Accueillant des centaines de milliers de réfugiés syriens, la Jordanie
compte sur la conférence des donateurs jeudi à Londres pour alléger un
fardeau financier qui menace son économie croulant sous la dette.
Cette conférence est "une occasion en or" pour permettre à la communauté
internationale de "rectifier le tir" et d'accroître "l'aide et le
soutien" aux pays les plus touchés par la guerre syrienne, a déclaré le
roi Abdallah II, qui sera présent à Londres.
"Pour la première fois (...) nous ne pouvons continuer ainsi" et "tôt ou
tard, je pense que le barrage va céder", a par ailleurs prévenu le roi
dans un entretien diffusé par la BBC à la suite de la visite lundi du
ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond à Amman.
Sur les 4,6 millions de Syriens réfugiés à l'étranger, quelques 630.000
sont enregistrés auprès du Haut Commissariat des Réfugiés (HCR) en
Jordanie, mais les autorités évaluent leur nombre à plus d'un million.
Cette présence pèse lourdement sur le petit royaume peuplé au total de
9,5 millions de personnes (avec les immigrés et les réfugiés), en bonne
partie désertique, dépourvu de ressources naturelles et dépendant de
l'aide internationale.
Amman évalue le coût des réfugiés à 2,7 milliards de dollars pour la seule année 2016.
"Nous demandons à la communauté internationale de nous aider avec cette
somme afin que nous puissions continuer à remplir nos devoirs vis à-vis
des réfugiés", a lancé ce week-end le Premier ministre Abdallah Nsour en
visitant le camp de réfugiés d'al-Azraq.
"Sans un appui sur le long terme, la Jordanie ne pourra plus continuer à
fournir de l'aide aux réfugiés", a averti pour sa part le ministre du
Plan Imad al-Fakhouri lors d'une réunion avec des représentants des pays
donateurs. Sinon le royaume sera "contraint de prendre des mesures
douloureuses qui conduiraient à plus d'afflux de réfugiés vers
l'Europe", a-t-il prévenu.
'Grave crise économique'
La crise syrienne a coûté 6,6 milliards de dollars au pays depuis 2011, selon les autorités.
Celle-ci est la première responsable de la "grave crise économique" que
traverse la Jordanie, souligne Mohamed Abou Romman, du Centre des études
stratégiques à Amman. Pour lui, la communauté internationale ne prend
pas suffisamment en compte "l'ampleur de l'impact de l'afflux des
réfugiés sur les services de bases comme l'enseignement, l'énergie ou la
santé, outre ses effets indirects comme l'inflation". S'y ajoutent les
pressions sur le marché du travail.
Sur le plan des échanges, la fermeture des voies commerciales avec la
Syrie "a engendré un manque à gagner assez important", accentué par
l'impact de l'insécurité liée à la montée des groupes jihadistes,
souligne Férid Belhaj, directeur de la Banque mondiale pour le
Moyen-Orient.
La Banque Mondiale fait partie des organisations mobilisées pour aider
le royaume "à réduire sa vulnérabilité", notamment via des réformes de
ses services publics et des mécanismes de financement à faible coût.
Mais la Jordanie ploie déjà sous une dette extérieure supérieure à 34,8
milliards de dollars, soit 90% du PIB, "un niveau trop élevé" alors que
"le taux de croissance recule dangereusement", selon Mohamed Awad,
analyste économique. La croissance a baissé de 3,1% en 2014 à 2,4% en
2015.
Le Parlement a adopté en janvier un budget de près de 12 milliards de dollars pour 2016 avec un déficit de 1,27 milliard.
Dans de telles conditions, le royaume reste plus que jamais dépendant de
l'aide étrangère qui lui est fournie notamment par les Etats-Unis et
les pays du Golfe. Cette aide s'est élevée à plus de 2,5 milliards de
dollars en 2015.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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