Plusieurs milliers d’Irakiens ont manifesté samedi à Bagdad et dans
une dizaine d’autres villes du pays, certains bravant des interdictions
de rassemblement, pour dénoncer les indemnités et retraites dorées
accordées aux députés.
A Bagdad, où les manifestations avaient été interdites, quelques
centaines de personnes sont descendues dans la rue malgré la présence
massive de policiers et de soldats qui ont bouclé le centre ville. Un
photographe de l’AFP a été brièvement interpellé et son appareil
confisqué.
A Nassiriya (sud), où un couvre-feu a été décrété à la mi-journée, la
police a utilisé un canon à eau et a tiré des coups de feu en l’air et
du gaz lacrymogène sur des manifestants qui tentaient de se rassembler
sans autorisation dans le centre ville, selon un correspondant de l’AFP
sur place et des images de télévision.
La police a également bloqué l’accès à la ville à des manifestants venus des environs.
A Bassora (sud), où une manifestation a été autorisée, un millier de
personnes se sont réunies aux cris de : "Non, non aux voleurs", tandis
que certains agitaient des banderoles proclamant : "Nous vous avons
choisi pour nous servir et non pour nous voler".
Les députés irakiens se sont octroyés des pensions pouvant atteindre 80%
de leur salaire après seulement quatre ans au Parlement.
"Ce n’est pas raisonnable que quelqu’un qui n’a travaillé que quatre ans
puisse avoir droit à 80% de son salaire", a déclaré un des
organisateurs de la manifestation, Abass Kadhem.
"A ce rythme-là, au bout de trois législatures le budget du pays sera à sec", a-t-il plaisanté.
Le bureau du Premier ministre Nouri al-Maliki a déclaré dans un
communiqué que ce dernier soutenait les demandes des manifestants.
"Le Premier ministre travaillera à faire aboutir ces demandes, au niveau
du gouvernement, par l’intermédiaire de son bloc parlementaire, et avec
l’appui de l’opinion publique", affirme le communiqué.
Ali al-Mussawi, porte-parole du Premier ministre, a rappelé que ce
dernier avait introduit au Parlement un projet de loi pour réformer les
pensions des députés, mais que ceux-ci avaient refusé de le voter.
"La situation sécuritaire n’autorise pas des manifestations dont
certains groupes pourraient chercher à tirer profit", a-t-il par
ailleurs déclaré à l’AFP pour expliquer certaines interdictions de
rassemblement.
Les manifestations, qui se sont déroulées dans au moins 10 provinces du
pays, interviennent à un moment où la population est particulièrement
remontée contre le gouvernement et la classe politique en général,
accusés d’incompétence dans leur gérance des services publics et de
corruption.
Les autorités semblent de plus incapables de juguler une vague d’attentats qui a visé en particulier la minorité chiite du pays.
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, dont Amnesty
International, ont appelé le gouvernement irakien à autoriser ces
manifestations.
A Bagdad, un pharmacien, Uaamer Qasim, qui participait à un
rassemblement a estimé que les députés profitaient de largesses qui
seraient mieux employées à améliorer les services publics.
"L’argent devrait aller à la santé, à l’éducation, au réseau électrique, à l’infrastructure", a-t-il déclaré.
Outre une retraite dorée, les députés touchent un salaire d’environ
7.600 euros, des indemnités de résidence, des indemnités pour leurs
gardes-du-corps, ainsi qu’un passeport diplomatique à vie.
(31-08-2013)
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