" sur une
éventuelle transformation des opérations anti-EI à plus long terme en
actions militaires pour chasser le régime de Bashar.
"Ce serait une chose sur laquelle la coalition internationale devrait
prendre une décision. Pour l'heure, l'objectif d'une quelconque force
terrestre ou de forces spéciales serait de combattre Daesh au sol afin
de lui prendre du territoire", a précisé le ministre saoudien qui s'est
exprimé en anglais et en arabe pendant cette interview.
Le Pentagne a confirmé mardi que l'Arabie Saoudite avait repris sa place
dans la campagne de frappes aériennes menée par les Etats-Unis contre
l'EI. Le royaume faisait déjà partie de la coalition qui combat depuis
plus de 18 mois le groupe jihadiste en Syrie et en Irak, mais il avait
considérablement réduit son engagement en mars 2015 en raison de son
intervention au Yémen voisin.
-"Ca ne marchera pas"-
M. Jubeir a par ailleurs ridiculisé les déclarations de Bashar
qui avait affirmé la semaine dernière, dans un entretien à l'AFP, son
objectif de reprendre militairement toute la Syrie.
"Bashar al-Assad a dit beaucoup de choses depuis le début de la crise.
Beaucoup de ses propos se sont avérés irréalistes. En fait, c'est une
personne qui a causé la mort de plus de 300.000 innocents, fait 12
millions de déplacés et détruit son pays (...) C'est clair que Bashar
al-Assad n'a pas d'avenir en Syrie", selon lui.
Comme on lui demandait si l'engagement des Etats-Unis envers ses alliés
et l'opposition syrienne était au niveau de celui de la Russie vis-à-vis
de M. Assad, le ministre saoudien a pris bien soin d'éviter de
critiquer l'administration américaine.
Washington est "très sérieux dans son soutien à l'opposition syrienne et
dans le combat contre Daech", a-t-il dit. Mais "je pense que chaque
pays peut faire davantage".
Pour M. Jubeir, "il devient de plus en plus clair que l'implication
russe en Syrie vise à renforcer Bachar al-Assad mais ça ne marchera
pas".
Il a également critiqué les "interférences" de l'Iran, autre allié de
Damas avec lequel Ryad a rompu ses relations diplomatiques le mois
dernier. "Si l'Iran veut avoir de bonnes relations avec l'Arabie Saoudite, il doit changer d'attitude et de politique. De simples mots ne
feront pas l'affaire".
- "Pas abandonné" par Washington -
M. Jubeir a affirmé que le royaume saoudien ne se sentait "absolument
pas" abandonné par son "allié historique", les Etats-Unis, depuis
l'accord de juillet 2015 sur le nucléaire iranien, qui a été l'occasion
d'un début de rapprochement entre l'administration Obama et la
République islamique.
"Pendant plus de sept décennies, l'Amérique a été notre plus gros
partenaire commercial, le plus gros investisseur dans le royaume et la
principale source pour nos équipements de défense", a rappelé le
ministre saoudien, sans "douter" de l'engagement de Washington "pour la
sécurité du royaume".
"Je ne vois pas une quelconque réduction de cette relation. Plus le temps passe, plus je vois un renforcement", a-t-il précisé.
Interrogé sur la crise pétrolière, M. Jubeir a affirmé que "l'Arabie Saoudite n'est pas prête à réduire sa production" pour soutenir les
prix, plombés par un excès d'offre.
Les prix du brut, qui ont perdu 70% de leur valeur depuis la mi-2014,
"seront déterminés par l'offre et la demande, et par les forces sur le
marché", selon lui. Et le royaume --qui, avec la Russie, sont les
premiers producteurs de brut au monde-- "va défendre sa part de marché".
M. Jubeir a enfin nié que son pays soit "enlisé" au Yémen où il
intervient militairement depuis mars 2015 à la tête d'une coalition
arabo-sunnite pour chasser des rebelles chiites pro-iraniens qui
contrôlent notamment la capitale Sanaa.
"C'est juste une question de temps avant que la coalition au Yémen
réussisse à rétablir le gouvernement légitime du Yémen pour qu'il
contrôle tout le territoire national", a-t-il conclu.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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