samedi 10 octobre 2015

Syrie : Les Occidentaux cherchent à reprendre le contrôle des négociations

Depuis le début des frappes aériennes russes, qui se succèdent à un rythme effréné, et la démonstration de force navale de Moscou, à coups de missiles de croisière, la coalition internationale conduite par les États-Unis a perdu la main dans le conflit syrien. Les Russes « sont en train de créer une bulle au-dessus de la Syrie et de contester la suprématie aérienne qui était jusqu'ici celle des Occidentaux », estime Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris. Les avions de la coalition poursuivent leurs raids au-dessus de la Syrie, mais ils sont gênés par les Sukhoï russes au point d'avoir dû renoncer à certaines missions, de l'aveu même du Pentagone. À leur campagne aérienne, les Russes ont ajouté mercredi le tir de 26 missiles de croisière depuis des bâtiments stationnés en mer Caspienne, à 1 500 kilomètres du théâtre syrien.
« C'est un message politique et stratégique extrêmement lourd. (...) La Russie est en train de lever son niveau de dissuasion non nucléaire », avec une capacité de frappe sur de nombreux théâtres, souligne Thomas Gomart. Pris de court, Washington accuse Moscou de faire avant tout le jeu du président syrien Bashar el-Assad et prédit à l'armée russe de prochaines « pertes » humaines. Les Américains assistent surtout, impuissants, aux bombardements russes contre l'opposition syrienne « modérée », qu'ils tentaient vainement d'organiser. Comme en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014, les Occidentaux rechignent à répliquer militairement, seule réponse « capable de stopper immédiatement les opérations russes », estime Igor Sutyagin, expert militaire au Royal United Services Institute (Rusi) de Londres.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire