lundi 2 septembre 2013

Irak : manifestations contre les retraites dorées des députés

Plusieurs milliers d’Irakiens ont manifesté samedi à Bagdad et dans une dizaine d’autres villes du pays, certains bravant des interdictions de rassemblement, pour dénoncer les indemnités et retraites dorées accordées aux députés.
A Bagdad, où les manifestations avaient été interdites, quelques centaines de personnes sont descendues dans la rue malgré la présence massive de policiers et de soldats qui ont bouclé le centre ville. Un photographe de l’AFP a été brièvement interpellé et son appareil confisqué.
A Nassiriya (sud), où un couvre-feu a été décrété à la mi-journée, la police a utilisé un canon à eau et a tiré des coups de feu en l’air et du gaz lacrymogène sur des manifestants qui tentaient de se rassembler sans autorisation dans le centre ville, selon un correspondant de l’AFP sur place et des images de télévision.
La police a également bloqué l’accès à la ville à des manifestants venus des environs.
A Bassora (sud), où une manifestation a été autorisée, un millier de personnes se sont réunies aux cris de : "Non, non aux voleurs", tandis que certains agitaient des banderoles proclamant : "Nous vous avons choisi pour nous servir et non pour nous voler".
Les députés irakiens se sont octroyés des pensions pouvant atteindre 80% de leur salaire après seulement quatre ans au Parlement.
"Ce n’est pas raisonnable que quelqu’un qui n’a travaillé que quatre ans puisse avoir droit à 80% de son salaire", a déclaré un des organisateurs de la manifestation, Abass Kadhem.
"A ce rythme-là, au bout de trois législatures le budget du pays sera à sec", a-t-il plaisanté.
Le bureau du Premier ministre Nouri al-Maliki a déclaré dans un communiqué que ce dernier soutenait les demandes des manifestants.
"Le Premier ministre travaillera à faire aboutir ces demandes, au niveau du gouvernement, par l’intermédiaire de son bloc parlementaire, et avec l’appui de l’opinion publique", affirme le communiqué.
Ali al-Mussawi, porte-parole du Premier ministre, a rappelé que ce dernier avait introduit au Parlement un projet de loi pour réformer les pensions des députés, mais que ceux-ci avaient refusé de le voter.
"La situation sécuritaire n’autorise pas des manifestations dont certains groupes pourraient chercher à tirer profit", a-t-il par ailleurs déclaré à l’AFP pour expliquer certaines interdictions de rassemblement.
Les manifestations, qui se sont déroulées dans au moins 10 provinces du pays, interviennent à un moment où la population est particulièrement remontée contre le gouvernement et la classe politique en général, accusés d’incompétence dans leur gérance des services publics et de corruption.
Les autorités semblent de plus incapables de juguler une vague d’attentats qui a visé en particulier la minorité chiite du pays.
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty International, ont appelé le gouvernement irakien à autoriser ces manifestations.
A Bagdad, un pharmacien, Uaamer Qasim, qui participait à un rassemblement a estimé que les députés profitaient de largesses qui seraient mieux employées à améliorer les services publics.
"L’argent devrait aller à la santé, à l’éducation, au réseau électrique, à l’infrastructure", a-t-il déclaré.
Outre une retraite dorée, les députés touchent un salaire d’environ 7.600 euros, des indemnités de résidence, des indemnités pour leurs gardes-du-corps, ainsi qu’un passeport diplomatique à vie.

(31-08-2013)

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