lundi 2 septembre 2013

Syrie : Vote du Congrès américain sur la Syrie : une issue très incertaine (Assawra)

Barack Obama a surpris samedi en demandant au Congrès américain son autorisation pour une action militaire contre le régime du président syrien Bachar el-Assad, mais l’issue du débat est incertaine, de nombreux parlementaires restant à convaincre, y compris au sein du parti démocrate. Plus de 170 parlementaires républicains et démocrates avaient réclamé avec insistance d’être consultés par le président avant toute décision, mais leurs positions, sur le bien-fondé ou non des frappes, étaient plus difficiles à cerner samedi, alors que les élus étaient éparpillés dans tout le pays à la faveur des congés d’été.
Nul doute que de nombreux républicains rechigneront à endosser politiquement Barack Obama, alors que d’autres dossiers brûlants vont occuper la rentrée parlementaire (dette, budget, immigration). Certains faucons comme les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont d’ores et déjà averti qu’ils voteraient contre toute résolution trop timorée, qui ne viserait pas à ébranler le pouvoir de Bachar el-Assad.
"Nous ne pouvons en notre âme et conscience soutenir des frappes militaires isolées en Syrie qui ne feraient pas partie d’une stratégie globale visant à changer la dynamique sur le champ de bataille, à atteindre l’objectif du président de faire quitter le pouvoir à Assad et à mettre fin à ce conflit", ont-ils déclaré dans un communiqué. Leur credo tranche avec la position réservée, volontairement ambiguë, affichée jusqu’ici par la plupart des responsables républicains, au pouvoir à la Chambre des représentants. Leur aval, répétaient-ils déjà depuis plusieurs jours, dépendra des arguments développés par Barack Obama pour convaincre le pays que les frappes ne sont pas destinées à soulager sa conscience.
"J’apprécie la décision du président", a réagi Howard McKeon, président républicain de la commission de la Défense de la Chambre. "L’autorisation pour l’usage de la force dépendra de la capacité du président à fixer des objectifs militaires clairs", permettant notamment de réduire les risques que chacune des parties utilise à nouveau ces armes. "Une action militaire prise simplement pour envoyer un message ou sauver la face" n’est pas dans l’intérêt national, a mis en garde Marco Rubio, qui milite depuis des mois pour augmenter l’aide militaire aux groupes rebelles.
Jamais tendre pour Barack Obama, le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell, a estimé que "le rôle du président en tant que commandant en chef était toujours renforcé quand il s’appuyait sur le soutien exprimé du Congrès". Mais, prudent, il ne s’est pas avancé sur ses intentions de vote. M. Obama dispose du soutien sans faille de plusieurs démocrates importants, qui ont la majorité au Sénat.
"Le régime syrien et les autres comme lui doivent comprendre que les lignes rouges sont indélébiles, nos ennemis ne doivent jamais douter de la résolution des Etats-Unis", a déclaré le sénateur démocrate Robert Menendez, président de la commission des Affaires étrangères. Il appelle à un vote "aussi rapidement que possible". "Je soutiens la décision du président. Mais en ce qui me concerne, nous devrions frapper la Syrie aujourd’hui", a même affirmé Bill Nelson, un autre démocrate. D’autres sont plus circonspects et se disent simplement "ouverts au débat", tel le sénateur Richard Durbin.
Une résolution autorisant des frappes aériennes devra recevoir l’approbation de chacune des deux chambres, qui sont égales. Le débat débutera la semaine du 9 septembre à la Chambre, tandis que les dirigeants du Sénat n’avaient pas encore annoncé s’ils décidaient d’anticiper leur rentrée, prévue initialement le 9. Désormais, a recommandé le sénateur républicain Bob Corker, il est impératif que Barack Obama "dépense immédiatement toute son énergie pour convaincre les Américains". Quant à l’issue du vote, "elle peut être problématique dans les deux chambres", a-t-il reconnu.

(31-08-2013 - Assawra avec les agences de presse)

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