Ce mercredi, la Syrie, épaulée par son allié russe, a effectué une
importante avancée militaire et stratégique face aux rebelles dans la
région d'Alep, tandis qu'à des milliers de kilomètres de là, à Genève,
des discussions de paix entre les deux camps ne démarraient toujours
pas. Ce mercredi, l'armée syrienne a coupé la route d'approvisionnement
des rebelles à Alep, après avoir progressé en direction de cette
métropole du nord du pays, a indiqué une source militaire, ce qui
constitue la plus importante avancée des troupes du régime dans cette
province depuis 2012. La ville même d'Alep, ancienne capitale économique
du pays, est divisée entre quartiers ouest contrôlés par le régime et
quartiers est sous contrôle rebelle.
Mercredi, les troupes militaires ont brisé le siège imposé depuis plus
de trois ans par les rebelles islamistes aux localités de Nebbol et
Zahra, sur leur chemin en direction de la ville d'Alep, a affirmé la
source militaire présente sur le front. Elles ont ensuite coupé la route
d'approvisionnement des rebelles d'Alep vers la Turquie, la principale
liaison qui leur permettait de recevoir aides et renforts, selon la même
source. Dans sa progression à Alep, l'armée a reçu un soutien important
de l'aviation russe, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme
(OSDH), qui a recensé plus de 320 frappes russes dans le secteur depuis
le début de la semaine. Moscou, fidèle allié de Damas, intervient
militairement depuis fin septembre en Syrie, officiellement contre des
cibles « terroristes ». Ses bombardements, dans lesquels près de 1 400
civils ont été tués selon l'OSDH, ont permis de « renverser la situation
» au profit du régime, a reconnu récemment le chef de la diplomatie
russe Serguei Lavrov. Ce dernier a d'ailleurs martelé mercredi que
Moscou n'avait aucune intention d'arrêter ses bombardements. « Les
frappes aériennes russes ne s'arrêteront pas tant que nous n'aurons pas
réellement vaincu les organisations État islamique et Front Al-Nosra »,
la branche syrienne d'Al-Qaïda en Syrie, a déclaré M. Lavrov, en visite à
Mascate, cité par l'agence INTERFAX.
Processus de Genève au point mort
L'arrêt des bombardements de l'armée syrienne et de la Russie constitue
une des principales exigences de l'opposition syrienne pour entrer dans
le processus de négociations indirectes que l'ONU tente vainement de
faire décoller à Genève depuis six jours. Des délégations de la Syrie et
de l'opposition sont présentes dans la ville suisse, mais aucun
dialogue n'a pu s'engager entre les ennemis syriens, si ce n'est par
médias interposés. Un haut responsable de l'opposition syrienne, Riad
Hijab, est arrivé mercredi à Genève pour, espèrent les parrains
internationaux de l'opposition, débloquer la situation. Coordinateur du
Haut Comité des négociations (HCN), Riad Hijab, ancien Premier ministre
de Bashar al-Assad qui a fait défection en août 2012, va tenter
d'unifier les positions au sein de l'opposition. Celle-ci comprend à la
fois des politiques et des responsables de groupes armés. Il a rejoint
dès son arrivée à Genève ses troupes dans un hôtel de la ville, où s'est
aussi rendu l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura,
grand ordonnateur des pourparlers. La réunion, qui se tenait loin du
regard des journalistes cantonnés à l'extérieur, durait depuis plusieurs
heures. Mais, un peu plus tôt dans la journée, le négociateur en chef
du HCN, le chef rebelle salafiste Mohammed Allouche, s'était dit
pessimiste sur l'avenir du processus.
Outre l'arrêt des bombardements, l'opposition exige la libération de
détenus et la levée des sièges d'une quinzaine de villes en Syrie, où,
selon l'ONU, près de 500 000 personnes vivent en état de siège. Un
convoi d'aide médicale et alimentaire de dix camions a pu pénétrer
mercredi dans la ville de Muwadamiyat al-Cham, près de Damas, assiégée
par les forces du régime syrien, a annoncé un responsable du Comité
international de la Croix-Rouge (CICR). L'aide a été livrée de manière
irrégulière ces dernières semaines à Madaya, une autre ville assiégée
par le régime, ainsi qu'à Foua et Kafraya, encerclées par les rebelles.
Les ONG humanitaires affirment cependant que l'accès reste insuffisant
et, selon Médecins sans frontières, au moins 16 personnes sont mortes de
faim à Madaya depuis la mi-janvier. Des dirigeants du monde entier
doivent se réunir jeudi à Londres pour tenter de lever neuf milliards de
dollars en faveur des 18 millions de Syriens victimes de la guerre,
avec l'ambition d'endiguer la crise des réfugiés qui, du Moyen-Orient à
l'Europe, pèse sur les pays d'accueil. La guerre en Syrie a fait depuis
mars 2011 plus de 260 000 morts et des millions de réfugiés.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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