mardi 10 novembre 2015

Israël : Une exfiltration de juifs Syriens se termine en querelle. La famille ne voulait pas partir.

Deux des derniers juifs de Syrie ont été exfiltrés lors d'une audacieuse opération commanditée par un entrepreneur israélo-américain mais une troisième femme membre de la famille a dû rentrer dans le pays en guerre après le rejet de sa demande de visa par Israël.
Ce sauvetage a été mené au cours de l'année mais n'a été révélé que récemment par un article de la revue Jewish Chronicle basée à Londres, après une querelle entre l'entrepreneur juif qui l'a organisé, Moti Kahana, et l'Agence juive responsable de l'immigration en Israël.
Moti Kahana a recouru à des hommes de main syriens qui se sont rendus dans la ville d'Alep (nord-ouest), sur la ligne de front, pour emmener trois juives syriennes - une femme d'environ 70 ans et ses deux filles d'une cinquantaine d'années - ainsi que le mari et les trois enfants de l'une de ces dernières, soit sept personnes au total, a rapporté Kahana joint au téléphone par l'AFP au New Jersey (États-Unis).
La famille ne voulait pas partir. Elle n'avait pas été informée au préalable et ignorait de quoi il retournait; il a fallu leur faire peur pour les convaincre de monter dans le minibus, a-t-il raconté.
Kahana, qui revendique d'autres opérations d'extraction de juifs en Iran ou au Yémen, a dit agir à la demande du fils de l'une des femmes, qui vit à New York.
"Nous sommes entrés en action parce que la situation évoluait sur le terrain. Elles n'avaient plus d'eau, plus d'électricité. Elles se retrouvaient en première ligne", a-t-il dit, avec l'inquiétude que des juives fassent des cibles de choix pour des jihadistes si la ligne de front se rapprochait encore.
Kahana se montre discret sur les détails de l'opération mais, relate-t-il, le groupe est parvenu à franchir un checkpoint gardé par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, puis à passer en Turquie.
Une fois le groupe arrivé dans ce pays, Kahana dit avoir compris qu'obtenir des visas pour les États-Unis serait trop compliqué. Il s'est alors tourné vers Israël mais seules deux des trois femmes ont obtenu des visas israéliens.
La troisième, convertie à l'islam après avoir épousé un musulman, a dû rentrer en Syrie avec son mari et ses trois enfants après le rejet de sa demande.
Kahana a critiqué l'Agence juive, assurant que cette femme ne s'était pas pleinement convertie à l'Islam.

Plus qu'une vingtaine de juifs en Syrie...
Yigal Palmor, un porte-parole de l'Agence juive, n'a pas contesté le récit fait par Kahana. Il a confirmé que l'une des femmes avait été déclarée inéligible pour un visa expliquant que l'Agence n'a fait qu'appliquer les lois israéliennes.
Au regard de celles-ci, tous les juifs à travers le monde peuvent demander la citoyenneté mais ceux qui se sont convertis à une autre religion ne sont pas immédiatement éligibles.
Pour Palmor, Kahana est un "franc-tireur" dont il a pourfendu l'"exhibitionnisme superflu" qui ne fait, selon lui, que nuire aux juifs concernés.
L'Agence juive, elle, "continuera à porter secours aux juifs en danger à travers le monde et nous continuerons à le faire en toute discrétion, comme l'exigent de telles situations", a-t-il ajouté.
"Je réfléchis en dehors des idées convenues", s'est défendu Kahana, "si je vois que quelqu'un est en danger et que la bureaucratie fait obstacle, j'agis".
Alep était autrefois la capitale économique de la Syrie, une ville cosmopolite abritant une diversité de communautés. Le quartier de Jamalye hébergeait l'une des plus vieilles communautés juives au monde.
Alep a été ravagée par le conflit à partir de mi-2012. Elle est aujourd'hui coupée en deux secteurs, l'un contrôlé par le régime à l'ouest et l'autre par les rebelles à l'est.
A la création d'Israël en 1948, la Syrie aurait compté environ 30 000 juifs mais nombre d'entre eux sont partis depuis.
Un rapport du département américain sur la liberté de religion en Syrie en 2014 chiffrait le nombre de juifs encore dans le pays à moins de 20.


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