mercredi 3 février 2016

Syrie : Avancée de l'armée, les discussions de paix au point mort

Ce mercredi, la Syrie, épaulée par son allié russe, a effectué une importante avancée militaire et stratégique face aux rebelles dans la région d'Alep, tandis qu'à des milliers de kilomètres de là, à Genève, des discussions de paix entre les deux camps ne démarraient toujours pas. Ce mercredi, l'armée syrienne a coupé la route d'approvisionnement des rebelles à Alep, après avoir progressé en direction de cette métropole du nord du pays, a indiqué une source militaire, ce qui constitue la plus importante avancée des troupes du régime dans cette province depuis 2012. La ville même d'Alep, ancienne capitale économique du pays, est divisée entre quartiers ouest contrôlés par le régime et quartiers est sous contrôle rebelle.
Mercredi, les troupes militaires ont brisé le siège imposé depuis plus de trois ans par les rebelles islamistes aux localités de Nebbol et Zahra, sur leur chemin en direction de la ville d'Alep, a affirmé la source militaire présente sur le front. Elles ont ensuite coupé la route d'approvisionnement des rebelles d'Alep vers la Turquie, la principale liaison qui leur permettait de recevoir aides et renforts, selon la même source. Dans sa progression à Alep, l'armée a reçu un soutien important de l'aviation russe, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui a recensé plus de 320 frappes russes dans le secteur depuis le début de la semaine. Moscou, fidèle allié de Damas, intervient militairement depuis fin septembre en Syrie, officiellement contre des cibles « terroristes ». Ses bombardements, dans lesquels près de 1 400 civils ont été tués selon l'OSDH, ont permis de « renverser la situation » au profit du régime, a reconnu récemment le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov. Ce dernier a d'ailleurs martelé mercredi que Moscou n'avait aucune intention d'arrêter ses bombardements. « Les frappes aériennes russes ne s'arrêteront pas tant que nous n'aurons pas réellement vaincu les organisations État islamique et Front Al-Nosra », la branche syrienne d'Al-Qaïda en Syrie, a déclaré M. Lavrov, en visite à Mascate, cité par l'agence INTERFAX.



Processus de Genève au point mort
L'arrêt des bombardements de l'armée syrienne et de la Russie constitue une des principales exigences de l'opposition syrienne pour entrer dans le processus de négociations indirectes que l'ONU tente vainement de faire décoller à Genève depuis six jours. Des délégations de la Syrie et de l'opposition sont présentes dans la ville suisse, mais aucun dialogue n'a pu s'engager entre les ennemis syriens, si ce n'est par médias interposés. Un haut responsable de l'opposition syrienne, Riad Hijab, est arrivé mercredi à Genève pour, espèrent les parrains internationaux de l'opposition, débloquer la situation. Coordinateur du Haut Comité des négociations (HCN), Riad Hijab, ancien Premier ministre de Bashar al-Assad qui a fait défection en août 2012, va tenter d'unifier les positions au sein de l'opposition. Celle-ci comprend à la fois des politiques et des responsables de groupes armés. Il a rejoint dès son arrivée à Genève ses troupes dans un hôtel de la ville, où s'est aussi rendu l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, grand ordonnateur des pourparlers. La réunion, qui se tenait loin du regard des journalistes cantonnés à l'extérieur, durait depuis plusieurs heures. Mais, un peu plus tôt dans la journée, le négociateur en chef du HCN, le chef rebelle salafiste Mohammed Allouche, s'était dit pessimiste sur l'avenir du processus.
Outre l'arrêt des bombardements, l'opposition exige la libération de détenus et la levée des sièges d'une quinzaine de villes en Syrie, où, selon l'ONU, près de 500 000 personnes vivent en état de siège. Un convoi d'aide médicale et alimentaire de dix camions a pu pénétrer mercredi dans la ville de Muwadamiyat al-Cham, près de Damas, assiégée par les forces du régime syrien, a annoncé un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L'aide a été livrée de manière irrégulière ces dernières semaines à Madaya, une autre ville assiégée par le régime, ainsi qu'à Foua et Kafraya, encerclées par les rebelles. Les ONG humanitaires affirment cependant que l'accès reste insuffisant et, selon Médecins sans frontières, au moins 16 personnes sont mortes de faim à Madaya depuis la mi-janvier. Des dirigeants du monde entier doivent se réunir jeudi à Londres pour tenter de lever neuf milliards de dollars en faveur des 18 millions de Syriens victimes de la guerre, avec l'ambition d'endiguer la crise des réfugiés qui, du Moyen-Orient à l'Europe, pèse sur les pays d'accueil. La guerre en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 260 000 morts et des millions de réfugiés.


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