Barack Obama a surpris samedi en demandant au Congrès américain son
autorisation pour une action militaire contre le régime du président
syrien Bachar el-Assad, mais l’issue du débat est incertaine, de
nombreux parlementaires restant à convaincre, y compris au sein du parti
démocrate. Plus de 170 parlementaires républicains et démocrates
avaient réclamé avec insistance d’être consultés par le président avant
toute décision, mais leurs positions, sur le bien-fondé ou non des
frappes, étaient plus difficiles à cerner samedi, alors que les élus
étaient éparpillés dans tout le pays à la faveur des congés d’été.
Nul doute que de nombreux républicains rechigneront à endosser
politiquement Barack Obama, alors que d’autres dossiers brûlants vont
occuper la rentrée parlementaire (dette, budget, immigration). Certains
faucons comme les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham
ont d’ores et déjà averti qu’ils voteraient contre toute résolution trop
timorée, qui ne viserait pas à ébranler le pouvoir de Bachar el-Assad.
"Nous ne pouvons en notre âme et conscience soutenir des frappes
militaires isolées en Syrie qui ne feraient pas partie d’une stratégie
globale visant à changer la dynamique sur le champ de bataille, à
atteindre l’objectif du président de faire quitter le pouvoir à Assad et
à mettre fin à ce conflit", ont-ils déclaré dans un communiqué. Leur
credo tranche avec la position réservée, volontairement ambiguë,
affichée jusqu’ici par la plupart des responsables républicains, au
pouvoir à la Chambre des représentants. Leur aval, répétaient-ils déjà
depuis plusieurs jours, dépendra des arguments développés par Barack
Obama pour convaincre le pays que les frappes ne sont pas destinées à
soulager sa conscience.
"J’apprécie la décision du président", a réagi Howard McKeon, président
républicain de la commission de la Défense de la Chambre.
"L’autorisation pour l’usage de la force dépendra de la capacité du
président à fixer des objectifs militaires clairs", permettant notamment
de réduire les risques que chacune des parties utilise à nouveau ces
armes. "Une action militaire prise simplement pour envoyer un message ou
sauver la face" n’est pas dans l’intérêt national, a mis en garde Marco
Rubio, qui milite depuis des mois pour augmenter l’aide militaire aux
groupes rebelles.
Jamais tendre pour Barack Obama, le chef des républicains du Sénat,
Mitch McConnell, a estimé que "le rôle du président en tant que
commandant en chef était toujours renforcé quand il s’appuyait sur le
soutien exprimé du Congrès". Mais, prudent, il ne s’est pas avancé sur
ses intentions de vote. M. Obama dispose du soutien sans faille de
plusieurs démocrates importants, qui ont la majorité au Sénat.
"Le régime syrien et les autres comme lui doivent comprendre que les
lignes rouges sont indélébiles, nos ennemis ne doivent jamais douter de
la résolution des Etats-Unis", a déclaré le sénateur démocrate Robert
Menendez, président de la commission des Affaires étrangères. Il appelle
à un vote "aussi rapidement que possible". "Je soutiens la décision du
président. Mais en ce qui me concerne, nous devrions frapper la Syrie
aujourd’hui", a même affirmé Bill Nelson, un autre démocrate. D’autres
sont plus circonspects et se disent simplement "ouverts au débat", tel
le sénateur Richard Durbin.
Une résolution autorisant des frappes aériennes devra recevoir
l’approbation de chacune des deux chambres, qui sont égales. Le débat
débutera la semaine du 9 septembre à la Chambre, tandis que les
dirigeants du Sénat n’avaient pas encore annoncé s’ils décidaient
d’anticiper leur rentrée, prévue initialement le 9. Désormais, a
recommandé le sénateur républicain Bob Corker, il est impératif que
Barack Obama "dépense immédiatement toute son énergie pour convaincre
les Américains". Quant à l’issue du vote, "elle peut être problématique
dans les deux chambres", a-t-il reconnu.
(31-08-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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