L'armée turque a frappé ce samedi des cibles du Parti kurde de l'union
démocratique (PYD) et du régime syrien dans deux incidents séparés, en
réponse à des tirs, a rapporté l'agence officielle Anatolie.
Conformément aux règles d'engagement, les forces armées turques ont
frappé des cibles du PYD près de la ville d'Azaz, dans la province
d'Alep, selon une source militaire citée par Anatolie. L'armée turque a
également riposté à des tirs de forces du régime syrien sur un poste
militaire dans la région de Hatay au sud de la Turquie, selon la même
source.
À Munich, où il participe à la conférence sur la sécurité, le secrétaire
d'État américain John Kerry a averti que le dossier syrien se trouvait à
un « moment charnière » entre guerre et paix, quelques jours après que
Washington et Moscou sont tombés d'accord sur une prochaine « cessation
des hostilités ». L'artillerie turque a bombardé des secteurs du nord de
la province d'Alep que les Unités de protection du peuple kurde (YPG)
ont récemment repris à des rebelles islamistes, a précisé l'Observatoire
syrien des droits de l'homme (OSDH). Une source au sein des YPG a
indiqué que les bombardements avaient notamment visé l'aéroport
militaire de Minnigh, repris le 10 février par les forces kurdes. Situé à
une dizaine de kilomètres de la frontière turque, l'aérodrome de
Minnigh se trouve entre deux routes importantes qui mènent de la ville
d'Alep, deuxième ville du pays, à Azaz, plus au nord. Et le fait de le
contrôler donne aux forces kurdes une base de départ pour de nouvelles
offensives contre le groupe djihadiste État islamique (EI) plus loin en
direction de l'est. C'est à quelques kilomètres plus au sud de cette
zone que le régime syrien, fort du soutien de l'aviation russe, mène une
offensive d'envergure contre les rebelles. Cette offensive, lancée le
1er février, a provoqué l'exode de dizaines de milliers de personnes qui
restent notamment bloquées au nord d'Azaz, tout près de la frontière
turque, espérant que les autorités turques les laissent entrer.
Opération terrestre ?
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait menacé plus tôt samedi de
lancer une opération militaire contre le Parti de l'union démocratique
(PYD), la branche politique des YPG. La Turquie considère le PYD et les
YPG comme des branches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
considéré comme une organisation terroriste. Le président turc Recep
Tayyip Erdogan a dénoncé mercredi le soutien militaire des États-Unis à
ses ennemis kurdes de Syrie. Les Turcs redoutent qu'un soutien étranger
permette aux Kurdes syriens, qui occupent déjà une grande partie du nord
de la Syrie, d'étendre encore leur influence et de contrôler ainsi la
quasi-totalité de la zone frontalière avec la Turquie. Le ministre turc
des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a par ailleurs indiqué samedi
que la Turquie et l'Arabie Saoudite pourraient mener une opération
terrestre contre l'EI en Syrie.
Selon lui, l'Arabie Saoudite, devenue ces derniers mois l'un des plus
proches alliés de la Turquie, va déployer des avions de chasse sur la
base militaire stratégique d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, où se
trouvent déjà des avions de la coalition anti-djihadistes conduite par
les Américains. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel
al-Jubeir, avait annoncé cette semaine que le royaume était prêt à
dépêcher des troupes au sol en Syrie dans le cadre de la coalition
anti-djihadistes. Une intervention de la Turquie et de l'Arabie Saoudite
en Syrie, deux pays qui soutiennent les rebelles, est évidemment vu
d'un mauvais oeil par le dictateur syrien Bashar el-Assad, qui a accusé
cette semaine ces deux pays de soutenir le « terrorisme ». Le régime
qualifie de « terroriste » tout groupe armé qui le combat.
« Guerre froide »
L'Arabie Saoudite et la Turquie estiment que le départ de Bashar
el-Assad est indispensable pour une solution en Syrie, où la guerre a
fait plus de 260 000 morts en près de cinq ans et jeté sur les routes
plus de la moitié de la population. Le Premier ministre russe Dmitri
Medvedev a mis en garde samedi contre toute intervention au sol des pays
de la coalition lors d'un discours à la conférence de Munich, au cours
duquel il a affirmé que le monde était entré dans une « nouvelle guerre
froide ». La Russie a annoncé pour sa part l'envoi en Méditerranée d'une
corvette lance-missiles qui se dirigerait vers la Syrie, selon des
informations de presse. Les États-Unis accusent, eux, la Russie d'avoir «
exacerbé » le conflit par son appui militaire aux forces
gouvernementales, notamment dans l'offensive contre les rebelles dans la
région d'Alep. John Kerry a appelé samedi Moscou à « changer de cibles »
militaires sur le terrain, alors que les Occidentaux reprochent aux
Russes de frapper surtout l'opposition modérée, et non les djihadistes
les plus durs.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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